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Pas d'enseignement secondaire spécialisé pour les dysphasiques en Belgique

25/03/14
Pas d'enseignement secondaire spécialisé pour les dysphasiques en Belgique

Le lundi 10 mars a sonné le début de la période d’inscription en secondaire pour la rentrée prochaine. S’il n’est pas toujours aisé pour les parents d’obtenir une place dans l’établissement de leur choix, la tÍ¢che est encore plus ardue pour les parents d’enfants dysphasiques.

Est dysphasique un enfant présentant un ou plusieurs des signes suivants : mots écorchés, jargon, paroles indistinctes, troubles de la syntaxe, expressions par mots isolés, compréhension partielle du langage, erreur de sens, lenteur d’expression, pauvreté du vocabulaire,... Il est difficile de donner une définition exhaustive de la dysphasie tant elle est plurielle et complexe. Mais selon la définition de Benton (1964), reprise par l’APEAD - Association de Parents d’Enfants Aphasiques et Dysphasiques, la dysphasie est « un trouble neurologique primaire et durable de développement du langage caractérisé par des problèmes graves de la compréhension et/ou de l’expression du langage parlé, en l’absence de perte auditive, de déficience mentale ou d’un trouble émotionnel. »

L’enseignement secondaire de type 8 fait défaut

Actuellement, aucune structure n’existe pour l’enseignement secondaire adapté aux enfants souffrant de tels troubles d’apprentissage, regroupés sous le type 8, dans la nomenclature des filières d’enseignement spécialisé de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

À défaut, les enfants dysphasiques - qui n’ont pas trouvé leur place en enseignement ordinaire ou en intégration - fréquentent habituellement des classes de langage de type 1 mises en place pour des personnes avec un léger retard mental ou de type 7 pour des personnes souffrant de déficiences auditives. Dans les deux cas, le type d’enseignement n’est pas adapté aux besoins éducatifs spécifiques des dysphasiques.

Aménager le système éducatif

D’autres parents choisissent l’option de les inscrire dans une école ordinaire et demandent à l’enseignant de prendre en compte les nécessités spécifiques de l’enfant. La législation belge prévoit en effet que tout élève en situation de handicap a droit à des aménagements raisonnables « permettant de réduire autant que possible les effets négatifs d’un environnement inadapté sur la participation d’une personne à la vie en société »*.

Dans la pratique, la situation est plus compliquée. Le corps enseignant est déjà sollicité de toute part et pas spécialement formé pour pallier de tels troubles du langage. De plus, comme en témoignent Ingrid et Rémy (noms d’emprunt), enfants dysphasiques longtemps scolarisés dans une école ordinaire, ils étaient la risée de la classe, victimes de moquerie et de violence physique à cause de leur différence.

Sans un encadrement personnalisé et des méthodes spécialisées, il sera plus difficile pour ces enfants d’accéder au langage, malgré leur potentiel d’intelligence. La demande des acteurs concernés pour obtenir un enseignement spécialisé de type 8 reste récurrente. Mais ils peuvent prendre leur mal en patience car au cabinet de Marie-Martine Schyns, la ministre de l’Enseignement obligatoire, on nous signale que le problème nécessite un nouveau décret et qu’il faudra pour cela attendre la nouvelle législature...

Delphine Hotua

* Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, « A l’école de ton choix avec un handicap », Bruxelles, juin 2013, p. 9.



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