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Le travail social, un secteur au management hybride

13/12/17
Le travail social, un secteur au management hybride

On entend de plus en plus parler du burn out des travailleurs sociaux, mais aussi de grosses remises en question, voire réorientations professionnelles dans ce secteur, au turn-over de plus en plus important. Ce sont des phénomènes de société, à prendre avec tout le recul qui s’impose, mais ce sont aussi les conséquences de pratiques de management de plus en plus douteuses.

Le management des institutions sociales a évolué au fil du temps. Auparavant, les responsables d’équipes étaient souvent des personnes plus anciennes, ayant évolué avec l’institution et assumant de plus en plus de responsabilités. Leur rôle était principalement de l’ordre de l’organisation de l’équipe et du travail. Les relations avec la direction étaient plus souples, dans la mesure où les pressions à la « rentabilité » étaient moindres. De nos jours, indéniablement, il existe une certaine pression au rendement et des exigences de résultats qui poussent les responsables à manager leurs équipes différemment. Avec des conséquences parfois lourdes …

D’un financement stable …

Il fut un temps où les institutions sociales pouvaient compter sur un financement beaucoup plus stable qu’il ne l’est actuellement. Auparavant, on finançait des structures et des postes leur permettant de fonctionner. Cette optique assurait aux institutions la possibilité d’envisager une vision au long cours. Une telle stabilité influence grandement sur la manière de gérer le personnel : les travailleurs sont engagés dans une perspective de long terme, avec pour impératif que leur philosophie de travail soit en adéquation avec celle de l’institution.

... A une instabilité structurelle

Actuellement, ces financements sont réduits à peau de chagrin et, lorsqu’ils existent, les exigences pour en bénéficier sont beaucoup plus strictes, impliquent une certaine surcharge de travail et mènent à des financements limités dans le temps. Certaines situations sont telles qu’il faut engager pour satisfaire aux exigences permettant d’obtenir des moyens pour payer une partie des frais liés à un emploi … Quadrature du cercle, quand tu nous tiens. Ces financements instables et limités génèrent des contrats à durée déterminée qui deviennent la norme.

Un marché en déséquilibre

Aux financements limités, vient s’ajouter la donnée d’un marché du travail en total déséquilibre. Qui ne s’est pas retrouvé confronté à une centaine de ses pairs lors d’une procédure de recrutement, pour, à la clé, un boulot d’un an ? Une relation de travail est, au départ, la mise à disposition de compétences, force et temps de travail contre rémunération équitable. Avec un marché du travail sain, comme nous l’avons connu il y a quelques décennies, la relation est équilibrée et la négociation ouverte. De nos jours, le déséquilibre est tel, dans la majorité des secteurs, y compris le secteur social, que l’employeur peut fixer unilatéralement ses conditions.

Des conséquences concrètes

La combinaison d’un marché du travail en déséquilibre et de financements précaires génère comme conséquence le recrutement de personnes surqualifiées pour des postes sous-payés et à durée déterminée. Ces personnes seront souvent, parfois volontairement, parfois non, mises en concurrence pour l’obtention d’un hypothétique contrat à durée indéterminée. Elles connaîtront une surcharge de travail conséquente et n’oseront pas s’en plaindre, au vu de la conjoncture. Elles seront gérées par des responsables d’équipe ou d’institution qui ne sont souvent pas formés pour ces postes, n’ont parfois pas le bagage nécessaire pour assumer de telles fonctions et doivent eux-mêmes répondre à des pressions venues de leurs instances supérieures.

Une volonté politique

Comme cela a déjà été évoqué précédemment, nous sommes les garants de l’équilibre social et sociétal. Mais nous sommes aussi, dans l’ensemble, des personnes de bonne volonté, avec un objectif de service à la population qui est largement exploité par ceux-là même qui sont mandatés par ladite population pour être les garants de cet équilibre tant mis à mal.

MF, travailleuse sociale

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