Handicap : la Belgique manque de places d'accueil !

Cela ressemble à une interminable rengaine, mais elle cache toujours une cruelle réalité : le manque de prise en charge et de places d’accueil pour enfants et adultes handicapés est dramatique. Et la problématique ne semble pas prête d’évoluer !
Les récents procès et autres drames médiatisés concernant des parents qui intentent à la vie de leurs enfants handicapés ne reflètent que le sommet de l’iceberg. Rappeler la situation dramatique dans laquelle sont plongées les familles d’enfants handicapés n’est pas suffisante. Plus que tout aujourd’hui, il faut se poser la question de la responsabilité des pouvoirs publics face à cette problématique. Malgré sa condamnation par le Conseil de l’Europe en 2013, pour manque de places d’hébergement pour personnes handicapées et autres signaux d’alarme envoyés par les associations spécialisées, la Belgique reste en retard sur ce plan.
Sous-prise en charge
Trouver des solutions pour la prise en charge des enfants et adultes handicapés constitue toujours un parcours du combattant pour les familles. Du côté des professionnels et des institutions concernés par cette question, le sous-financement ne permet pas de répondre de manière optimale à toutes les demandes. Les listes d’attente sont interminables, tant dans les écoles spécialisées, que dans les institutions de prise en charge ! Et cela débute dès la petite enfance. Les 26 services d’aide précoce et d’accompagnement censés accompagner les jeunes enfants handicapés (0-7 ans) interviennent auprès de 850 familles, alors que 2028 enfants porteurs de handicaps naissent chaque année*.
Le CSNPH dénonce… inlassablement
Le Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées (CSNPH) dénonce régulièrement le problème, particulièrement pour les adultes. Car quand les parents ont réussi, tant bien que mal à trouver une place dans une institution pour leur enfant, le parcours du combattant recommence dès sa majorité. Des solutions alternatives existent dans certains cas, notamment les logements supervisés qui permettent aux adultes handicapés de vivre sous le même toit, avec l’aide de professionnels. Mais ces services sont rares, d’autant plus en Région bruxelloise. Là encore, les financements font défaut.
Nouveaux jobs ?
Pourtant, à l’heure de la crise de l’emploi, de nouveaux métiers pourraient être créés dans le secteur médico-social, afin de répondre aux besoins d’assistance des personnes handicapées, fonctions souvent exercées par les proches. Voilà qui leur octroyerait du répit et les sortirait de leur isolement ! Les parents d’enfants handicapés endossent souvent, malgré eux, des rôles qui devraient être exercés par des professionnels : aide-soignant, psy, éducateur, etc. Avec les effets pervers et négatifs que cela entraîne sur la cellule familiale… Malgré la crise économique et financière, n’est-t’il pas temps que les pouvoirs publics mettent en place une politique d’accueil et de prise en charge du handicap, digne de ce nom en Belgique ? Une question de choix de société.
Sandra Evrard
*Chiffres cités dans l’article “Sans plan d’urgence pour le secteur du handicap, il y aura encore d’autres drames”, Le Soir, 14 mars 2016.
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