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"Sans gouvernance et sans budget, c'est tout le tissu associatif qui s'effiloche"

30/10/25

Alors que Bruxelles traverse une crise politique sans précédent, l’agence de presse Belga s’est penchée sur le sort des ASBL bruxelloises, fortement impactées par l’absence d’exécutif régional. Budgets gelés, projets suspendus, emplois menacés : un tissu associatif à bout de souffle, privé de perspectives. Interrogée par Belga, Émilie Vinçotte, co-directrice de l’Agence pour le Non-Marchand – qui chapeaute notamment le site MonASBL.be –, livre son expertise et alerte sur une situation critique. Depuis de longs mois, l’ANM analyse et relaie la parole de ces structures fragilisées, tout en développant des contenus pratiques pour les outiller face à cette crise financière inédite.

Elles sont plus de 5.000 tous secteurs d’activités confondus, totalisant quelque 105.000 travailleurs à l’œuvre sur le territoire bruxellois. Santé mentale, crise du crack, insécurité, pauvreté, accueil des réfugiés… elles opèrent tous azimuts alors que les besoins de la population s’intensifient. Après plus de 500 jours sans gouvernement de plein exercice, ces associations, "maillon invisible du tissu social", traversent une période d’incertitude budgétaire aigüe, mettant en péril leur survie. À l’unisson, elles dénoncent une paralysie politique jugée irresponsable.

"Sans gouvernance et sans budget, c’est tout le tissu associatif qui s’effiloche", alerte Emilie Vinçotte, co-directrice de l’Agence pour le Non-Marchand, qui chapeaute le Guide Social et MonASBL.be, deux plateformes
de référence dont l’objectif est de favoriser le développement des acteurs du psycho-médico-social et de l’associatif. "La plus grande préoccupation, c’est le manque de perspective. On n’a aucune vue sur les financements à long terme, ce qui a de grosses conséquences au niveau des ressources humaines", explique-t-elle.

C’est notamment le cas au sein de l’association environnementale Apis Bruoc Sella dont le subside quinquennal se termine début 2026 et qui est contrainte de réduire la voilure. Plusieurs missions sont ainsi suspendues tandis que certains contrats à durée déterminée ne sont pas prolongés.

Un secteur entre incertitude et fuite des talents

L’association Projet Lama, qui offre un accompagnement aux personnes en situation de précarité et d’addiction, pâtit également de ce blocage institutionnel. Son dispositif d’aide socio-sanitaire "Cover" est mis en péril faute de vision claire pour l’avenir.

"Vingt-trois personnes travaillent dans des équipes mobiles actuellement. Elles interviennent en rue, dans des squats, en hébergement d’urgence… Elles vont là où se trouvent les personnes les plus vulnérables", explique Rémi Dekoninck, le coordinateur. "Ces 23 personnes sont dans l’incertitude la plus complète. Il s’agit de jeunes travailleurs qui sont pour la plupart dans des projets de vie et dans de telles circonstances, c’est difficile de se projeter. Beaucoup envisagent d’ailleurs de quitter le milieu car ils veulent plus de stabilité", poursuit-il.

Le travailleur social craint dès lors que le secteur ne subisse une fuite des talents, avec en prime une perte de connaissance précieuses sur les méthodologies de travail, parfois bien spécifiques.

Au sein de l’Agence pour le Non-Marchand, on redoute également un tel scénario. "Il y a une résilience et une créativité qui sont toujours là dans le milieu, mais ça ne va pas durer. Tout est gelé à présent, plus personne ne veut s’engager. Le secteur, trop précaire et incertain, est en train de perdre ses talents et ses cerveaux alors que depuis des années, il avait la cote auprès de citoyens, en recherche de sens, qui souhaitaient s’engager que ce soit environnementalement ou socialement", observe Emilie Vinçotte."L’incertitude fait fuir les talents dans un secteur déjà en proie à un manque de main d’oeuvre", regrette pour sa part Bruno Gérard, le directeur de Bruxeo, la confédération représentative des entreprises à profit social bruxelloises.

"Les premières associations impactées, ce sont les plus petites… Celles qui créent justement ces maillons invisibles du tissu social", ponctue Yahyâ Hachem Samii, directeur de la Ligue bruxelloise pour la Santé mentale, faisant référence à l’Espace 51, un lieu de lien menacé de fermeture.

... Lire la suite de l’article sur MonASBL.be.



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