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La Loi De Block est un retour en arrière pour les patients

15/07/16
La Loi De Block est un retour en arrière pour les patients

« La Loi De Block est un retour en arrière pour la qualité des soins prodigués aux patients », selon Veehem, de Psychotérapeutes.be.

Psychotérapeutes.be, représenté par Veehem (pseudonyme), explique pourquoi la loi promulguée par Maggie De Block sur la psychothérapie est un véritable retour en arrière en matière de qualité des soins pour les patients. Plus de 250 institutions professionnelles, de formation, de soins ainsi que des enseignants universitaires, de hautes écoles ont écrit au Premier ministre, Charles Michel, afin que celui-ci suspende cette loi.

Une catastrophe

« La Loi De Block est une catastrophe pour les patients, elle provoque une baisse de la qualité de la psychothérapie », explique Veehem. Dorénavant, les psychothérapeutes devront être formés exclusivement par les universités ou les hautes-écoles. « La pratique de la psychothérapie se base sur le développement personnel du psychothérapeute. Dans un cursus universitaire, où les cours sont théoriques, ce n’est pas faisable. Cette loi promeut des professionnels qui seront moins bien formés qu’avant. »

La Loi Muylle

La Loi Muylle, du 4 avril 2014, réglementait la pratique de la psychothérapie en déterminant 4 courants principaux :

1° la psychothérapie à orientation psychanalytique et psychodynamique ;

2° la psychothérapie à orientation comportementale et cognitive ;

3° la psychothérapie à orientation systémique et familiale ;

4° la psychothérapie d’orientation humaniste centrée sur la personne et expérientielle.

En fonction des problèmes qu’il rencontrait, le patient choisissait de s’orienter vers le psychothérapeute compétent. « Ces 4 orientations assuraient une formation longue et spécifique, après une formation de base, souvent universitaire, mais pas toujours. Ces spécificités étaient bonnes pour le patient. Avec la nouvelle loi, ces orientations disparaissent et le temps de formation est moindre, ce qui engendre une baisse de qualité des soins », précise Veehem.

De plus, le texte avait été obtenu en concertation tant avec le politique qu’avec les acteurs de terrain. « Le texte de la Loi Muylle était de très bonne qualité en matière de soins. Là où il posait problème, c’était en termes d’application car les champs de compétences relevaient du fédéral et des communautés. Il suffisait, cependant, de l’alléger juridiquement, en aucun cas sur le fond. »

En pratique ?

A l’avenir, la Loi De Block, embarrassera certains psychothérapeutes très bien formés et qui exercent leur métier depuis parfois plus d’une trentaine d’années. « Certains professionnels ne seront plus reconnus ou alors ils devront être supervisés par une personne moins bien formée qu’eux. Par exemple, je connais une psychothérapeute spécialiste des bébés. Cette dame a fait des études de sage-femme, puis une analyse personnelle et ensuite elle a complété sa formation en France. Mais, son diplôme de base, c’est sage-femme. Pour Maggie De Block, cette personne ne pourra plus exercer de manière autonome. Alors qu’elle est spécialiste dans son domaine, actuellement », explique Veehem.

EBM

Avec sa loi, De Block veut faire rentrer la psychothérapie dans « l’Evidence based medicine » (EBM), qui permet d’établir plusieurs critères, notamment de temps, pour poser un acte médical et solutionner le problème. C’est l’approche qu’un médecin adopte avec une fracture du bras, par exemple. « En santé mentale, cette approche est ridicule. De Block veut faire rentrer la psychothérapie dans un carcan, une sorte de livre qui dirait qu’à un tel symptôme égale une telle solution. La santé mentale est beaucoup plus complexe que cela. »

Totalement fermée

Maggie De Block est totalement fermée à toute discussion. « En février, nous, ainsi que plus d’une cinquantaine de responsables d’institutions avons adressé un Mémorandum à la ministre, auquel elle n’a jamais donné suite ». Il semble que Maggie De Block n’ignore pas que le secteur, mais aussi ses collègues. En effet, la ministre de la santé en Région bruxelloise, Cécile Jodogne, déplorait aussi récemment le manque de concertation de De Block avec ses entités fédérées en ce qui concernait le projet de loi sur la psychothérapie.

Un manque total d’information

Veehem déplore également le manque total d’informations claires et justes autour du sujet, extrêmement compliqué. Beaucoup d’informations circulent et il est très difficile de s’y retrouver. « D’une part, le service de communication de Maggie De Block est très performant et d’autre part, le lobby des psychologues et surtout des psychologues cognitivo-comportementalistes flamands ont promu la Loi De Block. C’est un fait, il y a une grosse orientation flamande dans cette loi. »

Quelles actions futures ?

Actuellement, Veehem, avec Psychothérapeutes.be établissent une analyse juridique poussée de cette nouvelle loi, en vue de déterminer d’éventuels recours et failles. En conséquence, soit ils feront des recours ou ils établiront des stratégies de contournement. Parallèlement, ils travaillent déjà à l’élaboration d’une nouvelle loi car « cette Loi De Block est tellement mauvaise pour les patients que nous voulons l’éradiquer. »



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