Sorties à l’hôpital interdites : les cliniclowns frustrés

Interdits de visites à l’hôpital et dans les maisons de repos depuis le début de la pandémie, les cliniclowns ne peuvent plus remplir correctement leur rôle auprès des patients, celui d’apaiser les souffrances par le rire et la joie. C’est un sentiment de frustration qui en ressort.
Pour ces cliniclowns au grand cœur, l’interdiction des sorties à l’hôpital et dans les maisons de repos est un coup fatal. Il ne leur est dorénavant plus possible d’approcher les patients ni le personnel soignant. Cette absence d’interaction physique se traduit par de la frustration.
Les clowns, qui viennent jusqu’à 4 à 5 fois par mois, jouent un rôle vital dans ces milieux non seulement pour les patients mais aussi pour les soignants car ils aident à relâcher la pression chez le personnel souvent surmené. Actuellement dans l’impossibilité de rendre visite, les bénévoles ont dû trouver d’autres moyens pour soutenir les malades.
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Des visites originales
La crise a conduit les cliniclowns à faire preuve de créativité afin de garder contact avec les patients. Parfois, cela passe par un service virtuel. Par exemple, Pyjama a fêté l’anniversaire d’une résidente des Heures claires à Spa au travers d’une tablette. "Au départ, elle se demandait ce qu’il se passait parce qu’elle ne me reconnaissait pas. Et puis j’ai commencé à danser, la dame a reconnu ma voix et finalement elle s’est rapprochée de l’écran et elle a commencé à danser aussi. Donc c’était extraordinairement génial”, raconte-t-il à la RTBF. D’autres fois, les clowns accomplissent leurs performances de l’extérieur. C’est le cas de Coupoureux qui, avec sa guitare Bob l’éponge et de sa voix mélodieuse, entonne des chansons depuis le jardin ou la fenêtre des résidences.
"Nous n’avons plus cette proximité avec le patient”
Les performances en virtuel ou depuis l’extérieur ne compensent toutefois pas l’interaction en face à face avec les équipes car le contact physique joue un rôle primordial dans le métier de cliniclown : "La base c’est le relationnel, et le relationnel tangible je dirais : donner un petit bisou, donner la main, pouvoir entourer. Ça nous manque énormément. Et aux patients aussi, ils nous le disent", explique Pyjama à la RTBF.
Être cliniclown, ce n’est pas seulement savoir jouer la comédie et faire rire les gens, c’est aussi savoir être à l’écoute. A côté du personnage de guignol, les clowns prêtent une oreille attentive aux malades. Pour certains, qui ne reçoivent aucune visite, ces bénévoles représentent une épaule sur laquelle s’appuyer. Or, les entretiens individuels suspendus, les patients ne peuvent plus confier leurs craintes ni leur quotidien. "Nous n’avons plus cette proximité avec le patient. On ne sait plus être à l’écoute, il ne sait plus nous parler de son histoire de vie ce qui, pour certains, est quelque chose d’indispensable. Il faut se dire qu’il y a des patients qui n’ont personne, aucune visite. Quand ils savent que les cliniclowns arrivent, ils sont tout heureux, en effervescence. Quand on vient, on leur permet d’oublier leur sort”, déclare AkunaMatata au média.
En attendant une possible date pour la reprise des sorties, les cliniclowns restent optimistes et communiquent leur joie de vivre aux patients comme ils peuvent.
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