Ces patients sans demande, sans désir…
Qu’est-ce que la demande du patient ? Quelle est sa place dans le travail thérapeutique ? Et que faire avec ces patients qui, finalement, ne « veulent » rien ?
Elaborer la demande est un véritable travail en thérapie. Ambivalente, elle liée à celui qui la porte et également à qui la reçoit. Mettre au travail cette demande (ou éventuellement cette non-demande), entendre la souffrance et mettre au jour les conflits internes qui la constituent, consiste également à ne pas y répondre d’emblée, pour lui permettre de se déployer. Cette demande, à chaque fois particulière, condense en effet les représentations subjectives de tout rapport à soi et à l’autre.
Demande et désir
La demande concerne un objet. Le désir, lui, signe le manque et, par-là, ne vise que des objets substitutifs jamais satisfaisants. A travers nos actes, nos répétitions, tous ces objets que nous voulons obtenir, nous cherchons à atteindre, sans véritable succès, ce désir hors d’atteinte. Au fil du temps, ces demandes successives seront explorées, mises en mots, mais sans chercher à y répondre d’emblée. Cette absence de réponse immédiate permettra alors d’approcher, de border le désir qui les sous-tend.
L’autre demande
Et c’est justement parce que le thérapeute va tenir cette position, celle de supposer autre chose derrière la demande qui lui est adressée, que celle-ci va pouvoir s’élaborer, s’explorer, se travailler séance après séance. C’est parce que nous nous garderons d’y répondre que nous pourrons la faire émerger au-delà de ses objets partiels.
Pourquoi venir ?
Certains patients, cependant, ne semblent pas exprimer une souffrance qui explique, à leurs yeux, la poursuite de la thérapie. La remise en question régulière de l’utilité de ces rencontres au terme de la séance peut même devenir une sorte de rite permettant par-là d’exprimer des peurs et des attentes, une demande de réassurance par rapport à un espace de rencontre qui doit tenir ses promesses.
Demande pour autrui
Il arrive encore que cette demande ne soit pas portée par le patient lui-même mais par un tiers. Dans ce cas, il est important d’analyser les différents éléments et de prendre en compte les différents intervenants pour dégager les composantes inter et intra-psychiques et proposer, le cas échéant, un suivi davantage systémique.
Une demande circulaire
A chaque boucle tissée autour de cette demande, à travers les divers objets substitutifs qui tentent de border ce désir hors d’atteinte, le patient pourra peu à peu affiner sa position en la matière et mettre au jour ce qui fait de lui, radicalement, un être de désir.
DB, psychologue clinicienne
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