"Comment déboucher les oreilles de Mme De Block ?"
La ministre de la santé reste sourde à toute question, suggestion et revendication. Le secteur de la santé mentale se rassemble et réfléchit à « comment lui déboucher les oreilles. »
La loi sur la psychothérapie, la psychomotricité, la kinésithérapie… La ministre de la santé « est un bloc, sans mauvais jeu de mot. Elle n’écoute personne, ne veut rien entendre et fait ce qui lui plait », pour une professionnelle de la santé mentale. « Elle veut changer le modèle des soins de santé, c’est tout. Et le gouvernement l’a clairement exprimé ! », explique un autre. Les professionnels de la santé mentale se réunissaient, ce vendredi, pour un meeting sur les enjeux de la réforme de la loi des soins de santé mentale.
La nouvelle loi
Els Vancompernolle, psychologue à Gand, explique le texte de loi proposé par Maggie De Bloc. « La loi réformée par Maggie De Block inscrit à présent la psychothérapie dans la catégorie des professions de soins de santé, pour réglementer la médecine. Cette catégorie de profession se nomme LEPSS. Le mantra de la ministre, c’est que la psychothérapie est un traitement ». Cela engendre plusieurs conceptions nouvelles :
1) La psychothérapie se conçoit maintenant comme une matière « contrôlable », à laquelle on peut associer des « preuves », dans le concept de l’Evidence based medecine, prôné par la ministre.
2) La formation à la psychothérapie est désormais une spécialisation, uniquement accessible aux médecins, orthopédagogues et psychologues cliniciens. Des mesures transitoires sont prévues par la ministre pour les personnes qui ne sont pas dans le cas. De même, les personnes n’ayant pas suivi une formation donnant accès à un titre LEPSS seront supervisées. La formation des futurs psychothérapeutes s’effectuera à présent dans « des hautes écoles et des universités officiellement acceptées ».
3) L’apparition du judiciaire dans la gestion quotidienne des psychothérapeutes. En effet, en cas de problèmes, les inspecteurs pourront sanctionner les praticiens. « De même, les patients pourront attaquer leur psychothérapeute, s’ils le jugent opportun ». Chaque praticien porteur d’un titre LEPSS devra avoir un visa, attestant de ses capacités psychiques et physiques. « Et ce visa, qui le donnera ? »
En réponse à ces mesures, le secteur réagit. Et continue, malgré la non-réaction de la ministre.
La Ligue francophone bruxelloise de la Santé mentale
La Ligue francophone bruxelloise de la Santé mentale est en contact avec deux avocats constitutionalistes, en vue de faire annuler la loi de la ministre. « Nous faisons plusieurs choses : nous avons également lancés des groupes de concertations. Si, au niveau constitutionnel, cela ne fonctionne pas et que la loi passe, nous allons voir ce qu’il est possible de faire au niveau des Arrêtés Royaux, voir quelles mesures d’action nous avons dessus. »
Alter-Psy
Le collectif Alter-Psy se mobilise contre cette loi et compte introduire un recours en suspension de cette dernière. Françoise Raoult, représentante du collectif, avance comme arguments notamment que contrairement à ce que la ministre a annoncé « les mesures transitoires n’existent pas, ce sont en fait des dérogations que les professionnels devront demander, pour pouvoir exercer. Ceux qui n’ont pas suivi de formation en LEPSS au préalable ne pourront plus exercer du tout ». Il semble également y avoir des incertitudes quant aux diplômes délivrés par les universités. En effet « ces dernières ne sont pas en mesure de certifier qu’une personne dispose d’un Master en psychologie clinique, puisque la formation n’existait pas à l’époque. » Et à Mme Raoult de conclure : « Cette loi est extrêmement floue et il faut absolument obtenir des indications claires et précises de la part de la ministre. »
A suivre...
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