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Maisons de repos privatisées : quel impact sur les professionnels ?

18/06/14
Maisons de repos privatisées : quel impact sur les professionnels ?

De plus en plus de maisons de repos passent sous la main de grands groupes européens, mus par une logique de rentabilité. Cela modifie en profondeur l’organisation des soins et les conditions de travail du personnel.

Lire le dossier : Les maisons de repos aux mains des holdings privés

« Horaires coupés, augmentation des intérimaires, tâches morcelées, personnel qui tourne souvent… », c’est le constat peu flatteur des conditions de travail dans les maisons de repos privées que dresse Anne Jaumotte, chargée de projet à Eneo, mouvement social des aînés. «  On se rapproche des conditions du secteur du nettoyage ! », déplore-t-elle.

Une gestion industrielle

Yves Hellendorf (CNE) dénonce également ce qu’il qualifie de « gestion industrielle » des maisons de repos aux mains des holdings : « Les grands groupes nomment un « directeur officiel » mais dans les faits celui-ci n’a absolument rien à dire, il dépend d’une direction centrale basée à Bruxelles au mieux, mais elle souvent à l’étranger. Ce qui a pour conséquence une uniformisation des processus et des décisions prises à l’emporte-pièce ». Et de citer l’exemple d’Orpea, l’un des leaders dans la prise en charge des maisons de repos en Europe dont le siège social est à Bruxelles, mais dont toutes les décisions se prennent en France pour tous les établissements.

Service minimum

« Dans les maisons de repos aux mains des holdings, poursuit Anne Jaumotte, « on observe un respect des normes à la virgule près ». Autrement dit, si les normes imposent dix infirmières, il n’y en aura pas une de plus.« Si le gestionnaire décide d’engager plus de personnel, il devra rendre des comptes », témoigne Yves Hellendorf, « et un directeur qui revendique trop ne fait pas souvent long feu. Dès qu’ils défendent leur personnel, rapporte-il, ils sont virés. La valse des directions est grande ».

Dans des maisons de repos privées plus luxueuses, la situation n’est guère meilleure. Ainsi, rapporte Yves Hellendorf, « une infirmière s’est faite remerciée car elle ne correspondait pas au standing de l’établissement ».

Traités comme des produits commerciaux

Cette gestion n’est pas sans conséquence sur les usagers. «  Le matériau humain est traité comme un produit », regrette Anne Jaumotte. Et Yves Hellendorf d’illustrer avec ce propos évocateur qui lui a été rapporté à propos des repas : « Tous les soirs, c’est tartine jambon fromage, rien d’autre ! ».

Ailleurs en Europe,des scandales d’abus et de maltraitance des personnes âgées ont éclaté liés aux mauvaises conditions de travail. « Un patient a besoin de stabilité, de faire confiance au personnel, or actuellement on est pas dans cette logique. C’est dommageable pour les résidents et très difficile à gérer pour le personnel ! Tout le monde s’épuise », conclut Anne Jaumotte.

Manon Legrand

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Commentaires - 2 messages
  • Super!!! Ce n'est qu'un pas de plus dans l'imbécilité de ce système de profit dont je fais partie et que j'essaie de transformer à ma petite échelle! Notre système capitaliste engendre toutes ces horreurs humaines, allez! debout tous le monde et bougeons nous ;-)

    Cajoulita jeudi 19 juin 2014 11:38
  • Effectivement, cela ne peut qu'intensifier la méfiance et le rejet des aînés et de leurs familles. De plus, les reproches qu'engendrent inévitablement pareils modes gestion dans un domaine où - tout de même - le politique et le business ne devraient pas primer, ces reproches risquent d'être adressés aux professionnels qui n'y sont donc pour rien et détériorera l'image de ces
    métiers déjà peu considérés financièrement. Or, ce n'est que par l'accès aux responsabilités que de la promotion peut advenir dans ces fonctions, et on les attribue à ceux qui n'ont pas fait leurs armes (sic) dans
    le quotidien des seniories, et on pénalise ainsi les
    vrais professionnels concernés et faisant barrage à toute forme d'ascension sociale. Et là je n'ai donc parlé que des torts faits au personnel, mais que dire de ceux faits aux seniors eux-mêmes ?

    guérande pierre jeudi 19 juin 2014 20:51

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