Les personnes autistes, nouvelles victimes du ping-pong ministériel ?
Dans le cadre de la 6e réforme de l’État, une partie des compétences sont passées aux mains des entités fédérées. Parmi elles, le remboursement des frais de logopédie pour les personnes atteintes d’autisme... Enfin c’est ce qu’assure le cabinet De Block. Du côté des Régions, rien n’est moins sûr...
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Fin février, le guide social faisait part de la certaine indifférence avec laquelle le cabinet De Block répondait à la problématique de l’autisme, en particulier le remboursement des frais de logopédie dans la prise en charge autistique, et renvoyait la patate chaude aux Régions.
Le monodisciplinaire au fédéral, le pluridisciplinaire aux Régions
Un mois plus tard, le cabinet De Block nuance ses propos : « le remboursement de la logopédie monodisciplinaire ressort effectivement des compétences fédérales. Par contre, le rapport du centre fédéral d’expertise (KCE) sur laprise en charge de l’autisme chez les enfants et les adolescents souligne que la logopédie pour des personnes souffrant d’autisme est utile dans un cadre multidisciplinaire comme des centres de revalidation par exemple. Et ceux-ci, y compris les moyens, sont régionalisés », explique Tijs Ruysschaert, attaché de presse au cabinet De Block.
La Wallonie tombe des nues, Bruxelles tempère
Du côté de la Région wallonne, on tombe des nues. Sollicité à ce sujet par le guide social, le cabinet du ministre wallon de la Santé Maxime Prévot ne cache pas qu’il n’était pas au courant de la problématique. Pour l’heure donc, les réponses sont prudentes : « Il faut qu’on s’informe sur la question. On ne dispose actuellement d’aucune donnée chiffrée, on peut donc difficilement évaluer les coûts d’un tel remboursement », indique Chantal Senepart. Et de rappeler que la situation n’est budgétairement pas évidente...
En ce qui concerne la Région bruxelloise, le cabinet Frémault, ministre chargée de la Politique d’aide aux personnes handicapées à la Cocof (Commission Communautaire française), fait la part des choses. Aussi, certains frais de logopèdes ressortent effectivement de la compétence régionale. Il s’agit par exemple des frais admissibles dans certains centres d’accueil financés à Bruxelles par le Service PHARE - Personne Handicapée Autonomie Recherchée - ou dans certains centres de rééducation financés quant à eux principalement par la Cocof. « Cependant, la demande des parents et des proches des autistes est de pouvoir élargir la nomenclature de l’INAMI de sorte que l’ensemble des aides procurées par les logopèdes puissent faire l’objet d’un remboursement. Que ce soit dans un cadre structurel ou lorsque la prestation est effectuée par un logopède en dehors d’une structure, la demande est alors adressée essentiellement au fédéral », rapporte Kathrine Jacobs du cabinet Frémault.
À quand un plan national de l’autisme ?
Invitée surprise pour la 6e journée internationale de sensibilisation à l’autisme, la 6e réforme de l’État gâche la fête. Alors que, selon le KCE, les troubles du spectre de l’autisme touchent au moins 70.000 personnes en Belgique, il serait grand temps que la question soit clairement tranchée par nos ministres afin que les besoins des personnes présentant des troubles graves du comportement soient enfin pris en compte.
D’autant plus que, outre le remboursement des séances de logopédie, les associations de défense des droits des personnes autistes ainsi que les parents revendiquent un plan national de l’autisme. Et une fois de plus, la ministre De Block renvoie à la sixième réforme de l’Etat. « La loi spéciale de réformes institutionnelles (LSRI) transfère une série de conventions de revalidation aux entités fédérées. Il s’agit notamment des centres de rééducation ambulatoire, des troubles visuels, de la revalidation psychosociale, de l’autisme, etc... Il serait donc complètement contraire à la nouvelle structure de l’État que l’autorité fédérale lance un plan autisme », indique Thijs Ruysschaert, attaché de presse de la ministre Open Vld.
Ce à quoi le cabinet de Maxime Prévot rétorque : « jusqu’à preuve du contraire, la Belgique est toujours une nation à part entière. Et donc, l’instauration d’un plan national de l’autisme fait bien partie du portefeuille de la ministre fédérale de la Santé, Maggie de Block. »
Delphine Hotua
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