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Acteurs de l'aide en milieu ouvert : je ne mords pas !

21/11/17
Acteurs de l'aide en milieu ouvert : je ne mords pas !

Dans le vaste champ de l’Aide à la Jeunesse, certains puits se creusent entre les services qui organisent l’aide volontaire et ceux qui portent l’aide contrainte. Leurs finalités sont pourtant similaires, mais les moyens pour les atteindre diffèrent, ce qui peut parfois prêter à de l’incompréhension mutuelle.

Compte tenu de leurs philosophies différentes, les services d’aide en milieu ouvert et les acteurs de l’aide contrainte peinent parfois à trouver le « bon » niveau d’échange : l’un protège le secret professionnel auquel il est tenu, au bénéfice de jeunes qui lui font confiance, et l’autre cherche à déterminer avec le jeune comment se mobiliser face aux raisons qui justifient qu’un Tribunal le suive.

D’un côté de la rive

Je travaille depuis plusieurs années dans le secteur de l’aide à la jeunesse sous contrainte (aussi paradoxale qu’elle puisse être).
En tant qu’assistante en psychologie dans ce cadre, j’ai parfois été confrontée aux réticences des intervenants d’AMO, lesquels avaient pour première réponse : « Je ne peux rien vous dire, je ne travaille que pour le jeune… »

Et moi, je travaille au bénéfice de qui ?

Si la logique propre à chaque service me paraît tout à fait sensée, je ne peux m’empêcher de ressentir une sensation plutôt inconfortable lorsque mon interlocuteur laisse entendre (parfois sans s’en rendre compte) que je suis la « méchante assistante sociale ». Comme si, par ma fonction, je ne cherchais qu’à trouver la « petite bête », alors même que mon but est de mettre en évidence toutes les ressources du jeune et, c’est vrai, d’en rassurer le Juge…

Des objectifs similaires

Ma fonction a pour objectif d’éclairer le Tribunal sur le contexte dans lequel évolue le jeune, les qualités dont il dispose et les difficultés qu’il présente afin de définir la mesure qui sera la plus adéquate, et dans son intérêt. Pour ce faire, il ‘s’agit d’aller à la rencontre du jeune et de sa famille, de co-construire des solutions réalistes par le biais notamment de la mise en place d’activités, d’un soutien à la parentalité et d’un suivi scolaire rigoureux. De telles perspectives, même si elles émergent dans le cadre de l’aide sous contrainte, ont pour ambition de redonner au jeune la possibilité de devenir acteur de sa vie.

La garantie passe par la clarification du cadre

S’il est un point sur lequel tout le monde peut s’accorder, c’est celui de l’éthique nécessaire à l’égard des usagers. Qu’elle opère dans le cadre de l’aide contrainte ou de l’aide volontaire, il apparait nécessaire d’être clair avec la personne rencontrée. Expliquer les notions de secret professionnel et de secret partagé se révèle ainsi être une garantie à offrir sans condition. La personne qui sait dans qu’elle cadre elle interagit peut davantage régir ses interventions, sans prendre le risque de se sentir dupée.

Passer des relais

A vrai dire, lorsque je sollicite une A.M.O., ou un autre service de première ligne, c’est justement en référence à la spécificité de son cadre, et parce qu’il me semble approprié d’orienter le jeune vers un service où il se saura protégé par une autre forme de secret professionnel que le « secret partagé » qu’il connaît en étant soumis à l’aide contrainte.
Ce secret partagé l’implique en effet dans un réseau de partage d’informations entre des intervenants qui agissent tous dans le cadre d’une même mission (Juge – Lieu d’hébergement de l’Aide à la Jeunesse – Service ambulatoire – SPJ, etc.)
Les A.M.O. ne sont, quant à elles, pas inclues dans ce réseau.

Créer des ponts…

Les modalités de contacts d’un service à l’autre sont peut-être différentes, mais il n’empêche que les travailleurs sociaux sont globalement animés par un même idéal porté sur l’épanouissement des jeunes qu’ils côtoient.
Partir de ce principe pour élaborer un accompagnement bienveillant me semble être une base à laquelle chacun peut se référer pour établir des partenariats solides et centrés sur l’intérêt du jeune.

… Sans oublier son identité

L’enjeu se situe peut-être davantage dans la possibilité qui nous est offerte de travailler dans un cadre qui nous permet de collaborer, tout en gardant la casquette qui nous est propre. Collaborer avec un intervenant issu de l’aide volontaire n’implique donc pas forcément que « j’attende » de lui qu’il sorte de son champ déontologique habituel (quand bien même, ce serait illégal).

Mais si l’objet du partenariat est défini clairement comme un levier pour faire porter la demande d’aide par le jeune d’une part, mais aussi pour le remobiliser, alors ça pourrait avoir du sens.

L.T. – Assistante en psychologie

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