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Mémoires/TFE

Le décrochage scolaire: du contrôle social aux logiques de solidarité entre les intervenants


Dans une société de plus en plus compétitive et exigeante, la qualification et le diplôme que confère l’école apparaissent plus que jamais comme le meilleur rempart contre le chômage et la
marginalisation ainsi que la condition minimale pour prétendre à l’obtention d’un emploi. Ceux qui ne s’inscrivent pas dans cette logique sont aujourd’hui au centre de dispositifs multiples et
complexes ambitionnant de les rendre à la fois autonomes, socialement et professionnellement « insérables » et ce, dans une logique de contrôle social.

En qualité de travailleur social impliqué depuis sept ans dans une structure ayant pour mission l’accompagnement des jeunes en décrochage scolaire, nous nous trouvons au coeur de ce projet
ciblant ceux qualifiés désormais de ‘‘ groupe à problèmes’’.
Le décrochage scolaire est un ‘‘abandon scolaire’’ défini par le législateur comme une situation où un élève soumis à l’obligation scolaire soit n’est inscrit dans aucun établissement ni instruit à
domicile, soit est inscrit mais totalise, sans motif valable, plus de vingt demi-jours d’absence.
Opérant sur le territoire de La Louvière, région à forte densité de population scolaire et particulièrement touchée par le phénomène du décrochage, la structure – l’Antenne Accrochage
Scolaire (AAS) du Plan Stratégique de Sécurité et de Prévention (PSSP) – est un service communal financé par le Fédéral. Son objectif numéro un est de promouvoir une approche intégrée et globale de lutte contre le décrochage scolaire.
Ceci posé, nous constatons que les problèmes rencontrés par les jeunes louvièrois sont de plus en plus complexes et demandent des réponses adaptées. Bien que, comme nous venons de l’évoquer, le réseau social et scolaire développe différents services à l’intention de ces jeunes en difficulté, l’efficacité de ces structures pose question. En effet, d’une part, il est compliqué, pour les
bénéficiaires, de s’orienter dans cette « jungle » institutionnelle ; d’autre part, les intervenants sociaux sont limités dans leur stratégie et ont besoin de travailler en partenariat avec leur
environnement et, plus spécifiquement, avec les réseaux qui les entourent.
Les alternatives face à cette problématique ne peuvent exister qu'au travers d’un partenariat qui demande davantage de coopération et de confiance.
De fait, l’Antenne Accrochage Scolaire collabore avec différents acteurs locaux (scolaires, communaux, judiciaires et issus du milieu associatif) concernés par cette problématique et, pour
certains, à l’instar l’Antenne Accrochage Scolaire, créés expressément pour y répondre. Ce réseau d’aide est régi, dans ses formes et missions, par un important appareil légal émanant à la fois de l’Etat fédéral, de la Communauté française et de la Région wallonne.


L’Antenne Accrochage Scolaire initie et coordonne des rencontres pluridisciplinaires invitant les
différents partenaires dans le cadre de la Commission Accrochage Scolaire (CAS) également
encadrée par le Plan Stratégique de Sécurité et de Prévention. La Commission Accrochage Scolaire est un lieu d’information (notamment sur l’évolution du cadre légal) et de concertation dont
l’objectif est d'établir des pistes d'actions cohérentes pouvant répondre aux difficultés tant des partenaires sociaux que des familles et des adolescents. Cette Commission constitue donc un lieu stratégique pour les différents participants ; c’est le point de rencontre et de concertation, autour de cette préoccupation commune, de partenaires fonctionnant par ailleurs selon des logiques et cultures
singulières.

En tant qu’animatrice-coordinatrice de la CAS, l’Antenne Accrochage Scolaire permet de porter un
« regard panoramique » sur ces différents partenaires. Nous constatons que, pour atteindre leur principal objectif, ceux-ci s’appuient les uns sur les autres, s’identifient comme relais.

En d’autres termes, nous pouvons considérer que le décrochage scolaire est, pour les acteurs en présence, une question de solidarité. Encore nous faut-il cerner quels motifs précis font s’entraider les différents partenaires ?
Pour ce faire, nous nous référerons à la typologie du sociologue Guy Bajoit, elle-même inspirée en partie de la typologie des formes de l’action selon Max Weber.
Partant, nous posons l’hypothèse suivante : les perceptions de la gestion du décrochage scolaire et
les logiques de solidarité des acteurs scolaire, communal, judiciaire et issu du milieu associatif sont
influencées par l’organisation à laquelle ils appartiennent.
Pour vérifier cette double hypothèse, nous avons opté pour une analyse qualitative portant d’une part, sur divers documents (comptes rendus de la CAS, textes légaux et circulaires) et d’autre part, sur des entretiens semi-directifs menés avec un échantillon d’acteurs participant à la CAS.
Aussi, à titre exploratoire, nous tenterons d’apporter des éléments de réponses relatives à deux
questions que nous souhaitons soulever : Comment la CAS traite la diversité des organisations qui y participent et comment influence-t-elle leur logique de solidarité et leur perception du décrochage scolaire ?

Dans le cadre de notre recherche, notre angle disciplinaire se situera aux niveaux organisationnel et institutionnel. La grille d’analyse d’Ardoino (1980) peut nous aider à mesurer l’influence des différents niveaux qui s’interpénètrent et agissent les uns sur les autres.


La première partie de notre étude va s’attacher à situer le phénomène du décrochage scolaire sur les plans politique, économique et social. Nous passerons en revue les différentes applications de l’appareil légal à la prise en charge et aux acteurs du décrochage scolaire que nous prendrons le soin de décrire. Enfin, nous présenterons notre outil heuristique relatif aux différentes logiques de solidarité de Guy Bajoit pour répondre à notre hypothèse de départ.

Dans la seconde partie de la présente recherche, après l’exposé de la méthodologie retenue, nous nous attacherons à dégager les perceptions du décrochage scolaire de chacun des intervenants
interrogés (traitant le décrochage scolaire sur le territoire de La Louvière de la Commission Accrochage Scolaire) en nous fondant à la fois sur les missions et limites d’interventions qu’ils
nous auront explicitées. De façon tout aussi systématique, nous dégagerons ensuite les logiques de solidarité des différents acteurs. Nous aurons alors une vue d’ensemble pour prendre la mesure de l’influence de l’organisation des acteurs interviewés sur leurs perceptions de la gestion du décrochage scolaire et sur leurs logiques de solidarité.


Auteur

Antonio Rizzo

Email :
Etudes : master en sciences de l'éducation
Etablissement : ucl
2010, 104p.

Thème : Education, culture
(enregistrement le 23/07/10)

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