L’après burn-out : "Dix ans plus tard, ce que j'en retiens !"
J’ai fait un burn-out il y a un peu plus de 10 ans. À l’époque, j’ai morflé, et pas qu’un peu. Aujourd’hui, je suis reconnaissante d’avoir vécu cette expérience et de l’avoir vécue relativement tôt dans ma carrière, car les enseignements que j’en ai tirés m’ont été et me sont encore extrêmement utiles. Petit tour d’horizon.
Déculpabiliser
Faire un burn-out n’a rien de honteux. On n’est ni faible, ni incompétent lorsque ça nous arrive. Ça arrive, voilà tout. Et de nos jours, ça arrive même de plus en plus. La littérature sur le sujet abonde, aussi je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais nos conditions de vie, de travail, de vie familiale, les injonctions sociétales etc. favorisent la multiplication de ce type de problématiques.
Faire un burn-out, c’est un peu avoir un symptôme d’une maladie sociale globale, ça n’est pas être soi-même un problème. Déculpabiliser permet de se concentrer sur l’essentiel : guérir, comprendre, prendre le temps du travail sur soi et aller de l’avant.
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Guérir
Un burn-out, ce n’est pas anodin. C’est même extrêmement violent pour le corps et le psychisme. C’est une épreuve qui nécessite avant tout du repos et de la bienveillance vis-à-vis de soi-même. Mais s’arrêter, c’est aussi faire face au vide et le vide, ça fait peur. Alors au bout de quelques semaines de repos, quand on va un peu mieux, la tentation est grande de reprendre le travail.
Nécessité financière, peur de l’étiquette, mais aussi, et surtout, peur du vide. Faire face au vide, c’est faire face à soi, à ses propres fragilités, à ce que cette expérience signifie pour soi et ça, c’est terrifiant. Pourtant, reprendre le travail trop tôt, c’est un peu comme aller à la piscine avec des points de suture encore frais. Mauvaise idée donc.
Comprendre
Un burn-out est une occasion en or de se pencher sur ses propres failles et fragilités. Comment se fait-il que je sois allée aussi loin dans mes retranchements ? Que j’ai vidé toutes mes réserves à ce point ? En comprenant ses propres mécanismes, on apprend à mieux se connaître, à identifier certains déclencheurs, à repérer les environnements qui nous sont toxiques et à éviter de répéter l’expérience.
Dans mon cas, ce fut une combinaison explosive de perfectionnisme, d’incapacité à dire non, de conscience professionnelle poussée à l’extrême, le tout dans un environnement de travail toxique. Classique. Prendre le temps du repos, de la reconnexion à soi, du travail sur soi permet de faire de cette expérience difficile une vraie force et un réel atout pour le reste de sa vie professionnelle.
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Prendre le temps
Pour moi, reprendre le travail après un burn-out n’est envisageable qu’à partir du moment où on se sent suffisamment solide et ancré, renforcé par l’expérience, que l’on a travaillé sur soi. Ça peut prendre des mois et c’est ok. Que sont quelques mois au regard d’une vie ? Une carrière complète : 45 ans, 540 mois de travail.
Quelques mois pour aller mieux, ce n’est pas grand chose. Recommencer prématurément, c’est risquer un retour de bâton dans les semaines ou mois qui suivent, avec le danger de tomber encore plus bas et de se culpabiliser encore plus.
Aller de l’avant
Un burn-out est intimement lié à un environnement de travail. Reprendre le travail après un burn-out revient à se poser la question de l’adéquation de cet environnement de travail pour soi. Malheureusement, peu d’institutions, de responsables, de directions se remettent en question suite à ce genre d’épisode, aussi, c’est au travailleur de se demander s’il est ou non judicieux et sain pour lui de reprendre le travail au même endroit.
Parfois, certains aménagements sont possibles, parfois non. Certaines résolutions et attitudes nouvelles ne feront même pas sourciller, à notre plus grand étonnement, là où d’autres passeront difficilement. Reprendre au même endroit est parfois possible, et parfois, ce n’est pas du tout souhaitable pour la tranquillité d’esprit du travailleur. Là, le maître-mot, c’est s’écouter et se faire confiance, savoir que rien n’est figé et que la seule réelle obligation qui ait de l’importance est vis-à-vis de soi-même : placer sa santé et son équilibre avant tout.
MF - travailleuse sociale
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