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Confiance et contrôle dans le monde du travail : un juste milieu à trouver

12/11/18
Confiance et contrôle dans le monde du travail : un juste milieu à trouver

C’est un sujet assez délicat à aborder : le contrôle des travailleurs. En règle générale, les responsables sont assez mal à l’aise avec cette notion, à moins d’avoir été confrontés à des problèmes au sein de leur équipe. Souvent aussi, les travailleurs prennent difficilement le fait d’être contrôlés, un peu comme un affront à la relation de confiance supposée exister avec leur employeur. Pourtant, le contrôle est finalement essentiel à l’établissement d’une relation de confiance dans la durée.

Personnellement, en tant que travailleuse, je n’ai jamais trop apprécié d’être contrôlée. Je l’ai souvent vécu comme une méfiance concernant mon honnêteté professionnelle. J’avais besoin qu’on me fasse confiance pour m’épanouir dans mon environnement de travail. Pourtant, la confiance n’exclut pas le contrôle, que du contraire. Parfois, la confiance a besoin du contrôle pour se développer et s’épanouir.

Revenir aux bases

Si nous reprenons les bases d’un contrat de travail, nous, travailleurs, vendons notre force de travail à un employeur qui, en échange, nous rémunère. Nous sommes donc supposés effectuer un certain nombre de tâches / missions, en respectant un certain projet pédagogique / social / politique et dans un cadre déterminé, à la fois au niveau horaire, géographique, matériel, etc. Idéalement, nous sommes censés savoir précisément à quoi nous nous engageons, si ce n’est au niveau des tâches et du projet pédagogique, au moins en ce qui concerne les horaires, lieux de travail, etc.

Contrôle et recul

Selon les institutions, la personnalité, l’expérience et les compétences des responsables et des travailleurs, une certaine confiance peut s’installer au niveau de la manière de mener à bien les missions confiées, ou encore par rapport au respect du projet pédagogique de l’institution. Toutefois, nul n’a la science infuse et il semble tout à fait logique de pouvoir entendre remarques, conseils et feed-backs par rapport à son travail. Ne fut-ce que pour prendre un certain recul, parfois salutaire, ou encore pour étoffer sa pratique professionnelle de conseils parfois précieux. Contrôler que les missions sont menées à bien dans le respect du projet pédagogique, c’est aussi s’assurer que les usagers bénéficient pleinement du service. Lorsque le contrôle est bienveillant et respectueux, à la fois du travailleur et de son approche professionnelle, il peut être enrichissant.

Éviter les dérives

Un employeur rémunère un travailleur pour un certain nombre d’heures de travail par semaine, réparties en plages horaires. L’employeur a donc tout à fait logiquement le droit de vérifier que le travailleur honore bien sa part du contrat. Après tout, ce dernier est payé pour être à un endroit précis à un moment précis et effectuer un certain travail. Tricher par rapport à ça peut avoir de lourdes conséquences, car il s’agit en quelque sorte d’un vol … Et c’est ici que le contrôle prend toute sa place et a tout son intérêt, pour les deux parties.

Tuer le soupçon avant qu’il tue la relation

Imaginez un instant que vous commenciez à nourrir des soupçons importants par rapport à l’honnêteté de quelqu’un : vous allez lire tous ses faits et gestes à la lueur de vos soupçons et il vous sera très difficile de vous en défaire, surtout si vous n’avez pas de moyen objectif de les vérifier. Si vous confrontez la personne soupçonnée et qu’elle ne vous fournit pas une réponse satisfaisante, le doute grandira. C’est exactement la manière dont les choses se passent dans le milieu professionnel. Un employeur, ou celui qu’il délègue à la tête de l’équipe, est un être humain qui n’échappe pas à ce phénomène psychologique.

Protéger le travailleur

Malheureusement, lorsque des soupçons pointent, par exemple par rapport au respect des horaires, ils se répandent rapidement à d’autres niveaux et peuvent très vite polluer la relation professionnelle. Disposer d’un moyen pour contrôler que le travailleur est bien là où il doit être au moment où il doit y être et fait bien ce qu’il doit faire permet de dissiper le soupçon avant qu’il s’enracine. Cela coupe aussi le développement de jeux psychologiques malsains faits d’insinuations et de discours à double sens.

Assumer la mise en place de moyens de contrôle n’est pas aisé pour un employeur ou un responsable, à l’heure où le management se veut flexible, respectueux des rythmes de chacun, avec une vision centrée sur la tâche et non le temps, etc. Pourtant, ces moyens permettent d’éviter bien des dérives. In fine, cela protège le travailleur.

MF Travailleuse sociale



Commentaires - 1 message
  • Merci MF Travailleuse sociale pour cette vision angélique du rapport entre la confiance et le contrôle dans le monde du travail.

    Quentin VASSART dimanche 18 novembre 2018 18:41

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