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Le cadre, repère indispensable ou carcan dogmatique ?

12/06/17
Le cadre, repère indispensable ou carcan dogmatique ?

La pratique clinique est truffée de conventions, de règles, parfois indispensables et parfois inutiles voire gênantes pour le travail psychique. Petite mise au point.

Le cadre est avant tout une butée qui permet de construire la relation thérapeutique. Il ne s’agit donc pas d’une bouée à laquelle s’accrocher pour ne pas se noyer, ni d’un écran de fumée permettant au clinicien de s’extraire de l’interaction en cours. Le cadre est un outil, et un outil précieux. Mais il n’est pas un dogme. Le fanatisme en la matière me semble à ce titre dangereux. La boussole qui sert de guide sera toujours la fonction de ce cadre, ce qu’il permet, et la façon de s’y appuyer pour servir ce qui se passe, dans le respect de soi et de l’autre.

Protéger le patient

Le cadre est là avant tout pour protéger le patient. Le secret professionnel est de mise, le respect est requis, comme l’absence de jugement, et le praticien ne nouera pas d’autres liens avec son patient en dehors de la relation thérapeutique. L’idée est bien sûr de créer un espace de parole sécure dans lequel le patient reçoit une certaine garantie de confidentialité et de probité.

Des compétences toujours limitées

Toujours dans l’intérêt du patient, il appartiendra au clinicien d’entretenir ses connaissances, de tenir à jour ses compétences, et de faire appel à un superviseur pour penser sa pratique. Mais il lui faudra aussi reconnaître les limites de ce savoir, savoir-faire et savoir-être, de s’interroger sur le suivi en cours et éventuellement de passer la main s’il apparait, pour toutes sortes de raisons, qu’il est souhaitable de procéder de la sorte.

Vous avez dit concessions ?

C’est certainement la relation qui prime, c’est-à-dire le lien thérapeutique. Ce lien est-il servi ou desservi par le cadre mis en place ? Quelle attitude face aux manquements, aux tiraillements ? Ces écarts, quand ils sont verbalisés, mis au travail dans la relation elle-même, peuvent servir le travail en cours. Manquer une séance de façon récurrente est une occasion de comprendre ce qui se (re)joue et le contexte émotionnel de cette façon de faire. Une annulation occasionnelle et motivée, par exemple, ne demande évidemment pas le même traitement.

Interpréter le cadre, jusqu’où ?

Il convient de se questionner d’abord, c’est indispensable, mais aussi d’entendre ce qu’en dit le patient. La question n’est pas de tenir aux règles envers et contre tout, comme un carcan qui fait tenir l’ensemble à coup de rigidité, mais de s’interroger de temps en temps sur l’utilité de notre cadre et sur ses freins. Pas dans une vision surmoïque de « ce qu’il convient de faire absolument » mais dans une mise au travail sereine de ce qui se joue. Et pour y voir clair, la supervision est indispensable.

De la mesure avant toute chose

La contingence est irréductible et charrie son lot d’imprévus. Mais c’est la confiance et le respect qui restent les contenants les plus efficaces. Maintenir le cadre envers et contre tout, au détriment du lien thérapeutique, c’est finalement desservir le cœur de ce qui se noue pour atteindre une neutralité illusoire. Mais un cadre sans aucune solidité, où tout se négocie, s’assouplit, se discute, c’est prendre le risque de réduire à rien l’espace thérapeutique. La justesse sera donc entre ces deux écueils.

DB, psychologue

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