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Le testing, à quelles fins ?

01/12/17
Le testing, à quelles fins ?

En psychologie clinique infantile, le recours au testing est assez fréquent. Certains décrient leur utilisation, n’y voyant que peu d’intérêt, et comme unique aboutissement de réduire l’enfant aux résultats obtenus à une batterie de tests, alors que d’autres y voient un outil clinique non négligeable. Ma position de clinicienne a évolué au cours du temps sur ce point de discorde entre nombre de mes collègues cliniciens.

Rencontrer un enfant pour la première fois en consultation ouvre de nombreuses questions. Démarre-t-on notre travail par un bilan complet tant cognitif qu’affectif ou nous laissons-nous porter par nos impressions cliniques sans recourir à cette grosse machine qu’est le testing ? Pour ma part, dans ma pratique quotidienne, les 2 positions peuvent co-exister et c’est au cas par cas qu’il faut envisager le chemin à emprunter avec l’enfant rencontré.

Sortir d’une position univoque

Réaliser un bilan psychologique complet avec un enfant, avant de démarrer un travail thérapeutique, permet de cerner ses ressources et ses faiblesses cognitives, d’appréhender quelles sont ses angoisses et ses mécanismes de défense ainsi que son fonctionnement psycho-affectif global. Se priver de cette étape nous retire certaines informations sur le fonctionnement de notre patient, mais présente par contre l’avantage de permettre à l’enfant de se déposer comme il le souhaite. Pour certains enfants, être soumis à cette batterie de tests est très difficile, alors que pour d’autres, le test constitue un tiers qui leur permet d’entrer en relation plus aisément. C’est donc toujours en fonction de la demande initiale de consultation et de la première rencontre avec l’enfant que j’oriente mon travail. Les tests ne restent donc que des outils parmi d’autres, destinés à nous aider à œuvrer au bien-être de l’enfant.

Testing cognitif

L’évaluation des compétences cognitives de l’enfant passe très souvent par la passation d’une échelle cognitive. Pour ma part, je recours très régulièrement aux échelles de Weschler, qui se déclinent sous des formes différentes en fonction de l’âge de l’enfant (WIPPSI, WISC) ou de ses ressources (en cas d’absence de langage WNV). Ces échelles permettent de balayer de nombreux champs de compétences de l’enfant, que ce soit au niveau de son orientation spatiale, sa logique, ses capacités d’abstraction, sa mémoire, sa vitesse de traitement de l’information… et ne se résument pas à mes yeux à un chiffre que serait le QI (quotient intellectuel). Cerner l’enfant dans ses forces et ses faiblesses me permet de mieux appréhender comment il peut se débrouiller dans le contexte de l’apprentissage scolaire, où il passe par ailleurs de nombreuses heures par jour.

Tests projectifs

Les tests projectifs les plus communément utilisés pour les jeunes enfants sont le CAT (Children’s Apperception Test) et le Patte Noire. Ces deux tests consistent à présenter à l’enfant des images et à lui demander de raconter une histoire. Dans le cas du CAT, dix planches sont présentées à l’enfant et il est invité à fournir un récit à chaque planche. Pour le Patte Noire, l’enfant sera libre de choisir les planches pour lesquelles il souhaite fournir un récit. Pour les enfants de plus de 10 ans, le recours au TAT (Thematic Apperception Test) est de mise. En outre, dans certains cas spécifiques, le Rorschach peut apporter des éléments cliniques intéressants. Le TAT fonctionne également sur la production d’un récit à chaque image ; quant au Rorschach, il suffit au sujet d’énoncer ce qu’il perçoit de l’image proposée. L’analyse des récits et réponses fournis par le patient permet au clinicien d’avoir une représentation du fonctionnement intra-psychique de l’enfant ou l’adolescent rencontré. Par ailleurs, une discussion peut s’engager à partir des thématiques ou des récits proposés par le patient et permettre un engagement dans un travail thérapeutique. Le test devient alors un outil qui vient créer un premier lien.

Les outils complémentaires et les tests plus spécifiques

À cette liste, non-exhaustive, de tests fréquemment utilisés en clinique infantile se rajoutent d’autres outils qui permettent de se représenter le monde interne de l’enfant. Le dessin et le jeu sont des espaces de liberté moins formatés où l’enfant peut venir se déposer. En outre, il n’est pas rare dans le cadre d’un bilan plus global, de vouloir affiner l’un ou l’autre point mis en avant par le testing cognitif ; c’est alors au travers d’épreuves plus spécifiques ou d’une orientation vers un(e) neuropsychologue ou un(e) logopède que le bilan initial pourra être affiné.

V.B, psychologue clinicienne

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