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Emploi des personnes handicapées : peine perdue ?

30/07/14
Emploi des personnes handicapées : peine perdue ?

Comment faire pour améliorer l’accès au marché du travail des personnes handicapées ? Et surtout, comment faire pour faire évoluer les mentalités ? Eléments de réponses avec l’émission Connexions de la RTBF.

L’émission Connexions de Matin Première a mis l’emploi des personnes handicapées au cœur du débat suite à la condamnation d’Emmanuel Deroubaix, accusé de discrimination envers le journaliste François Colinet, moins valide, lors d’une interview.

Des mesures peu contraignantes

Comme le rappelle l’émission, il existe déjà plusieurs mesures pour améliorer l’accès au travail des personnes handicapées. Un quota d’embauche de 2,5 à 3% des personnes handicapées dans la fonction publique existe, mais uniquement dans ce secteur. Il est également obligatoire d’aménager des espaces dits « raisonnables » afin que la personne moins valide puisse travailler dans de bonnes conditions. La Belgique n’est clairement pas la meilleure élève en la matière, de nombreuses mesures doivent encore être mises en application.

Une loi contre la discrimination

Mais plus concrètement, et l’affaire ci-dessus l’illustre bien, il existe une loi interdisant la discrimination, rappelle Jozef De Witte, Directeur du centre interfédéral pour l’Egalité des chances. « Il faut l’appliquer ». Mais ce n’est pas l’unique moyen, insiste le directeur. « La sensibilisation des entreprises et notamment la formation des responsables RH est capitale pour intégrer les personnes handicapées dans le monde du travail ».

L’employeur a le droit de licencier

Mais comment maintenir quelqu’un à un emploi suite à un accident de parcours ? A cela, M. De Witte se désole : « un employeur peut se permettre de licencier un employé après plusieurs mois d’arrêt maladie. Cela ne tient pas la route ! Nous plaidons depuis longtemps de revoir cette législation afin d’obliger l’employeur à réfléchir quant à la manière de réinsérer son employé dans la société et de le maintenir au travail ».

Aménagements raisonnables

Aucun projet politique ne prévoit de faire des « aménagements raisonnables » dans les bâtiments publics et de les rendre ainsi accessibles. Un fait « assez scandaleux car la Belgique a ratifié la convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, ce qui oblige à mener des actions politiques », rappelle M. De Witte.

Politique des quotas

La politique des quotas d’embauche est controversée, nous rappelle l’émission. Si les uns y voient une solution pour améliorer l’accès au travail des moins valides, d’autres, y compris les concernés, n’y sont pas favorables, préférant être engagés pour leurs compétences et non leur handicap. En France et au Luxembourg par exemple, les quotas sont plus contraignants.
Selon M. De Witte, «  les quotas sont la dernière mesure à prendre lorsque tout a échoué. Malheureusement, les politiques belges ne fonctionnent pas assez bien ». Les quotas posent problème aussi : « qui est handicapé et qui ne l’est pas ? », s’interroge-t-il alors, d’où le débat sur la définition du problème en lui-même. Insérer des personnes handicapées au travail relève souvent du cas par cas et demande un contrôle et une administration lourde.

Faire évoluer les mentalités

Il s’agit vraiment de faire évoluer les mentalités et d’insérer un politique de diversité d’entreprise rebondit alors Jozef De Witte. Et de conclure : « Que voulez-vous ? Un bon collaborateur ? A ce moment-là, ne regardez pas son handicap mais sa contribution ».

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