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La psychiatrisation masquée de la société

24/09/07
La psychiatrisation masquée de la société

Depuis quelques jours, une exposition sur les abus de la psychiatrie est organisée dans la Galerie Louise à Bruxelles. Une exposition "anti-psy" très discutable, indique la Libre Belgique.

L’exposition, déjà organisée à Paris en juillet, expose les "violations des droits de l’homme commise par la psychiatrie". Elle est organisée par le CCDH (Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme), co-fondée par l’Eglise de Scientologie. L’organisation veut dénoncer "la psychiatrisation masquée de la société, les vraies conséquences de l’abus des psychotropes comme la Ritaline sur les enfants", ou "la véritable histoire de la psychiatrie depuis ses origines".

En 14 tableaux télévisés, indique la Libre du 16 septembre, l’exposition explique que la psychiatrie est une "fraude", qu’elle tuerait davantage que les guerres, met en scène le régime nazi pour critiquer la psychiatrie moderne, affirme l’existence de liens entre cette science et l’industrie pharmaceutique qualifiée d’industrie de la mort (Industry of Death), ou parle d’un "plan d’ensemble pour dominer la culture".

L’expo se termine sur les "actions de la CCDH en faveur des réformes souhaitable de cette discipline controversée". Le visiteur est invité à répondre à un questionnaire, à fournir ses coordonnées, à devenir membre ou à contribuer financièrement.

L’Eglise de scientologie, dont émane la Commission, est qualifiée dans plusieurs pays de secte. En Belgique, elle est citée dans le rapport d’enquête parlementaire sur les organisations sectaires. L’église a aussi été inculpée pour exercice illégal de la médecine, organisation criminelle et extorsion, rappelle le quotidien.

Ce 21 septembre, le député André Frédéric, président du groupe de travail parlementaire sur les sectes, a annoncé dans le même journal le dépôt prochain d’une proposition de loi en vue de criminaliser "la déstabilisation mentale et l’abus de la situation de faiblesse des personnes".



Commentaires - 3 messages
  • Eglise de Scientologie, Moon, méditation ou tout autre groupe, qu'importe du moment qu'ils jettent un cri d'alarme devant cette nouvelle étape vers un état policier !
    Ne vous y trompez pas. Cet avant-projet de loi punissant l'abus de faiblesse ou d'ignorance nous est présenté comme un nouvel outil pour la lutte contre "la déstabilisation mentale et l'abus de la situation de faiblesse des personnes".
    Pourtant tout le monde n'est pas dupe. Monsieur Hervé Hasquin commentait justement la veille de la presentation de cet avant-projet de loi au Conseil des Ministres, en s'adressant au président du rapport du groupe de travail parlementaire sur les sectes, André Frédéric :
    « Je rappellerai que l'arsenal législatif en la matière est extrêmement complet et il ne sert à rien de réinventer l'eau chaude. Il suffit simplement d'activer des lois qui existent ; on l'ignore trop souvent. Cependant, je reconnais que mettre l'accent sur ces questions vous attire la notoriété et provoque une certaine forme de publicité en attirant l'attention. Mais, indiscutablement, dans tous nos États démocratiques, sans exception, il existe tous les moyens de combattre ces fléaux.
    Ainsi, pour des problèmes relatifs à ces sectes dangereuses, la commission a émis son rapport, mais je ne peux pas la suivre personnellement quand elle va bien au-delà et ouvre des horizons qui, en tant que démocrate, m'inquiètent. ... Je ne suis pas pour une société cadenassée où il y a l'homme robot. Dans nos sociétés libres et démocratiques, il faut pouvoir accepter des marginaux, sans nécessairement les diaboliser. ... l'univers qu'on nous prépare, si on mettait en oeuvre toute une série de recommandations qui figurent dans ce rapport, est un univers effrayant..." »
    J'ai bien peur que, sous prétexte de "protéger" le vulgum pecus contre lui-même, Monsieur Frédéric et autres Onkelinx sont les promoteurs d'une société à pensée unique, sans originalité, ni libertés, si ce ne sont celles faites lois, dictées dans le cadre rachitique des limitations de leur propre esprit. Ceux là détruisent la démocratie.

    Marc Beelen vendredi 12 octobre 2007 17:38
  • Quelle ironie du sort, en effet, que ce soit la Scientologie décriée par les médias comme une secte, qui lance ce cri d'alarme face à la fraude internationale qu'est la psychiatrie.
    La psychiatrie est tellement engrainée dans les fibres même de notre société qu'en premier abord on peut trouver choquant de simplement oser la mettre en question. Pourtant, les preuves de son inefficacité abondent. Il suffit de regarder.
    Cette inefficacité bien enrobée sous un emballage pseudo-scientifique et chatoyant de fausses promesses telle "la pilule du bonheur", si chère à l'industrie pharmaceutique, n'est autre qu'une drogue légale mais non moin léthale que les drogues vendues par les dealers.
    Un article dans Le Figaro du 24.04.2006 donne un aperçu des dessous de la psychiatrie.
    Psychiatrie : des experts trop liés à l'industrie
    ÉTHIQUE
    La majorité des auteurs du principal manuel de diagnostic des maladies mentales sont liés financièrement à l'industrie pharmaceutique.
    LE SOUPÇON circulait depuis vingt ans dans le milieu psychiatrique.
    Mais la preuve vient d'en être administrée par une chercheuse américaine : la moitié des experts psychiatres qui ont participé à la rédaction du plus célèbre manuel de classification diagnostique des maladies mentales (le DSM4 *) sont payés par l'industrie pharmaceutique, qui fabrique justement les médicaments utiles dans ces maladies. Lisa Cosgrove, chercheuse à l'université du Massachusetts de Boston, a publié le 21 avril, dans la revue Psychotherapy and Psychosomatics, le résultat d'une enquête très fouillée sur les liens des experts avec l'industrie: sur les 170 membres des groupes de travail ayant participé à l'élaboration de ce manuel, 95 (soit 56 %) ont une ou plusieurs attaches financières avec des firmes. Une enquête révélée jeudi dernier par le New York Times.
    Dans certains groupes, comme le panel sur les « troubles de l'humeur », ou le groupe « schizophrénie et autres maladies psychotiques », 100 % des experts ont des liens financiers les attachant aux firmes. Depuis vingt ans, le DSM4 est l'objet de critiques renouvelées régulièrement d'une minorité active de psychiatres « classiques », Ceux-ci accusent l'American Psychiatrie Association d'avoir fait disparaître la psychiatrie clinique « au profit de classifications, manifestement non phis basées sur le dis discours des patients sur leur souffrance, mais plutôt sur l'efficacité des médicaments », estime le Dr Jean-Louis Chassaing, psychiatre à Clermont-Ferrand.
    « Peu à peu, on a éliminé de ce classement toutes les entités difficiles, comme les formes déficitaires de schizophrénie, qui justement ne répondent pas aux médicaments », ajoute le Pr Edouard Zarifian (CHU de Caen).
    Assez récemment, un jeune retraité d'un laboratoire pharmaceutique a expliqué à l'un de nos interlocuteurs que le concept <• d'attaques de panique », qui est classé dans le DSM4, avait été spécifiquement élaboré par Donald Klein pour le laboratoire Upjohn qui allait mettre sur le marché le médicament Xanax. Les critiques et les exemples pleuvent : les psychoses maniaco-dépressives sont devenues dans le SM4 des troubles bipolaires, censés être bien plus fréquents : chaque patient peut ainsi s'approprier ce diagnostic, pour réclamer un traitement à son médecin !
    Une bible influente
    Or le DSM4 est devenu une bible qui sert notamment lors des conférences de consensus sur les pathologies mentales : il influence donc profondément le mode de
    pensée, les décisions thérapeutiques et les stratégies de santé publique de la plupart des pays.
    Lisa Cosgrove a identifié les membres des panels puis recherché, dans les publications médicales,quels étaient les auteurs qui avaient fait des déclarations de
    conflits d'intérêt fies revues savantes réclament de plus en plus cette précaution minimale). Elle a également recherché dans des bases de données d'éventuelles
    participations à des travaux financés par l'industrie.
    La chercheuse et ses collègues ont établi que les liens financiers des membres des groupes du DSM4 appartiennent à des catégories très différentes : des simples honoraires aux salaires de consultants, en passant par des paiements en actions
    industrielles ; les psychiatres peuvent être au conseil d'administration d'une petite compagnie startup liée à un géant de la pharmacie, ou directement membres payés
    d'un conseil scientifique d'une firme ; ou recevoir des crédits ou des contrats de recherche.
    Le Dr Michael First (Université de Columbia, New York), qui a coordonné le travail de tous les groupes, se récrie : « A aucun moment, à aucun niveau des discussions,
    l'influence des firmes n'a pu se manifester, » II en veut pour preuve que les groupes doivent voter à l'unanimité pour passer au niveau supérieur d'intégration au manuel
    DSM4. Il faudrait donc, selon lui, aller contre le consensus du groupe pour qu'une « taupe » au service d'un industriel fasse valoir le point de vue de son maître. Mais l'argument tombe si les 170 experts ont intégré une vision de la psychiatrie
    biologique proche des intérêts industriels. Comme en semblent persuadés le psychiatre britannique David Healy (Université de Galles) ou le Pr Irwin Savodnik (Université de Californie) : ces deux « résistants » sont persuadés que le vocabulaire psychiatrique lui-même est défini par les laboratoires.
    • DSM4 : quatrième édition du Diagnostic and statistical manual of mental disorders.
    JEAN-MICHEL BADER
    Que M. André Frédéric se dresse contre ceux qui s'opposent à cet arnaque à grande échelle, le classe simplement parmis ceux qui en bénéficient. Si on regarde notre monde politique, on s'apercevra qu'il se porterait bien mieux avec quelques "André Frédéric" en moins.

    Rachid vendredi 19 octobre 2007 15:42
  • Le sujet de la psychiatrie, et surtout celui de son utilisation abusive sont en effet trop peu connu. Cette exposition a eu le mérite d'en parler. J'espère que d'autres vont suivre, et surtout j'espère que nos élus seront interpellés par les violations des droits de l'homme commisent par la psychiatrie et vont faire quelque chose à ce propos pour protéger les citoyens de tout âge contre ces abus. C'est bien face à ce genre de danger que la proposition de loi de M. André Frederic aurait son utilité.

    Rachelle Van Damme mercredi 31 octobre 2007 16:43

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