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Ça fait plaisir

27/09/17
Ça fait plaisir

Depuis presqu’un an, je travaille pour une fédération de centres de jeunes. Pour la première fois de ma carrière je peux prendre des responsabilités (et non obéir à des directives). J’ai aussi un réel espace de liberté et de création. La critique se devant d’être aussi positive, je vous livre cet avis.

J’ai travaillé comme éducateur dans les écoles en discrimination positive de Bruxelles, comme éducateur de rue pour des contrats de prévention, dans des projets d’ISP ou de volontariat. En 10 ans, je ne me suis jamais vraiment senti considéré et mon tempérament m’a souvent joué des tours. Cependant, j’ai toujours essayé d’améliorer mes pratiques et de rester au plus près des missions. Je suis resté critique envers moi-même et envers l’équipe et l’institution à laquelle j’appartenais. Néanmoins, j’ai toujours eu le sentiment d’être considéré comme le dernier maillon de la chaîne ou comme le grain de sable dans la machine. Dans mon poste actuel, je ne suis plus en première ligne et pour la première fois de mon parcours professionnel, je me sens reconnu et ma parole à un poids réel.

Rentrer dans les espaces de liberté …

Tout d’abord, je suis dans une place où l’on me charge de faire du développement et de l’accompagnement pédagogique. Il m’est aussi demandé de faire de la création de projet et d’outils. Ce sont des tâches dans lesquelles j’ai un certain espace de liberté. Je peux souvent définir les thématiques et si ce n’est pas le cas, je peux choisir les approches pédagogiques et les méthodes. Pour ce faire, je dois apprendre et m’intéresser aux pratiques que je ne connais pas, je suis invité à m’exprimer et à donner mon avis.

… Et pousser les murs

Dans ces espaces de liberté, je prends des responsabilités dont celle de ne pas m’isoler, de ne pas partir de l’idée que ma vision des choses est la meilleure. Je fais donc en sorte de proposer à mes collègues (de bureau ou de terrain) de participer à l’élaboration d’un projet pédagogique commun. Dans le cadre de mes missions de représentation, j’ai aussi l’occasion de défendre les points de vue qui me semblent importants et de porter ceux des travailleurs qui ne sont pas présents ou pas entendus. En définitive, il m’est possible de faire bouger les curseurs dans mon espace d’influence et rien que ça, c’est une nouveauté pour moi.

Gardes fou

Une de mes plus grandes craintes est de me couper des réalités de terrain, d’être de ces employés de bureau ou de ces théoriciens enfermés dans leur tour d’ivoire totalement déconnectés des praticiens et des publics. C’est pourquoi je fais en sorte de pouvoir être sur le terrain régulièrement et de mettre en place des cadres et des dispositifs participatifs et égalitaires lorsque je construis un projet ou un outil avec les travailleurs de première ligne. Il n’est aucunement question de jouer à ce que je ne suis pas et de pratiquer avec les publics des Centres de Jeunes. Il s’agit de rencontrer et de partager avec les acteurs de terrain sur leurs besoins, leurs objectifs et leurs méthodes. Ma direction me laisse travailler en ce sens sans oublier de me rappeler les attentes institutionnelles et les obligations administratives.

Faire du « et » plutôt que du « ou »

Dans ce cadre je dois en permanence me rappeler ce mot d’ordre : « il faut faire du « et » plutôt que du « ou » ». Autrement dit, ce qui rend possible mon travail c’est de prendre en considération les obligations des pouvoirs subsidiant, les missions de mon ASBL, les attentes institutionnelles et les besoins du terrain. Le tout sans donner plus d’importance à l’un de ces aspects. Il faut faire preuve de créativité pour arriver à concilier les objectifs, mais lorsque l’on agit dans une logique participative et collective, les ressources se multiplient. Au final, ça rassemble les différents acteurs, ça permet de sortir des non-dits et de la frustration, mais surtout, cela rend possible des choix pertinents en matière de pratiques, de projets et d’outils.

Tout n’est pas si facile

Malgré ma grande satisfaction actuelle, il serait naïf et sans doute risqué d’idéaliser mon poste. Bien sûr il y a des dysfonctionnements, des zones de flou, voire de chaos. Il y a aussi des injonctions paradoxales et des baisses de motivation. Il faut en permanence rester attentif à ne pas se laisser submerger par les demandes et les interpellations. Et plus que tout, il faut se garder de tout jugement, de conclusions hâtives, de logiques manichéennes et continuer à se remettre en question et à viser la co-construction.

Perceval Carteron, éducateur

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