Désengagement dans le secteur de l’Accueil de l’Enfance : "Il n’y a plus d’os à ronger !"
L’adoption du budget du secteur de l’enfance aura des conséquences dramatiques et irréversibles sur l’accueil des enfants, les familles et les travailleurs/ travailleuses.
Les 74 millions d’euros d’économies annoncées dès 2026 pour le secteur, représentent en réalité 174 millions d’euros d’économies. En effet, le secteur de l’accueil de l’enfance attendait 100 millions d’euros prévu pour le financement de la norme d’1,5 pour 7 enfants dans l’accueil collectif. Le secteur de l’enfance fait tous les efforts aujourd’hui.
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En parallèle, la non-indexation des subsides ONE, à hauteur de 8 millions d’euros, constitue un point de rupture majeur dans la politique publique de l’Enfance. Les témoignages recueillis auprès de crèches, de services d’accueillantes et du secteur de l’Accueil Temps Libre montrent une même réalité : les structures et pouvoirs organisateurs n’ont plus de marges financières pour absorber le coût de cette non-indexation.
Nouveaux coups durs pour les crèches, déjà à bout de souffle
Le risque de fermeture est identifié dès 2026 pour les milieux d’accueil qui devront supporter sur fonds propres, entre 1.000 à 1.200 euros supplémentaires à payer à chaque accueillante en raison de l’indexation des salaires sans recevoir de contrepartie en subsides. Ce sont donc des centaines de places d’accueil menacées partout en Fédération Wallonie Bruxelles ! Les crèches, déjà à bout de souffle, seront contraintes d’abandonner la qualité, de réduire les horaires et de renoncer à des projets d’accueil d’urgence. L’accueil extrascolaire n’aura d’autre choix, s’il veut survivre, que d’augmenter les prix, de réduire les activités et de diminuer l’emploi.
Si les mesures budgétaires actuelles sont maintenues, le secteur de l’accueil des enfants risque un effondrement systémique. Les fermetures annoncées priveront des milliers de familles de solutions officielles. Face à l’impossibilité d’obtenir une place, les parents se tourneront vers des alternatives précaires : travail non déclaré, flexi-jobs ou titres-services, des dispositifs conçus pour d’autres usages et totalement inadaptés à l’accueil des jeunes enfants.
Les conséquences seront dramatiques : un encadrement insuffisant, sans normes éducatives ni contrôle de qualité, la sécurité compromise, avec des risques accrus d’accidents et de négligence et l’accessibilité financière et sociale en chute libre, creusant les inégalités entre enfants. À terme, ce glissement vers un marché informel fragilisera tout le système, transformant un droit fondamental en un privilège réservé à quelques-uns.. Ou encore les femmes devront arrêter de travailler !
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Dégradation des conditions de travail et dévalorisation accrue des métiers
Ce serait un retour en arrière de vingt ans, alors que la stratégie européenne reconnaît l’accueil de qualité des enfants comme un levier fondamental d’égalité des chances et de lutte contre la pauvreté infantile.
La non-indexation des subsides de l’ONE entrainera, de fait, une dégradation des conditions de travail au sein du secteur, en d’autres termes à une dévalorisation accrue des métiers de l’enfance, pourtant indispensables et déjà en pénurie !
Le secteur rappelle que le budget 2026, tel qu’il est présenté, aggrave la pénurie de places d’accueil de qualité, met en péril l’ensemble des milieux d’accueil et contredit les engagements publics de la Fédération Wallonie Bruxelles en matière d’accessibilité et de qualité pour tous les enfants et toutes les familles !
Nous encourageons chaque parlementaire, tous partis confondus, à prendre conscience de la portée de son choix de vote. Les enfants ont les épaules les plus fragiles. Ce budget leur fait porter une charge qu’aucun adulte n’accepterait. Le 2 décembre, nous demanderons aux parlementaires de prendre la mesure de la crise et de refuser un budget qui détruit l’accès à l’accueil pour des milliers de familles.
Natacha Verstraeten,
Présidente de la FILE ASBL
Cécile Van Honsté,
Directrice de la FILE ASBL
La FILE est une coordinations de milieux d’accueil fédérant plus de 120 membres et 750 lieux d’accueil en petite enfance et en accueil temps libre.
Informations pratiques – Action du 2 décembre
- Mardi 2 décembre 2025
- Dès 10h – devant le Parlement de la FWB
- Rue Royale 72, 1000 Bruxelles
- De 9h30 à 16h Auberge de jeunesse Jacques Brel Rue de la Sablonnière 30 à 1000 Bruxelles
- Action de sensibilisation et échanges avec les parlementaires
- Public présent : Professionnelles du secteur petite enfance, syndicats, coordinations de services, parents et acteurs associatifs, économistes, parlementaires seront présents pour témoigner et échanger sur l’impact concret des mesures annoncées.
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