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L'IPPJ de Forest inquiète

21/03/18
L'IPPJ de Forest inquiète

La future IPPJ de Bruxelles, située sur la commune de Forest, ne fait pas que des heureux. En effet, parmi les riverains, beaucoup craignent de voir s’implanter cette structure, qui s’occupe de jeunes délinquants. Le ministre en charge de l’Aide à la Jeunesse, Rachid Madrane, à l’origine du projet, a tenu à rassurer et à réexpliquer les objectifs poursuivis par l’institution.

Début 2019, les travaux de réaménagement de l’ancien internat Victor Horta situé à Forêt démarreront, avec comme objectif de transformer la structure pour en faire la première Institution Publique de Protection de la Jeunesse bruxelloise. Initié par le ministre en charge, Rachid Madrane, le projet ne fait cependant pas que des émules, surtout chez les riverains. En effet, ceux-ci reprochent au ministre le manque de concertation avec la commune et les habitants. Rachid Madrane a tenu à rassurer.

Le projet ?

Le ministre avait annoncé dès le début de la législature sa volonté de développer un projet innovant à Bruxelles pour les jeunes ayant commis un fait qualifié d’infraction. Ce projet se concrétisera à Forest, dans l’ancien internat pour garçons de l’Athénée Royal Victor Horta, comme il a pu l’annoncer lors d’une conférence de presse le 12 mai 2017.

Aujourd’hui, les 6 IPPJ de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont situées en Wallonie en tournée dans les établissements, le ministre s’est rendu compte de la difficulté que rencontraient certaines familles bruxelloises lorsqu’elles souhaitaient rendre visite à leur enfant, parce que les distances sont parfois importantes et qu’il n’est pas toujours possible de s’y rendre en transports publics.

Pour atteindre certaines de nos IPPJ, les parents prennent parfois une matinée, voire une journée entière aller-retour, sans compter le fait qu’il s’agit d’un lourd coût financier pour des familles qui sont souvent précarisées sur le plan économique. Or près de 50% des jeunes placés sont Bruxellois.

 [A lire] : Une nouvelle IPPJ à Bruxelles en 2020

Le choix de Bruxelles

Les longues distances rendent difficile le travail de réinsertion du jeune, la famille étant un élément central de réussite. D’où l’idée d’ouvrir une structure au sein de la Région bruxelloise qui permette de réaliser un réel travail de réinsertion avec le milieu de vie du jeune, avec l’environnement social, et surtout avec la famille, même si cette structure ne sera pas réservée aux jeunes Bruxellois. Elle sera ouverte à tous les jeunes FQI de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Régime ouvert, oui, mais encadré !

Cette IPPJ, qui comportera 3 sections ouvertes (2 sections de 10 places pour les garçons et 1 section de 10 places pour les filles) accueillera des jeunes dont on peut déjà travailler à la réinsertion. Il ne s’agira donc pas des cas les plus graves. Ceux–là sont accueillis en IPPJ fermée. Et toutes les mesures de sécurité nécessaires seront évidemment prises pour que l’IPPJ s’insère au mieux dans le quartier.

Rappelons qu’une IPPJ en régime ouvert n’est pas une IPPJ « portes ouvertes ». Les jeunes ne peuvent pas en sortir quand ils veulent et traîner dans le quartier. Si elle est dite « ouverte », c’est que le jeune peut être scolarisé à l’extérieur ou effectuer des activités dans un club, une association à l’extérieur. Mais ils sortent à des heures précises et doivent directement après, et l’encadrement est important.

 [A lire] : Les séjours de rupture, une réelle alternative à l’IPPJ ?

Une structure innovante

L’IPPJ de Forest propose plusieurs innovations dans la prise en charge de ces jeunes. La volonté est de créer une institution en lien avec la cité, ses écoles, ses associations, les institutions publiques de formation pour pouvoir travailler très concrètement à l’insertion sociale du jeune, à sa réinsertion scolaire, à l’acquisition de savoirs donnant accès à l’emploi. Une autre innovation est que cette nouvelle IPPJ sera, pour la première fois, mixte sur le même site, avec deux sections pour garçons et une section pour filles.

Rachid Madrane considère comme très important aussi de pouvoir poursuivre le travail entamé avec le jeune au-delà de son placement. C’est pourquoi elle comptera aussi ce qu’on appelle un service « d’accompagnement post-institutionnel » (16 prises en charge pour les garçons et 4 pour les filles).

On y trouvera aussi quatre « kots de transition supervisés », où des jeunes pourront s’initier à l’autonomie avant de prendre celle-ci à leur majorité, après leur placement en IPPJ (par exemple des jeunes proches de leur majorité dont le retour en famille n’est plus possible).

 [A lire] : Quand la logique protectionnelle montre ses limites

Une concertation avec la commune

Le projet avait été plutôt bien reçu par les riverains. Le Bourgmestre de Forest avait organisé une réunion d’information qui s’était bien passée. D’autres réunions avec les riverains sont évidemment prévues dans les mois à venir, pour répondre à leurs questions et inquiétudes éventuelles avant l’ouverture de l’IPPJ. L’Aide à la Jeunesse est un sujet important. Il faut pouvoir trouver des solutions aux situations de ces jeunes en difficulté sans verser dans l’instrumentalisation des peurs.

Par ailleurs, ce nouveau lieu apportera une réelle plus-value à la commune : une nouvelle salle de sport sera construite et bénéficiera également aux clubs de la commune. On a aussi évoqué des problèmes de parking : des parkings seront prévus sous le site pour les membres du personnel, ils ne vont pas engorger le quartier.Le tissu associatif local sera également associé, ainsi que les écoles actives sur le territoire de la commune.



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