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Faut-il établir des limites dans ses relations professionnelles ? Et jusqu'où ?

30/12/21
Faut-il établir des limites dans ses relations professionnelles ? Et jusqu'où ?

Même au cœur de la relation avec l’être humain, le concept de « limite » se pose.

 Notre rubrique "fiche métier" dédiée aux professions de la santé et du social

Lors de notre relation avec l’autre, si l’affection prend de la place, il faut oser se dire « stop, ça va trop loin ». La réponse est différente selon chaque individu. Il est important de bien discerner la frontière à ne pas dépasser. Que ce soit envers la personne à aider ou envers nos collègues. J’ai ouï dire que l’on me trouvait « à l’écart » de l’équipe car je ne partage pas les repas annuels chez telle aide-soignante ou infirmière. Pour ma part, quand ça dérape, je préfère préserver ma vie privée plutôt que de me retrouver sur Facebook ou dans les potins des résidents que j’encadre. Chaque chose à sa place !

Quand le malaise survient

Lorsque je travaille, mon métier d’éducateur veut que je sois très proche des résidents, sans oublier mes collègues pour le relais d’informations. La relation peut devenir tellement régulière, qu’elle passe en mode dit « familial ». Dans ces circonstances, je remarque que mon comportement change et celui de l’autre également. Le vouvoiement disparaît, les conversations deviennent plus personnelles, l’inquiétude envers l’autre s’installe... Ou l’inverse : tendance à l’agressivité, mutisme, indifférence. La relation devient rapidement malsaine pour moi tout comme pour l’autre, même si elle semble positive. La question se pose : est-il bon de travailler dans ces circonstances ?

La distance avec l’autre

Dans le courant de notre vie, nous recherchons soit la proximité, soit le recul. Pour cause : la distance est opportune. Autour de nous se dessinent des cercles invisibles qui correspondent à nos degrés de relation avec autrui. La « distance publique » englobe tous les gens autour de nous. La « distance sociale » se concentre sur le contexte professionnel ou commercial. La « distance personnelle » se centre sur nos interlocuteurs. Et enfin notre cercle intime où seule une relation privilégiée permet d’y entrer. Si ces cercles sont tous de tailles différentes, avec un centre commun, il arrive qu’ils rétrécissent, voire se confondent.

Je t’aime, je te hais...

Le rapprochement de ces distances perturbe nos émotions et nos priorités de vie. Envers une personne à aider et nos collègues, nos relations ne devraient pas dépasser la « distance personnelle ». Lorsque c’est le cas, nous éprouvons envers eux des sentiments et émotions qui n’ont pas lieu d’être car cela nuit à notre professionnalisme. Certains se sentent obligés d’intégrer tout ce petit monde dans leur cercle intime afin de favoriser les relations, sauf que le contraire se produit. Amour et haine surgissent pour donner naissance à une attention trop particulière, négligeant la vie privée.

Vice et versa

L’effet se produit également dans l’autre sens. La personne à aider ou le collègue peut gérer son intimé de travers et créer une relation trop affective ou destructrice. Le professionnel devient son idole ou son bouc émissaire, et ce dernier se retrouve en otage. L’univers professionnel est atteint mais peut s’étendre jusqu’à celui du cocon familial : coups de fil excessifs en journée, appels nocturnes, visites régulièrement au domicile, intérêt pour la vie privée.... Le professionnel vit rapidement un enfer dans lequel il semble prisonnier.

Pouvoir se poser les bonnes questions à temps

Lorsque je discute avec mes collègues aides-soignantes ou infirmières, l’intimité entre elles est telle que je finis par connaître toute leur vie en cinq minutes de temps... N’est-ce pas une liberté d’expression trop ouverte, surtout lorsque la salle commune n’est pas isolée ? Certaines occupent leur temps de congés en visites journalières à la résidence. Cette situation n’est-elle pas synonyme du travail à la maison pour les vacances ? Le contact humain est important et je le souligne. Mais prendre du recul l’est tout autant, ce que je surligne. Il faut protéger son psychisme. C’est comme consommer une drogue : on peut s’en servir mais ne pas en abuser au risque de devenir esclave...

L’éduc Touche-à-Tout

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