Les gérontechnologies, la solution au vieillissement de la population ?
Détecteurs de chute, monitoring à domicile, télé-médecine, capteurs d’errance,... les technologies pour aînés foisonnent. Leurs buts : accompagner la perte d’autonomie et assurer le maintien à domicile. Mais à quel prix ?
La gérontechnologie est une discipline qui conjugue la gérontologie et la technologie. En d’autres mots, la gérontechnologie conçoit des outils adaptés aux besoins des aînés en matières de santé, d’habitat, de mobilité, de communication, de loisirs et de travail. Par extension, ces outils sont eux-mêmes appelés gérontechnologies.
– Les gérontechnologies, une évolution qui soulève plusieurs questions éthiques
– Services pour seniors : M. Prévot souhaite plus de transparence sur les prix pratiqués
La Wii parmi les gérontechnologies
Concrètement, les gérontechnologies sont classées selon diverses typologies en fonction des besoins qu’elles servent : communication, santé, confort de l’usager, capacités motrices et cognitives ou encore sécurité. On retrouve par exemple le téléphone à grosse touche adapté aux seniors dans le cadre de leurs besoins communicationnels, le monitoring à domicile pour le suivi régulier de l’état de santé du patient, la domotique qui favorise une maison intelligente et facilite les gestes quotidiens de la personne âgée ou encore la console de jeu Wii (Nintendo) qui permet aux aînés d’entretenir leurs capacités motrices et cognitives.
« Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Wii peut en effet être considérée comme une gérontechnologie dans le sens où elle participe à la vie sociale et psychomotrice des aînés. En jouant, ils ne se rendent pas compte qu’ils stimulent mémoire et réflexe et que c’est une excellente façon de faire de l’exercice », explique Cyril Brard coordinateur de la thématique technologie et vieillissement chez Énéo.
L’autonomie high tech a un prix
Si les gérontechnologies entendent participer au bien-être des seniors, il va s’en dire qu’elles poursuivent également un but économique. Dans un contexte de vieillissement de la population et face à la saturation des maisons de repos, les industriels ont bien compris qu’il s’agit ici d’un marché juteux. « On constate une profusion d’appareils sur le marché, avec un discours très commercial des fournisseurs. Ils parlent de solution miraculeuse pour les personnes dépendantes et leur entourage. La rhétorique commerciale s’adresse souvent aux aidants proches, qui grâce à ces technologies, gagneront incontestablement en qualité de vie, selon l’argumentaire des vendeurs » indique Cyril Brard.
Cependant, l’innovation, ça se paie. Et le prix freine beaucoup d’aînés qui voient dans ces appareils, un luxe réservé aux nantis. Dans une récente étude, Énéo - le mouvement social des aînés - fait part des inquiétudes des chercheurs à l’accessibilité financière de telles technologies : « si ces technologies sont considérées comme relevant des soins de santé, elles pourraient être remboursées par les assurances (complémentaires puis, peut-être, obligatoires). Si elles ne le sont pas, on peut légitimement se demander si elles seront un jour accessibles aux personnes qui ont de maigres ressources. »
Savoir à quelle sauce technologique on veut être mangé ?
Cela dit, la facture en maison de repos est, elle aussi, particulièrement salée. Dès lors, le prix ne doit pas être le seul facteur décisif. « A cet égard, il importe d’éveiller la curiosité des aînés sur les gérontechnologies. La dépendance, ça se prépare, tout comme un départ à la retraite. Il est essentiel de se renseigner sur les types d’appareil qu’une personne voudrait avoir chez elle ou pas dans l’optique d’être un consommateur critique et éthique » souligne Cyril Brard pour Énéo.
D’autant plus, qu’à terme, ces technologies pourraient bien devenir une réponse des pouvoirs publics et des mutualités pour pallier le manque de place dans les maisons de repos et par là-même réduire le coût du vieillissement. Autrement dit, si aujourd’hui, les gérontechnologies restent un choix. A l’avenir, elles risquent bel et bien d’être imposées comme solutions à la pénurie de la capacité d’accueil et du personnel soignant...
Delphine Hotua
Commentaires - 1 message
Ajouter un commentaire à l'article