Le tarif des psys, l'éternelle polémique

Si dans toutes les autres professions, l’expérience est valorisée, notamment en termes salariaux, la question du tarif fixé par le psychologue, quelle que soit son expérience, engendre toujours des réactions houleuses et de vives controverses.
Les psychologues travaillent soit en institution, soit en libéral. En institution, le salaire perçu n’a aucun lien avec le prix de la séance. Le débat n’a donc pas lieu. En libéral, il en va tout autrement puisque ce sont bien les prix cumulés des séances menées qui font le salaire du praticien. Mais le prix de la séance, c’est aussi celui que le patient en souffrance doit payer pour être aidé. C’est donc ici que les choses se corsent…
Que paye-t-on ?
Consulter un psychologue, d’une certaine manière, c’est rétribuer ses investissements et son temps. Le coût de la séance représente finalement le temps passé à se former (en ce compris les supervisions, la formation continue, les lectures, les colloques, …) et le temps consacré au patient (séances, notes, courriers divers). Le prix cumulé de toutes les consultations forme alors un revenu décent, idéalement comparable aux revenus des autres universitaires et permettant de couvrir les besoins de vie (maison, enfants, vacances et loisirs, …)
Le psy en institution
Le psychologue en institution est salarié et, de ce fait, jouit de quelques avantages : le salaire augmente d’année en année, il peut recevoir un pécule, des congés payés, un revenu en cas de maladie, de maternité, et éventuellement un crédit temps pour les formations, des chèques repas … L’indépendant doit « lisser » son revenu pour couvrir ses vacances, ses maladies, … Il paye son comptable, ses supervisions, ses formations, ses carnets de consultation, ses charges et cotisations diverses. Comment donc construire une certaine équivalence de revenus suivant que l’on exerce en institution ou en privé ? C’est l’une des questions épineuses.
Que reçoit le patient ?
L’autre bout de la lorgnette, c’est bien sûr le point de vue du patient. Ce dernier reçoit en séance une certaine expertise (du praticien formé), mais aussi une disponibilité (temporelle et psychique) de ce dernier. Pour recevoir cela, il va faire un choix : consulter en privé, et donc accepter qu’il rétribue à lui seul le service reçu (mis à part les aides des Mutuelles) ou s’adresser à une institution qui prendra en charge une partie de ce coût.
Les revenus du patient
De nombreux psychologues œuvrant en libéral s’adaptent à la réalité financière de leurs patients. Mais alors, qui doit payer la différence entre ce que vaut le service et ce que l’usager peut en rétribuer ? Le psychologue lui-même, qui s’arrange pour « équilibrer » sa patientèle et garder un chiffre d’affaire « décent » ? Les Mutuelles (chacune à sa manière) qui vont suppléer partiellement ? Si les revenus du patient sont vraiment peu élevés, il semble préférable pour tous de l’envoyer vers une institution, un planning familial par exemple, qui pourra se permettre de s’adapter aux ressources du patient tout simplement parce qu’elles ne sont pas en lien avec les revenus de leurs praticiens.
La souffrance humaine
En fait, ce qui rend la question épineuse, c’est la souffrance humaine qui motive la demande d’aide psychologique. Parce qu’il peut sembler indécent de la monnayer. Mais que le métier de psychologue, justement, est de monnayer ce type d’accompagnement. Justement parce que c’est un métier. Le nœud est là. Les points de vue sont multiples. Et plafonner le prix des séances comme condition de remboursement ferait pis que mieux car cela empêcherait les psychologues de s’adapter à chaque situation.
Gare aux préjugés !
Comme souvent, le psychologue en libéral va donc travailler au cas par cas. Le but est double : respecter la réalité de chaque patient, tout en s’assurant un revenu convenable. Gare aux préjugés, gare aux raccourcis simplistes ! Le psychologue équilibre les deux pôles, non par esprit de lucre, mais tout simplement par nécessité de reconnaissance financière du travail fourni et besoin de moyens pécuniaires pour vivre. Entre l’éthique, la déontologie, le don de soi, mais aussi les réalités financières incontournables de son activité professionnelle, chacun tracera son chemin comme il peut…
D. Bertrand, psychologue
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