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Bernard De Vos : itinéraire d’un éducateur devenu avocat des enfants

01/02/23
Bernard De Vos : itinéraire d'un éducateur devenu avocat des enfants 

Ce 1er février, Solaÿman Laqdim entre officiellement en fonction et remplace Bernard De Vos en tant que Délégué général aux droits de l’enfant. A cette occasion, le Guide Social est allé à la rencontre de celui qui a occupé pendant 15 ans ce métier hors du commun. Pour la campagne #J’aime mon métier, Bernard De Vos est revenu sur sa carrière d’éducateur, sur son rôle en tant que directeur général ainsi que sur son incroyable parcours. Un podcast à retrouver sur la plateforme #j’aime mon métier. 

« Je n’ai jamais voulu abandonner. Je ne me rappelle pas moments où je me serais dit que c’est difficile d’aller travailler. Je ne veux pas dire que ça a toujours été joyeux, non. Evidement qu’il y a eu des moments très tendus... Mais, jamais je me suis dit que cela n’en valait pas la peine ». 

Au terme de 15 années en tant que Délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos s’est confié au micro du Guide Social sur sa vie, ses convictions et son parcours. Ce combattant pour les droits des jeunes a veillé durant plus d’une décennie au respect et à la bonne application de la convention générale aux droits de l’enfant, adoptée en 1989 par l’Assemblée générale de l’ONU. Ce traité international consacre le principe d’intérêt supérieur de l’enfant en tant que sujet de droit. Toutefois, il est souvent mal appliqué en raison du peu de reconnaissance dont il fait l’objet.  

Durant son mandat, Bernard De Vos fut également un promoteur de la convention de 1989, traitant les plaintes relatives au respect de la convention et s’assurant de l’application des décrets et arrêtés qui concernent les enfants. En parallèle, il a également interpellé les autorités politiques et administratives et leur a fait des recommandations afin d’améliorer les droits des enfants. 

 Lire aussi : Le successeur de Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant, est enfin connu

Son combat : la valorisation de l’éducateur, un métier « d’une grande proximité » 

A notre micro, Bernard De Vos a évoqué son parcours, jetant un regard tendre sur ses 30 années d’expériences professionnelles en tant qu’éducateur.

Tout au long de sa carrière, Bernard De Vos, éducateur de formation, n’a eu de cesse de mener un combat quotidien pour la reconnaissance et la valorisation notamment financière du métier d’éducateur. Un métier qu’il a très tôt voulu exercer. Un métier aussi d’une « grande proximité » où le professionnel est là « tout le temps, du soir au matin, dans les moments faciles et les moments difficiles ». Et il y a une raison à cela. En effet, Bernard De Vos a entamé sa carrière en tant qu’éducateur au sein de “La Petite Maison”, structure qui accueille des enfants en souffrance psychologique. Ce « spécialiste des adolescents difficiles » a rapidement été mis à la tête du secteur adolescent.  

Bernard De Vos a dénoncé les mauvaises pratiques d’un psychiatre de cette institution, ce qui lui a fait perdre son travail. Cet explorateur dans l’âme en a donc profité pour entreprendre un grand voyage en Afrique, à bord de sa vieille Renault 4. A son retour en Belgique, il nous raconte avoir ensuite intégré l’association humanitaire Médecins Sans Frontières, au sein de laquelle il a notamment participé à des missions en Irak. Il est alors témoin de nombreuses atrocités. «  Je me suis retrouvé dans des situations de guerre, de conflit où j’ai vu des gens mourir devant moi, j’ai pris en charge des enfants gravement brûlés dont un est décédé dans ma voiture… J’ai connu des trucs assez durs  ». Bernard De Vos ressort profondément marqué de ces épreuves, mais en tire une valorisation personnelle. « Une expérience dure mais humainement extrêmement riche », confie celui qui est par la suite devenu le directeur de l’association SOS Jeunes. 

Notons encore que le défenseur des plus jeunes regrette la position occupée par l’éducateur spécialisé au sein des équipes éducatives. Le rôle de ce professionnel de l’éducation, pourtant le plus en contact avec le quotidien des jeunes, est bien souvent trop peu valorisé au sein des équipes, relayé à la position de « petite main ». Une profession dont l’importance qui lui est attribuée se reflète aussi dans sa rémunération, souvent trop faible selon ce désormais ancien avocat des enfants. 

« Ce métier est le plus beau de la terre », nous déclare-t-il. En véritable passionné, il nous a raconté la diversité de la profession.

« La vraie recette, c’est de commencer le plus tôt possible »

Tout au long de son mandat en tant que délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos a insisté sur l’importance d’investir de l’énergie dès le plus jeune âge, afin que les tout petits puissent se développer. « La jeunesse, l’enfance, c’est l’avenir », il en est convaincu, d’où l’intérêt d’un bon encadrement dès le plus jeune âge. « C’est surtout en termes de qualité de vie que c’est important. Il y a des adultes qui courent après leur vie parce qu’ils ont mal démarré ». 

Enfin, la participation et l’expression des enfants et des jeunes, droits contemporains de la convention de 1989, revêtent un intérêt particulier pour Bernard De Vos. C’est en donnant la parole aux jeunes et en les invitant à s’exprimer dès le plus jeune âge, de manière à ce qu’ils communiquent leurs idées nouvelles et novatrices, que la société et les manières de penser pourront évoluer. 

Dans le podcast #J’aime mon métier, l’homme pointe également que sa nomination au poste de délégué général aux droits de l’enfant n’est que le résultat d’un concours de circonstances d’ordre politique. « J’ai posé ma candidature parce que j’ai trouvé que c’était important de dire quelque chose sur le métier. Mais je n’ai jamais imaginé une demi-seconde que je serais nommé. » Modeste, Bernard De Vos considère être « le candidat par défaut ». «  J’étais le directeur de SOS Jeunes, je n’avais pas forcément envie de partir mais je voulais avoir l’occasion de rencontrer les experts, les parlementaires pour dire comment l’institution devait évoluer », admet l’adepte de la protection des jeunes. « J’ai fait un mémoire de candidature ridicule, moins de 10 pages ».

40 minutes d’entretien intimistes

Au final, il occupera ce poste pendant près de 15 ans. 15 années riches, rythmées par son lot de victoires, de coups de gueule, de dossiers compliqués qui l’ont pris aux tripes  : la crise de l’accueil migratoire, le sort des enfants belges en Syrie ou encore la pauvreté infantile.

Aujourd’hui, cette aventure intense s’achève pour Bernard De Vos qui a officiellement passé le flambeau à son successeur, Solaÿman Laqdim, ce 1er février 2023. L’éducateur part donc à la retraite mais n’est clairement pas prêt à mettre en veilleuse son engagement. Que du contraire  ! Ce passionné au parcours inspirant nous a confié qu’il avait déjà de nouveaux plans en tête  : partir au Maroc pour s’investir dans l’accompagnement des mineurs étrangers non accompagnés. 

Mélissa Le Floch

 Pour l’écouter, c’est par ici :



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