Lenteur des subsides, précarité des ASBL : l’A.L.F.A. dénonce une situation intenable

Les retards dans le versement des subsides mettent en péril le fonctionnement des ASBL en Wallonie. L’ASBL A.L.F.A., active dans le soutien aux personnes souffrant d’assuétudes, en est un exemple frappant : elle a attendu près d’un an pour un subside essentiel de 280.000 €, menaçant directement ses 25 employés et ses bénéficiaires. Entre recours à l’emprunt et incertitudes pour l’avenir, l’association tire la sonnette d’alarme. MonSBL.be a récolté son témoignage poignant et son appel à l’action.
C’est un coup de gueule que vient de pousser l’ASBL A.L.F.A. (Aide Liégeoise aux Alcooliques, aux toxicomanes et à leur Famille) sur les réseaux sociaux. Ce service de santé mentale, spécialisé dans le traitement, la prévention et la réduction des risques en matière d’assuétudes, déplorait il y quelques jours n’avoir toujours pas perçu le moindre euro d’un subside total de 280.000 €, dont la majeure partie aurait dû lui être versée au 1er trimestre 2024, soit il y a près d’un an ! « Malgré nos multiples relances -appels, e-mails, demandes de rendez-vous, interpellations parlementaires, contacts privés- la seule réponse obtenue est "Attendez 15 jours et rappelez-nous". Combien de fois devrons-nous encore entendre cela ? », s’interrogeait l’association.
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Un subside essentiel pour payer les salaires, les frais de fonctionnement,…
Le subside en question concerne le Service Aide en ligne (www.aide-alcool.be), un projet lancé en 2012 qui s’adresse à un large public et offre l’accessibilité et la gratuité à des informations claires en matière d’alcool, ainsi qu’un accompagnement de qualité garantissant l’anonymat et assuré par une équipe de psychologues cliniciens. Une aide particulièrement précieuse pour des personnes ayant un emploi du temps difficilement compatible avec les heures d’ouverture des services existants, ayant de lourdes charges familiales ou des difficultés à se déplacer.
Pauline Aprile, Directrice administrative de l’A.L.F.A., nous a expliqué en détail la problématique à laquelle l’ASBL était confrontée : « Dans le cadre de ce projet pluriannuel, le gouvernement wallon analyse notre demande en partenariat avec l’Aviq (L’Agence wallonne pour une vie de qualité, ndlr) et prend ensuite sa décision finale par rapport à la pertinence de notre projet. Il donne alors ses directives à l’Aviq, chargée de nous informer des délais de versement du subside. Concrètement, nous percevons chaque année 280.000 €, un montant qui nous permet de rémunérer les personnes qui collaborent au projet, ainsi que de payer les frais de fonctionnement, la plateforme internet etc. Nous recevons dans le courant du 1er trimestre une avance de 196.000 €, suivie du solde quelques mois plus tard. Parallèlement, chaque année, nous devons rendre un rapport expliquant en détail les résultats concrets déjà obtenus. Tous nos documents ont été envoyés dans les délais requis. »
Or, les élections régionales de juin 2024 semblent avoir grippé une mécanique qui paraissait bien huilée : « Du fait des élections qui approchaient, suivies d’un changement de majorité, on nous a expliqué que cela avait occasionné un retard dans l’analyse des demandes. C’est la seule justification reçue à ce jour. »
Obligée d’avoir recours à un emprunt
L’association a donc tenté à de multiples reprises d’en savoir plus, en contactant aussi bien des responsables de l’ancienne majorité que de la nouvelle. Sans succès : « À chaque fois que nous sollicitions un rendez-vous, on nous demandait de rappeler ultérieurement ! Quant à l’Aviq, nos interlocuteurs semblaient impuissants par rapport à l’immobilisme de la Région. »
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