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Infirmiers, aides-familiales … L’aide et les soins à domicile, un secteur qui recrute à Bruxelles

21/10/25
Infirmiers, aides-familiales ... L'aide et les soins à domicile, un secteur qui recrute à Bruxelles

À Bruxelles, les équipes de l’Aide et Soins à domicile (ASD) accompagnent chaque jour des centaines de personnes dans leur autonomie et leur bien-être. Infirmiers, aides-familiales, coordinateurs, responsables psycho-médicosociaux… les profils sont variés, les besoins réels et les recrutements nombreux. Rencontre avec Gaël Schadeck, directeur général de l’ASD Bruxelles, pour comprendre les enjeux, les défis et les perspectives d’un secteur essentiel.

Le secteur de l’aide et des soins à domicile s’impose aujourd’hui comme l’un des piliers du paysage social et de santé. Face au vieillissement de la population, à la hausse des maladies chroniques et à la volonté croissante des personnes de rester chez elles le plus longtemps possible, la demande ne cesse de croître. Ce champ professionnel, aux multiples débouchés, mobilise des compétences variées — du soin infirmier à l’accompagnement social, en passant par la coordination et le soutien logistique. À la croisée du soin et du lien, il offre une réponse essentielle aux besoins d’autonomie et de proximité.

Pour faire le point sur les réalités de terrain et les défis du secteur, nous avons rencontré un acteur clé à Bruxelles : l’Aide et Soins à domicile (ASD) avec, à sa tête depuis près de dix ans, Gaël Schadeck. Présente sur l’ensemble du territoire bruxellois, l’ASD réunit près de 300 professionnel·les qui accompagnent chaque jour les habitants dans leur autonomie. Ses services couvrent l’aide à la vie journalière, les soins infirmiers à domicile et la coordination des aides et soins. Sa mission : co-construire le bien-être à domicile en offrant une alternative à l’hôpital ou à la maison de repos.

Le Guide Social : Concrètement, quelle est la place de l’ASD Bruxelles dans l’écosystème bruxellois des soins de santé et du social ?

Gaël Schadeck, directeur-général de l’Aide et Soins à domicile (ASD) de Bruxelles : L’ASD Bruxelles est une des entreprises les plus importantes et complètes des aides et soins à domicile à Bruxelles et ce, depuis près d’un siècle. D’ailleurs, nous assurons les mandats de la Présidence pour la Fédération des Services Bruxellois d’aide à domicile (FSB), la vice-Présidence pour la Fédération Bruxelloise des Services de Coordination (FBSC) et auprès du Conseil consultatif bruxellois francophone de l’aide aux personnes et de la santé de la Cocof.

Lire aussi : Charlyne, infirmière à domicile : "Sans passion, difficile de tenir sur la longueur !"

« Le Covid a rappelé à quel point les métiers de l’aide et des soins à domicile sont essentiels ! »

Le Guide Social : Entre vieillissement, isolement ou maladies chroniques, quels besoins apparaissent aujourd’hui comme les plus pressants à Bruxelles ?

Gaël Schadeck : À Bruxelles, les besoins sont énormes, et ils touchent des réalités très diverses. Nous y faisons face quotidiennement malgré les financements non adaptés et plafonnés. Citons, par exemple, les retours à domicile précoces après les hospitalisations, les problèmes de santé mentale invisibles et invisibilisés, le manque de place dans les établissements spécialisés, l’augmentation de la précarité et du vieillissement de la population ou encore, le mode de financement de l’hospitalisation à domicile qui ne permet pas encore une prise en charge globale et qualitative.

Le Guide Social : Quelles sont les évolutions de votre secteur depuis le Covid ?

Gaël Schadeck : Grâce à cette crise sanitaire, le secteur de l’aide et du soin à domicile a pu bénéficier d’une forme de visibilité suite à l’octroi du statut de métier dit essentiel. Depuis, nous comptons trois évolutions. Tout d’abord, depuis 2022, une augmentation du financement de plus de 10% des heures prestées de la part de la Cocof. Ensuite, une modification de la réforme du décret ambulatoire de la coordination des aides et soins à domicile et de l’encadrement social, datant de juillet 2023. Notons aussi un subside exceptionnel pour la digitalisation des services, survenu en 2024 et un refinancement en 2023 de l’encadrement social qui nous a permis de diminuer la taille des équipes et de dégager du temps pour le travail social.

Par contre, si ces évolutions sont importantes, elles restent malheureusement insuffisantes pour répondre à l’ensemble des besoins de la population bruxelloise.

Prendre soin des autres, c’est aussi prendre soin de ses équipes

Le Guide Social : Travailler à domicile est souvent perçu comme plus exigeant qu’en structure, entre autonomie, déplacements et isolement. Qu’est-ce qui, selon vous, en fait malgré tout la richesse du métier ?

Gaël Schadeck : Les métiers du domicile offrent une grande richesse. Ils exigent d’adapter ses techniques à chaque environnement, permettent de rencontrer les personnes dans leur intimité et leur lieu de vie, et favorisent un travail à la fois coordonné et autonome. Nous veillons aussi à organiser les tournées en tenant compte du domicile de nos équipes, afin de limiter les trajets et d’optimiser leur temps de travail.

Le Guide Social : Améliorer la qualité de vie au travail, c’est un enjeu central dans votre secteur.

Gaël Schadeck : Le bien-être de nos équipes est une condition essentielle pour garantir celui des usager·ères. À l’ASD Bruxelles, plusieurs initiatives y contribuent : un pack de bienvenue élaboré avec le CPPT, des assemblées générales du personnel, une fête bisannuelle, mais aussi des moments plus informels comme des teambuildings ou des afterworks.

En 2021, nous mettions en place un projet Qualité sur base d’enquêtes de satisfaction de notre personnel. Suite aux résultats, plusieurs groupes de travail avec le personnel de terrain et du siège ont vu le jour pour aboutir à un plan d’actions en vue d’améliorer la qualité de vie au travail de nos équipes.

En 2023, une analyse des risques psycho-sociaux a été menée par le CESI et les résultats sont significatifs : plus de 70% de participation et plus de 80% de satisfaction générale. Aujourd’hui, nous continuons à garder le cap et à mettre et maintenir en place des actions au service du bien-être de nos travailleur·euses.

Messages aux politiques : besoin urgent de reconnaissance et de financement !

Le Guide Social : Le manque de reconnaissance du secteur reste criant. Quelles avancées espérez-vous concrètement au niveau politique ?

Gaël Schadeck : Le secteur de l’aide à domicile souffre d’un manque de reconnaissance indéniable. Son financement en est l’exemple parfait. Même topo pour le secteur des soins infirmiers à domicile.

Au-delà d’un meilleur financement, plusieurs avancées politiques sont nécessaires pour soutenir durablement nos secteurs.

D’abord, il faut affirmer un véritable choix politique en faveur du maintien à domicile, en reconnaissant sa valeur sociale et économique. Il est tout aussi essentiel de sensibiliser tous les acteurs concernés — médecins, psychologues, enseignant·es, institutions de formation, maternités, centres sportifs — à l’importance des aides et soins à domicile, que ce soit dans les cursus ou la formation continue.

Nous plaidons aussi pour la mise en place d’une évaluation psycho-médicosociale avant toute entrée en maison de repos : cela permettrait de vérifier si une prise en charge à domicile ne serait pas plus adaptée, et souvent moins coûteuse pour la collectivité.

Enfin, il est indispensable de maintenir et renforcer les dispositifs d’aide à l’emploi, comme les statuts ACS ou Maribel, qui jouent un rôle clé dans la stabilité et la qualité de nos services.

Le Guide Social : Et plus spécifiquement, quelles avancées attendez-vous pour l’aide à la vie journalière, pour les soins infirmiers à domicile et pour la coordination des aides et soins ?

Gaël Schadeck : Pour l’aide à la vie journalière, plusieurs points doivent absolument évoluer. D’abord, il est essentiel de financer les besoins réels de la population à travers les services d’aide à la vie journalière, plutôt que de soutenir des dispositifs davantage orientés vers le confort, comme les titres-services. Il faut aussi réviser le mode de financement actuel, afin qu’il repose sur le nombre d’équivalents temps plein nécessaires et non sur le volume d’heures prestées. Une harmonisation des financements entre la Cocof et la Cocom s’impose également pour plus d’équité entre les services. Enfin, il est temps de reconnaître et de financer pleinement le métier de garde à domicile, indispensable à la continuité des soins.

En ce qui concerne la coordination des aides et soins, il s’agit de renforcer la profession en poursuivant l’augmentation des ressources et des moyens, en phase avec les besoins croissants de la population.

Enfin, pour les soins infirmiers à domicile, une réforme de la nomenclature INAMI est nécessaire : le financement doit se faire à l’heure et non à l’acte, comme le prévoit le projet de l’article 56 actuellement à l’étude.

Infirmier·ères, aides-familiales : des profils activement recherchés !

Le Guide Social : Votre structure doit faire face à une pénurie de personnel. Une pénurie qui touche surtout certains métiers du secteur.

Gaël Schadeck : Effectivement. Actuellement, nous faisons face à deux métiers en pénurie : infirmier·ères et aide-familial·es. Nous recrutons activement ces profils avec des conditions salariales attrayantes.

Le Guide Social : Concrètement, quelles stratégies mettez-vous en place pour attirer et fidéliser vos équipes ?

Gaël Schadeck : Nous avons plusieurs projets 2025-2027 portant entre autres sur :

  • le tutorat en entreprise afin d’intégrer et former notre nouveau personnel et les stagiaires
  • l’accompagnement des travailleur·euses en cas d’absentéisme pour nous assurer des réintégrations optimales et respectueuses de chacun et chacune
  • le recrutement afin d’optimiser nos processus internes mais également d’évaluer notre marque employeur en analysant, par exemple, nos conditions salariales (qui se sont avérées très concurrentielles)
  • la visibilité de nos services auprès des centres de formations, des centres de recrutement et de nos partenaires existants et potentiels

Le Guide Social : Quelles sont les compétences ou qualités humaines indispensables pour exercer à domicile ?

Gaël Schadeck : Je pense avant tout à des qualités humaines comme l’altruisme, l’empathie, la patience, l’écoute, mais aussi le professionnalisme, l’autonomie et le sens du travail en équipe.

Envie de vous lancer ? Le secteur vous tend la main

Le Guide Social : Entre nouveaux diplômés et profils en reconversion, comment soutenez-vous l’entrée dans le secteur de l’aide et des soins à domicile ?

Gaël Schadeck : Notre personnel est composé de personnes diplômées lorsque le métier l’exige et de personnes formées lorsque le métier le permet. Nous soutenons la formation continue et pour accompagner les personnes en reconversion, nous octroyons le congé-éducation payé, participons au projet « Choisis les soins » du FeBi de la CP330 et participerons au projet « Choisis les aides » de la CP318. Par ailleurs, nous avons des partenariats avec Actiris et les Missions locales pour l’emploi pour le recrutement de notre personnel en reconversion ou en apprentissage avec ou non un statut ACS.

Le Guide Social : Si quelqu’un a envie de se lancer dans l’aide et les soins à domicile, quelle est la première porte à pousser ?

Gaël Schadeck : Pour mieux nous connaitre, consulter nos canaux (site internet, LinkedIn, Facebook, Youtube…). Envie d’en savoir plus ? Écrivez directement à notre service de recrutement : recrutement.bxl@fasd.be !

Propos recueillis par Emilie Vleminckx, rédactrice en chef



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