L'ASBL Château Vert : "Mon état d'esprit est teinté d'optimisme"

Marc Asselbourg, le directeur de l’ASBL « Le Château Vert », qui encadre trois services destinés à l’accueil et l’hébergement de personnes en situation de handicap, poursuit notre série de « 3 Questions à ». Il aborde les changements induits par la crise sanitaire que son secteur traverse et s’efforce de véhiculer un message plein d’optimisme. Malgré les inquiétudes, l’association espère surtout sortir de la crise encore plus forte et plus solide, afin de continuer de venir en aide aux personnes présentant un handicap moteur.
Guide Social : Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre ASBL : « Le Château Vert » et nous dire quelles sont vos actions ?
Marc Asselbourg : L’ASBL Le Château Vert a pour objet social l’accueil et l’hébergement de personnes présentant prioritairement un handicap moteur au sein de trois services. Le Service Résidentiel pour Jeunes (S.R.J.) héberge 39 mineurs d’âge répartis en trois lieux de vie. Ceux-ci fréquentent l’enseignement spécialisé qui se trouvent à quelques encablures de leur lieu de vie. Le Service Résidentiel pour adultes (S.R.A.) héberge 37 bénéficiaires répartis en quatre lieux de vie et le Service d’Accueil de Jour (S.A.J.A.) accueille 8 bénéficiaires vivant au sein de leur famille. Ces services visent la dignité de la personne. Cela se traduit par l’autodétermination et la recherche d’une qualité de vie de tous les instants. Une démarche articulée autour de 4 axes :
– La personnalisation et l’autonomie en matière d’hébergement
– L’individualisation et l’évolution des soins
– La diversité et la richesse des activités internes et tournées vers l’extérieur
– L’ouverture et la créativité en matière de partenariats
Pour accomplir ces missions, il faut compter 85 équivalents temps plein soit 110 personnes.
"Cette situation pourrait avoir un impact psychologique et faire régresser certains enfants en plein développement"
Guide Social : Quelles conséquences ont été engendrées par la crise sanitaire que nous traversons ?
Marc Asselbourg : Dès le 11 mars 2020, suivant des directives de l’AVIQ, nous avons débuté le confinement. Cela s’est traduit par la fermeture du service d’accueil de jour, des retours en familles non autorisés, des visites des familles non autorisées ainsi qu’une interruption des activités extérieures et de la scolarisation.
La majorité de nos résidents sont restés dans la structure (68 sur 76), mais ce confinement a fait des dommages. D’abord, sur les projets de vie de nos usagers, qui, pour la plupart ambitionnent de développer une vision d’inclusion et d’activités extérieures à valorisation sociale. C’est pourquoi nous prônons des retours en famille les plus nombreux possibles. Nous souhaitons des contacts sociaux les plus variés pour nos résidents. Or, tous ces contacts ont cessé brutalement. Cette situation pourrait avoir un impact psychologique et faire régresser certains enfants en plein développement.
Le second impact est d’ordre sanitaire. Dès qu’une personne présente une hausse de température ou des symptômes respiratoires, cela peut résulter en un isolement en chambre d’une durée de 14 jours. Ce qui est péniblement vécu par résidents et personnel. Par conséquent, l’émotion impacte nos décisions et peut prendre le pas sur la raison.
Enfin, il faut encore ajouter le désordre général dans lequel nous sommes plongés par nos pouvoirs de tutelle. On ressent une forme de cafouillage. Entre l’annonce du confinement, le manque d’équipement de protection. Même chose pour les masques ! D’abord distribués, reconnus comme conformes, puis refusés pour non-homologation et annoncés en attente de confirmation. Tout cela sans compter l’attente d’un dépistage massif des bénéficiaires comme du personnel.
Et dans tout cet imbroglio d’informations parfois contradictoires, des décisions sont à prendre ! Dans l’attente d’un dépistage total, nous avons opté pour une aile de 4 lits prévus pour des personnes dont la contamination est suspectée. Mais cette organisation devra être revue lorsque le dépistage général sera effectué.
"Un optimisme et une reconnaissance pour le travail des équipes sur le terrain"
Guide Social : Quel est votre état d’esprit à l’heure actuelle, alors que votre ASBL est confrontée à ces difficultés ?
Marc Asselbourg : Malgré l’inconnu, mon état d’esprit est toutefois teinté d’optimisme. Un optimisme et une reconnaissance pour le travail des équipes sur le terrain. Pour la résilience présente lorsqu’une personne se verra diagnostiquée positive. Pour la reprise des projets de vie des bénéficiaires. Certes, cet état d’optimisme est conditionné par la mise en place d’un confinement optimal. Ce ne sera pas une mince affaire car il conviendra d’anticiper et faire faces aux nombreuses inconnues. Je me questionne sur les améliorations à apporter dans notre travail.
J’ose espérer que la santé du bénéficiaire sera mieux prise en compte en termes, globalement. Que des normes d’accompagnement en soins infirmiers feront partie des normes d’accompagnement de l’AVIQ. Cela passera par l’alignement d’un budget sur les besoins des bénéficiaires. De fait, ce message est assez optimiste et se veut confiant dans les équipes de terrain.
Alors n’oublions pas nos projets ! La construction de groupes de vie supplémentaires dans les deux ans. Offrir de meilleures réponses aux besoins de nos résidents. Des infrastructures répondant mieux à l’autonomie, l’ouverture et l’intimité que nous voulons pour nos résidents. Ces locaux permettront un accompagnement sur la durée.
Propos recueillis par C.D.
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