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Le carnet de bord : un outil particulier en thérapie

25/04/19
Le carnet de bord: un outil particulier en thérapie

Soutien du travail en cours, objet médiateur, voire transitionnel, le carnet de bord peut être un allié précieux s’il est intégré à bon escient dans le travail thérapeutique. La mise en mots du cheminement intérieur est alors un outil de choix à proposer au patient.

Ce temps intime de l’écriture de soi, pour soi, comme objet de questionnement, comme creuset de son propre ressenti, forme une trace précieuse pour le cheminement thérapeutique. Il tissera la trame de ce qui mobilise le patient, dans l’ici et maintenant de chaque moment d’écriture. Il permettra la mise en lien de ces moments toujours subjectifs d’un parcours toujours singulier.

La catharsis

Coucher sur le papier ce qui nous agite, créer ainsi un espace d’expression, de liberté, agit comme une purge émotionnelle. Le patient, lorsqu’il dépose ce qui l’émeut, l’inquiète ou le blesse, au moment où il le décide, se rend acteur de cette purge, de ce nettoyage. Il expérimente la liberté de le faire comme il l’entend, pour lui-même. Ce qu’il en fera lui appartient. Le partage en séance est possible mais jamais obligatoire.

Dedans-dehors

Ecrire, c’est aussi mettre hors de soi ses propres pensées. C’est tracer au dehors l’agitation du dedans. Mais ce dehors est cadré, sécurisé. On est loin des épanchements incontrôlables qui se font sur la toile. On reste le propriétaire de cette extériorisation. C’est important pour le patient de se sentir à la fois le dépositaire et le destinataire de cette démarche. S’adresser à soi-même, c’est à la fois se donner la permission de tout se dire, et c’est aussi se reconnaître le droit au secret, fondamental.

Les liens

La mise en mots permet la mise en lien. Et donc, parfois, la mise en sens. On identifie mieux les déclencheurs, les schémas, les répétitions, les redondances, les thèmes qui reviennent et ceux qui s’évanouissent. La thérapie fait cheminer le patient dans ses méandres. Le journal de bord prend acte de ce cheminement, en lui donnant des points de rupture, des moments pour le penser, le questionner, l’observer. Le fil rouge se dessine peu à peu au fil des pages. Et peut à son tour être déposé en séance. Un circuit plein de richesses.

La temporalité

On le sait, la temporalité du travail psychologique n’est pas linéaire. Celle du carnet de bord non plus. A l’instar de l’inconscient, les images se déploient dans une appréhension qui est tout sauf rationnelle, construite. Et pourtant, les pages scandent sinon les moments de vie, au moins ceux de l’écriture. On peut relire ses questionnements passés, retrouver sa pensée d’il y a quelques mois, et mesurer les changements. Le patient peut aussi déposer le futur, ses objectifs, ses aspirations, ses craintes.

La créativité

Le carnet de bord, ce n’est pas que des mots les uns derrière les autres. Comme espace d’expression, de réflexion, il invite tout élément à même de faire sens. Le dessin, la couleur, les images, les photos, les tickets qui rappellent certains événements, tout est permis. Même les songes, les rêves, les poèmes, les métaphores : le patient est seul maître à bord et construit son outil comme bon lui semble.

Un allié secret

Souvent, le carnet s’invitera en séance. Et c’est très bien. Dans un accueil bienveillant et dans une autorisation permanente à la curiosité de soi, le thérapeute recevra alors des bribes de cet allié précieux. Mais il respectera toujours la liberté du patient de ne rien dévoiler de ses écrits. Parce qu’un carnet de bord qui serait condamné à la publicité, fusse-t-elle celle du thérapeute uniquement, ne peut s’envisager sans lui ôter une grande partie de son bénéfice.

D. Bertrand, psychologue

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