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Os'mose : "Qui va nous aider ? Où va-t-on aller chercher les sous ?"

30/04/20
Os'mose:

Marie-Claire Dubois, présidente de l’ASBL Os’mose, qui forme des chiens d’assistance, a contracté le coronavirus et est restée hospitalisée pendant 17 jours. Si ses jours sont hors de danger, ce n’est pas encore le cas pour son ASBL. Entre angoisse quant à la situation financière de son association, et interrogations sur l’avenir, elle raconte le présent d’Os’mose, évoquant sans détours les difficultés rencontrées.

Guide Social : Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre ASBL : « Os’mose » et nous dire quelles sont vos actions ?

Marie-Claire Dubois : Os’mose forme des chiens d’assistance, pour les personnes en situation de handicap, épileptiques ou diabétiques ainsi que des enfants ayant des troubles du spectre autistique. Ces chiens vont en famille d’accueil durant deux années, puis nous les offrons aux personnes handicapées qui en ont fait la demande. Il y a une liste d’attente d’environ deux ans pour nos chiens. Ces chiens peuvent par exemple, ramasser des objets qui seraient hors de portée d’un adulte en chaise roulante, prévenir des crises pour les épileptiques. Ce sont également des chiens d’éveil, ils peuvent aider au développement de la motricité et de l’allocution.

"La majorité de mes éducateurs ont été mis au chômage économique"

Guide Social : Quelles conséquences ont été engendrées par la crise sanitaire que nous traversons ?

Marie-Claire Dubois : Notre budget annuel est de 150.000€ puisque nous formons dix chiens sur la période et que le coût de cette formation varie entre quinze et vingt mille euros. Nous obtenons une aide régionale, mais elle est infime. Par exemple, nous recevons 3.000€ de l’AVIQ pour la formation d’un chien si la personne qui le recevra possède une chaise roulante de cette structure.

En clair, nous couvrons nous-même la majorité de nos dépenses. On le fait par des événements, mais la conjoncture fait en sorte que tous ces derniers ont été annulés, donc nous n’avons aucune rentrée d’argent. Pour nous, c’est une catastrophe. Nous sommes obligés de travailler les 15 chiens, actuellement en formation, par vidéoconférence. C’est loin d’être idéal.

La majorité de mes éducateurs ont été mis au chômage économique. La crise sanitaire fait une grosse différence financière. Par ailleurs, nous avons investi dans un nouveau centre qui est encore en travaux. Nous n’avions pas encore tout le budget pour le construire donc la situation est difficile. Pourtant, ce nouveau centre nous aurait permis de mieux mettre en place ce que nous voulons faire. C’est-à-dire, faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap et dédramatiser le handicap.

"Il faut faire des efforts d’imagination énormes pour pallier les manques financiers"

Guide Social : Quel est votre état d’esprit à l’heure actuelle, alors que vous êtes confrontée à ces difficultés ?

Marie-Claire Dubois : Je suis fatiguée à l’heure actuelle. J’ai passé 17 jours à l’hôpital après avoir contracté le coronavirus. Je me sens angoissée, stressée pour l’avenir. Il faut faire des efforts d’imagination énormes pour pallier les manques financiers. Il va également falloir rattraper le retard pris par les chiens en formation durant cette période. Mais comment rattraper ce retard ? Les personnes en situation de handicap vont devoir attendre leur chien plus longtemps. Comme elles sont plus fragiles et restent une population à risques, on ne pourra aller chez elles que beaucoup plus tard, pas avec le déconfinement. Qui va nous aider ? Ou va-t-on aller chercher les sous ? J’angoisse tant sur le plan financier que sur le plan du retard pris sur la formation des chiens. Cela sera difficile à rattraper, dans tous les domaines.

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