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Rachid Madrane répond face aux accusations

21/08/17
Rachid Madrane répond face aux accusations

Le Guide Social a publié récemment deux articles en ligne intitulés « L’Aide à la jeunesse, un secteur aussi en manque de visibilité », et « Un changement de majorité qui profitera à l’Aide à la jeunesse ».

Suite à ces articles qui sont en réalité, une interview de Monsieur Philippe Renard, le cabinet du Ministre Madrane souhaite apporter quelques rectifications et éclaircissements.
Dans ces articles, Monsieur Renard critique le processus ayant mené à l’adoption du projet de décret portant le Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse, et porte des accusations lourdes à l’encontre de certains membres du cabinet du Ministre de l’aide à la Jeunesse, non sans énoncer un certain nombre de contre-vérités qui doivent donc être corrigées.

[…]

Expliquons donc encore une fois que c’est précisément pour laisser toute sa place à la concertation avec le secteur que le gouvernement a "pris acte" d’un premier texte, présenté ensuite clairement par le Ministre au CCAJ comme une "pièce à casser" devant irriguer les débats. Cette simple prise d’acte signifiait pour les deux partenaires du gouvernement que les arbitrages politiques ne se feraient qu’ensuite, à la lumière, précisément, de l’avis du CCAJ.
Cela a permis de prendre pleinement en compte l’avis du secteur, pour modifier assez fondamentalement le texte - ce que Monsieur Renard semble d’ailleurs reconnaître

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Que nous dit Monsieur Renard sur le CCAJ ? Lisons-le encore : « Le ministre s’est entêté à vouloir déposer un texte à casser au CCAJ, qui n’est pas un lieu de concertation, mais de réflexion, où tout le monde ne siège pas. La preuve c’est que, dans la réforme il rajoute certains membres, qui n’étaient pas représentés actuellement… »

Effectivement, le Ministre a estimé que manquaient dans cette enceinte les représentants des avocats, et des associations qui y font entendre la voix des familles, comme les réseaux de lutte contre la pauvreté. Le projet de Code prévoit de les y inclure, et en l’attente, un avis spécifique sur le texte du projet leur a été demandé. Mais donc, au motif de ces deux manques, Monsieur Renard prescrit une "vraie concertation" avec les seuls représentants patronaux ? Si on ne concerte pas tout le monde, alors ne concertons - presque -personne ? On a du mal à comprendre la logique...
Quant à l’argument selon lequel les membres du CCAJ étant nommés par le ministre, ils lui seraient redevables, il est simplement risible, puisque les membres sont nommés non par le ministre, mais par le Gouvernement, qui les choisit sur une liste de trois personnes présentée [sic] par chaque structure représentée au CCAJ (le choix permettant notamment d’équilibrer la représentation homme/femme).

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La réalité, c’est que dire que soumettre un texte au CCAJ ne serait pas de la "vraie" concertation, c’est la critique de ceux qui entendent réduire le Conseil à un organe ronronnant, à une machine, à un bidule consulté peut-être, mais pas entendu, pour réserver les "vraies" discussions à quelques privilégiés, ceux qui connaissaient jadis l’entrée de service des cabinets.

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Ce choix en faveur de la transparence des débats n’a par contre jamais empêché le Ministre et son cabinet de reconnaître pleinement l’Inter-Fédérations, pour ce qu’elle est : un regroupement de nombreuses Fédérations regroupant des employeurs du secteur (pas toutes cependant).

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Il est amusant de noter que celle-ci formula la demande que le cabinet produise un document à mettre en débat... Une note à casser donc... Cette note a ensuite été soumise à la concertation avec les représentants des travailleurs et des employeurs (en ce compris les fédérations non membres de l’Inter-Fédés). Ce travail était presque achevé, semble-t-il à la satisfaction générale, et seule la situation politique actuelle pourrait compromettre son aboutissement.

Voilà en ce qui concerne la question de la concertation sur le Code.
Monsieur Renard évoque également la question de l’âge limite pour les acteurs de la prévention de l’aide à la jeunesse, que le Ministre proposait dans le projet soumis à la concertation, de porter à 25 ans. Cela pour permettre à ces acteurs d’accompagner ces jeunes, à priori plus fragilisés, dans la transition vers l’âge adulte, que l’on observe être plus difficile aujourd’hui pour tous les jeunes, et d’ainsi mieux lutter contre le risque accru de pauvreté et contre la reproduction des inégalités sociales. De très nombreux dispositifs sociaux consacrés à la jeunesse, les politiques européennes d’éducation non formelle ou les politiques inclusives, telle la garantie jeunesse, et d’autres encore, ciblent aujourd’hui la tranche d’âge 14-25 ans, voire 30 ans. Et nous ne sommes pas seuls à envisager cette évolution : la même réflexion quant à la hausse de l’âge limite d’intervention est en cours aussi en Flandre et chez nos amis germanophones.
Monsieur Renard ne nie pas ces réalités et ces nouveaux défis, il reconnait leur réalité. Mais il estime que ce n’est pas à l’aide à la jeunesse à y répondre, et place le débat sur le plan budgétaire, craignant qu’on prenne à Jacques pour donner à Pierre, et que les moyens pour les moins de 18 ans soient réduits.

Ce n’était pas, bien sûr, les intentions du Ministre, et il a pu le démontrer dans les faits, puisque l’essentiel du budget supplémentaire obtenu en 2017 est consacré à la création de places et de prises en charge pour les plus jeunes. Mais face au constat unanimement reconnus [sic] de ces dérives sociales nées des difficultés de transition, le Ministre voulait donner les moyens d’agir aux acteurs du secteur de la prévention qui le souhaitaient. Et ils sont nombreux à le souhaiter. On constate d’après les rapports d’activité des services AMO que plus de 65% d’entre eux travaillent aujourd’hui avec des plus de 20 ans. Sans parler des projets particuliers, qui s’adresse [sic] précisément à ces tranches d’âges, telles les années citoyennes.

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Ce détournement argumentaire - on n’aurait pas d’abord choisi une politique, puis, logiquement, soutenu les acteurs qui s’inscrivait dans ce nouveau cadre, mais on aurait construit un cadre politique qui convenait à des acteurs déterminés qu’on voulait soutenir - sert bien entendu une thèse, qui est celle développée dans le reste de cette première partie de l’interview : celle du favoritisme.

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Face à ces accusations, servies par des contre-vérités, il faut rappeler les faits.
Il est parfaitement exact que le gouvernement PS-CDH voulait soutenir le développement des Mados : la déclaration de politique communautaire de l’actuel Gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles le prévoit explicitement.
La seule Mado alors en exercice est celle de Charleroi. Elle n’est pas une invention du Ministre Madrane. La Maison de l’Adolescent de Charleroi (MADO) a été initiée en 2009.
Madame Fonck, alors Ministre de l’Aide à la Jeunesse, avait donné son autorisation pour mener une expérience pilote en la matière. […]
Succédant à Madame Fonck, la Ministre Huytebroeck a confirmé ce projet pilote et organisé un comité d’accompagnement composé de représentants de l’administration, des conseillers et directeurs, de services du secteur et d’associations hors secteur. Ce comité d’accompagnement a remis un avis positif sur le projet innovant de la MADO.

Madame Huytebroeck a alors décidé, sur base [sic] d’un rapport d’inspection pédagogique qui était favorable au projet, tant en ce qui concernait son opportunité que sa conformité, de pérenniser le service en demandant, en octobre 2013, son passage en commission d’agrément en vue de sa reconnaissance. Le dossier mettra ensuite du temps à être inscrit à l’ordre du jour de la commission d’agrément. La décision prise par Mme Huytebroeck ne se concrétisera qu’en juin 2015 et c’est ainsi qu’il reviendra au Ministre Madrane de procéder à l’agrément. Considérant sa volonté politique de modifier l’âge jusqu’auquel un jeune peut être pris en charge par l’aide à la jeunesse, il passera outre le seul élément négatif de l’avis de conformité, basé sur l’âge repris dans le projet de la Mado, soit 25 ans.
Voilà pour ce qui est de la réalité de l’agrément de la MADO. Mais la politique de prévention ne concerne pas, évidemment, que les MADOS. La prévention concerne d’abord les 83 services AMO et surtout les jeunes et leurs familles. […]

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Citons d’abord une mesure demandée depuis longtemps par le secteur : l’augmentation du cadre des AMO d’un mi-temps administratif

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Des critères clairs ont également guidé le jury d’attribution de l’opération « Hors Les Murs », sélection jugée partisane par Monsieur Renard.

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Quoi qu’il en soit, on rejoindra Monsieur Renard sur la nécessité de transparence des choix posés. En l’occurrence, tous les résultats des appels à projets ont été donnés au parlement et ensuite diffusés via la lettre électronique d’information du Ministre.

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Lien vers le document complet du Cabinet du ministre Madrane : ici



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