Troubles de l'attachement : des indices pour les détecter
Les troubles de l’attachement sont importants à détecter au plus tôt. Ils peuvent avoir un impact sur la vie entière d’une personne. Certains signes peuvent alerter les prestataires de soins.
La grosse difficulté dans l’appréciation des symptômes du trouble de l’attachement, c’est qu’ils ne soient confondus avec d’autres pathologies, comme l’hyperactivité ou des problèmes de comportements. Le trouble de l’attachement se caractérise par une rupture dans le lien mère-enfant, surtout lorsque celui-ci a lieu avant l’âge de 3 ans. D’autant plus s’il s’accompagne de négligences, carences de soins ou de maltraitances. Identifier cette problématique le plus tôt possible permettra de tenter de réparer le trouble. Plus l’enfant grandit, plus cela sera difficile. Le rôle des acteurs de la santé et de l’entourage de l’enfant, est donc primordial.
Typologie de l’attachement
Différents profils d’attachements ont été identifiés, notamment grâce aux recherches de la psychologue Mary Ainsworth.
– L’attachement sécure est considéré comme la norme. Le fournisseur de soins est sensible aux signaux du nourrisson et constant dans ses réponses. Le petit enfant proteste lors de la séparation avec sa mère et l’accueille avec joie à son retour.
– L’attachement insécure-anxieux est soit évitant ou résistant. Le fournisseur de soins ne réagit pas toujours aux signes de détresse de l’enfant. Il peut y avoir un manque de sensibilité à ses besoins d’attachement et des réactions imprévisibles. L’enfant cherche à faire plaisir en racontant à l’adulte ce qu’il pense que celui-ci veut entendre. Il fabulera en inventant parfois des histoires.
– L’attachement de type insécure-évitant se développe lorsque le parent ne répond pas adéquatement aux besoins de l’enfant. En réponse à ce comportement, qui amène initialement de la détresse, l’enfant s’adapte en paraissant peu affecté par la séparation et évite la proximité avec sa mère au moment des retrouvailles. Il semble n’avoir besoin de personne et ne pas se soucier de la présence du fournisseur de soins. Il ne veut pas se référer à l’adulte pour prendre conseil. Pourtant, il est en état d’alerte psychologique.
– L’attachement de type insécure-résistant se construit aussi dans le cadre de réponses inconstantes aux signaux de détresse du nourrisson. L’enfant montre de la difficulté lors de la séparation, il peut manifester un besoin exagéré d’attachement, mais mélange contact et rejet lors des retrouvailles avec le fournisseur de soins. Il éprouve des difficultés à se calmer, même lorsque le réconfort lui est apporté.
– L’attachement de type insécure-désorganisé apparaît aussi lorsque la figure d’attachement a un comportement inconstant envers son bébé ou n’est pas beaucoup présente. Au retour de sa mère, l’enfant adopte un comportement incohérent. Il est débordé par l’angoisse et ne parvient pas à soulager sa détresse. L’enfant souffre fréquemment de troubles psychotiques. Il présente une grande variété de symptômes des autres types d’attachement.
Signes observables
Existe-t-il d’autres signes précurseurs des problèmes d’attachement ? Il n’y a pas une réponse unique à cette question. Tout dépend de l’âge de l’enfant, de son passé, de ses relations avec son entourage. Les troubles peuvent se manifester de manière variable, mais certains signes sont relativement courants chez le petit enfant :
– il pleure beaucoup, sans raison identifiée
– il rejette le contact physique
– son sommeil est perturbé
– il ne fixe pas ses interlocuteurs dans les yeux
– il a un fort besoin de contrôle
– il pique des crises de colère
A l’adolescence, les troubles peuvent se manifester autrement :
– par une faible estime de soi
– par une opposition à l’autorité
– par des difficultés scolaires
– par de l’agressivité, de la violence, tant verbale que physique
– par une difficulté à distinguer les limites entre le bien et le mal
Effets secondaires désastreux
Dès 1954, le père de la théorie de l’attachement, John Bowlby, soulevait déjà les liens de causalité entre les séparations précoces prolongées chez le petit enfant d’avec sa figure d’attachement et les comportements sociaux inadéquats. En 1969, Bowlby constate que deux syndromes psychiatriques (la personnalité psychopathique et la dépression), accompagnés de deux sortes de symptômes (la délinquance persistante et la propension au suicide), sont associés à de fréquentes ruptures de liens affectifs durant l’enfance.
Le liens toujours problématique
D’autres « effets secondaires » aux troubles de l’attachement, moins dramatiques que les précédents, pourront se retrouver à l’âge adulte, comme une difficulté à créer des liens stables, une interchangeabilité dans les relations ou avoir un impact sur le degré d’autonomie. « Nos antécédents en matière d’attachement peuvent affecter notre bien-être émotionnel qui peut à son tour influencer nos amitiés, nos choix de conjoints et la qualité de nos relations amoureuses. La vigueur de nos relations principales affecte le type de fournisseurs de soins que nous devenons et, en bout de course, le sentiment de sécurité et le bien-être émotionnel de nos enfants », explique le Dre Susan Goldberg, chercheuse à l’hôpital des enfants de Toronto.
Tout se joue avant 1 an ?
Plus récemment, d’autres professionnels de la santé mentale ont établi une corrélation entre les modèles d’attachement (sécures ou insécures) de sujets testés à un an et au début de l’âge adulte : 70 % des sujets présentaient à l’âge adulte le même type d’attachement qu’à un an !
Susan Goldberg a aussi mis en évidence que les nourrissons plongés dans un milieu sécurisant font des adultes plus compétents intellectuellement et socialement.
Sandra Evrard
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