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Médiatrice familiale : "Je voulais un métier plus humain ! Voir des gens, les écouter..."

Médiatrice familiale :

Cécile Chantraine nous donne rendez-vous à la crêperie de Louvain-la-Neuve près de la gare. Une institution installée là depuis 25 ans. Confortablement installée dans l’intérieur tout en bois, la médiatrice familiale nous en dit plus sur ce métier encore trop dans l’ombre, qui gagne à être connu. Au menu : missions, formation, cas et publics rencontrés, position multipartiale ou encore place des enfants dans la procédure.

Vous vous souvenez des couples qui réglaient leurs conflits sur le plateau de l’émission ça va se savoir  !  »  ? Le présentateur, toujours en retrait, donnait la parole à tour de rôle aux différentes parties et tentait d’apaiser les tensions. Le show voulait qu’il n’y parvienne pas toujours et que les tentatives d’échanges se clôturent sur des bagarres ou sorties rocambolesque de plateau. Moins de spectacles et de frasques dans le bureau de Cécile Chantraine, mais la médiatrice familiale reçoit elle aussi des couples ou familles (des vrais  !) qui traversent des épreuves. Son rôle  ? Leur permettre de trouver par eux-mêmes la meilleure stratégie à mettre en place pour une vie plus sereine grâce au meilleur médium qui soit  : la communication.

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La médiation  : un processus volontaire et confidentiel

Le Guide Social  : Bonjour Cécile, pouvez-vous vous présenter  ?

Cécile Chantraine  : Cécile Chantraine, j’ai 46 ans, presque 47 (Rires) et je suis médiatrice familiale.

Le Guide Social  : Comment vous définiriez le métier de médiatrice  ?

Cécile Chantraine  : Être médiatrice familiale, c’est offrir un espace à des personnes qui font face à des problèmes de communication et/ou d’organisations. Des soucis qui posent des questions, qui créent des tensions au sein d’une famille.

Le Guide Social  : Qu’entendez-vous par les problèmes d’organisation  ?

Cécile Chantraine  : C’est l’organisation d’une séparation, du départ d’un.e jeune du foyer, d’une succession… et on intervient lorsqu’il y a conflit. C’est donc un métier d’accompagnement de personnes en conflit. En matière familiale, le conflit touche aux liens familiaux.

Le Guide Social  : Quand vous précisez familial, c’est qu’il existe d’autres sortes de médiation  ?

Cécile Chantraine  : Oui, il y en a des civiles, pour des questions qui touchent aux droits civils, des commerciales qui concernent les entreprises mais aussi des médiations de voisinage, de quartier et dans les milieux scolaire et pénal.

Le Guide Social  : Les champs d’action sont donc très divers. Mais de manière générale, le processus de médiation est le même peu importe le domaine  ?

Cécile Chantraine  : Alors, le processus de médiation est toujours volontaire. C’est un des grands principes de la médiation. Il peut y avoir des mandats qu’émettent les juges. Certain.e.s peuvent proposer aux personnes d’aller en médiation et de revenir pour un éventuel accord. Même dans ce cas-là, si les personnes ne veulent pas, la médiation n’est pas obligatoire.

Un autre grand principe est la confidentialité des processus de médiation. On ne parle pas en dehors des médiations de ce qui est dit.

Ni juge, ni conseiller  : le médiateur est neutre et multipartial

Le Guide Social  : Quelles autres caractéristiques définissent la médiation  ?

Cécile Chantraine  : La posture du médiateur, ce qu’il fait ou plutôt ce qu’il ne fait pas. On est dans une bulle, en dehors d’une procédure judiciaire, dans un lieu tiers. Et dans ce lieu, se trouve le médiateur qui n’est pas un juge, ni un conseiller… Il ne donne pas son avis, ni de jugement. En découle, une position égalitaire avec les personnes qui viennent le rencontrer. Il n’y a pas de figure d’autorité.

Ce qui est très important aussi, c’est la neutralité du médiateur. Il ne peut pas connaître l’une ou l’autre des parties.

Le temps de parole égalitaire est également primordial  : si je rencontre une des deux personnes seules, je propose une rencontre avec la deuxième, ce qui n’est pas toujours accepté. Dans ce cas, personnellement, je verbalise le fait que durant la première séance je vais accorder plus de temps de parole à la personne que je n’ai jamais rencontrée pour apprendre à la connaître.

En théorie de la médiation, on dit que le médiateur est multi partial. Il va être autant partisan pour l’une des parties que pour l’autre. Être impartial, c’est impossible. On va s’impliquer quand même un minimum mais pas plus avec l’un qu’avec l’autre. Si le médiateur s’implique plus auprès d’une personne, il va y avoir un déséquilibre dans la communication.

Le Guide Social  : Quelle est la formation pour devenir médiateur  ?

Cécile Chantraine : C’est une formation complémentaire. J’ai rencontré plusieurs médiateur.rice.s qui sont psychologues ou criminologues ou encore juristes. La formation à la médiation est obligatoire pour exercer et pour être agréé.

 Lire aussi : Quelle formation pour devenir médiateur ?

Le Guide Social  : Combien de temps dure-t-elle  ?

Cécile Chantraine : Il y en a des différentes. Celle que j’ai suivi dure deux ans mais d’autres sont moins longues. C’est un certificat interuniversitaire que j’ai réalisé à Saint- Louis la première année puis à l’UCL. Je suis donc revenue là où j’avais fait mes études. J’ai même eu un prof que j’avais à l’époque. (Rires)

Le Guide Social  : Quelle est votre formation de base  ?

Cécile Chantraine : Juriste. J’étais dans une compagnie d’assurances et j’ai suivi une formation de médiatrice en 2012. Je ne me plaisais pas dans le privé, je voulais quelque chose de plus humain et être dans l’accompagnement. Voir des gens quoi, les écouter.

«  Le point principal du médiateur, c’est la communication  »

Le Guide Social  : En quoi consiste la formation  ?

Cécile Chantraine : La théorie concerne particulièrement la communication. Le point principal du médiateur, c’est la communication. Elle permet de déterminer la manière de travailler en décrivant le cadre, les règles qui sont à respecter autant pour les parties que le médiateur et comment les étapes vont être suivies.

On aborde aussi la psychologie, la philosophie, la sociologie et de la pratique de médiation. Ce sont des cours pratiques où l’on part de situations anonymisées, que proposent les profs qui sont eux-mêmes médiateurs. En petits groupes, chacun prend le rôle d’une partie et d’un médiateur ou d’une médiatrice. Selon la situation, on doit adapter les processus de médiation et les différentes phases ou techniques apprises en cours. Par exemple, quand des décisions doivent être prises, le médiateur sait par quelles étapes il faut passer pour arriver à la prise de décision. Il suit une sorte de canevas.

Il intervient dans les échanges quand il y a des points de tension, quand les individus s’éloignent du sujet ou quand il y a des blocages.

Le Guide Social  : Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers cette formation en particulier  ?

Cécile Chantraine : Je suis arrivée dans ce domaine car je connaissais quelqu’un qui faisait de la médiation pénale quand je travaillais au Parquet de Bruxelles. Cela m’a intéressée, alors je me suis lancée.

Mais l’attrait pour la médiation familiale trouve ses origines dans mon histoire familiale justement. A la base je voulais faire psychologue mais mon grand frère a «  pris la place  » en premier. (Elle sourit) Mes parents se sont séparés et la séparation a été très compliquée au point que l’avocat de ma maman, qui était également prof, utilisait certains éléments du dossier de mes parents en exemple dans ses cours. (Rires) Ainsi, je pense qu’à travers le métier de médiatrice familiale, j’essaie de faire réparation car je sais ce que peut donner une séparation très difficile.

Le Guide Social  : Quels sont les contextes de demandes de médiation familiale  ?

Cécile Chantraine : Il y a deux cas de figure, soit les personnes sont en rupture de contact, alors la médiation est mise en place dans un processus de remise en contact, entre des parents et des enfants, entre des ex-conjoints… soit les parties sont en désaccord sur un ou plusieurs sujets et ne savent plus communiquer là-dessus. Dans ce cas de figure, la médiation cherche à régler les problèmes de communications et les sujets de discorde comme le choix d’une école, l’hébergement, les activités des enfants… ce qui mène à la rédaction d’une convention.

Le Guide Social  : En quoi consiste la convention  ?

Cécile Chantraine : En médiation, quand les personnes viennent avec des choses à régler, la finalité est de rédiger ensemble une convention qui reprend les décisions prises par les parties. Si l’objet de tensions est l’hébergement des enfants, la convention va prévoir que les enfants soient hébergés une semaine chez leur père, une autre chez leur mère, que les vacances se découpent de telle manière, que l’anniversaire sera fêté chez telle ou telle partie…

Les échanges lors des séances permettent d’obtenir une convention qui satisfait les deux parties et qui permet de clarifier un nouveau fonctionnement, différent de celui de la vie commune, rend compte de certaines choses qu’il va falloir lâcher, qui ne fonctionnent plus dans la situation actuelle.

Quand le médiateur est agréé, les conventions peuvent être présentées au juge qui va les homologuer ce qui lui donne la même valeur qu’un jugement permettant une sécurité juridique.

Cela étant, tous les points que l’on aborde lors de la médiation, ne sont pas dans la convention. Si par exemple, on parle d’une séparation, le cas le plus fréquent, le médiateur va passer en revue tous les points qui doivent être aborder dans ce cas, ce qui sera noté dans la convention mais les parties vont parler de plein d’autres choses, comme les motifs de la séparation. Ces choses-là vont être déposées et servir à rendre la vie d’après plus facile. Rendre l’après plus aisé à vivre fait également partie des temps de la médiation. On aborde la nouvelle manière de communiquer dans la vie de tous les jours.

«  En tant que médiatrice, je suis très attentive au non-verbal  »

Le Guide Social  : Combien de séances en moyennes comptez-vous pour la résolution de conflits  ?

Cécile Chantraine : Pour tout régler, il faut compter entre 5 et 7 séances d’une heure et demie. Ce temps est essentiel pour permettre un bon accueil et une conclusion concernant la séance suivante.

Le Guide Social  : Ne pas prendre parti et ne pas conseiller doivent être difficiles. Comment faites-vous pour rester multipartial  ?

Cécile Chantraine : Le fait de ne pas connaître les personnes aide beaucoup. Il ne faut pas avoir d’aprioris et une bonne posture d’écoute. Quand on sent qu’il y a une tension, on en cherche les raisons. Si l’un dit quelque chose et que l’autre se braque, c’est qu’il y a une raison. Ainsi, en tant que médiatrice, je suis très attentive au non-verbal. Quand l’une des parties s’exprime, je fixe mon attention plutôt sur l’autre pour observer ses réactions. Lorsque j’en observe, je les note pour laisser la libre parole et ne pas interrompre mais si je vois que l’autre ne tient plus, je stoppe la personne qui parle, je demande une pause, je reformule ce que j’ai compris et je m’adresse à la personne chez qui j’ai senti une tension et lui demande d’expliquer l’origine de la tension, si j’ai raison. Et souvent, l’origine de la tension est une incompréhension. On peut entendre  : « Tu ne dis rien, ça veut dire que tu t’en fous  !  » et l’autre répond que non  : «  Je ne dis rien car dès que je dis quelque chose, tu montes tout de suite. Je ne m’en fous pas mais je garde tout.  » Ça peut aussi être un besoin non satisfait. Il faut donc le comprendre et trouver une solution pour le satisfaire.

C’est un gros boulot qui demande une concentration très importante. Après une heure et demie, on est fatigué. (Rires)

Le Guide Social  : Combien de médiations faites-vous dans une journée  ?

Cécile Chantraine : Le grand maximum d’entretiens à la journée est de trois avec le travail administratif qu’ils comportent. Et si la médiation est particulièrement lourde, je n’en prévois qu’une. Actuellement, mon activité de médiation familiale est complémentaire. Je l’exerce au sein de l’équipe pluridisciplinaires du centre Cocon de la parentalité et du couple à Emines.

Le Guide Social  : Donc la médiation familiale est complémentaire car votre activité principale concerne également le domaine de la médiation mais dans un secteur différent  : celui des sanctions administratives communales.

Cécile Chantraine : C’est bien ça. Donc là, on est plutôt sur du pénal. C’est un domaine très particulier qui a été développé en 2015 pour désengorger les Parquets. Il y avait beaucoup d’affaires classées sans suite, donc un sentiment d’impunité chez les citoyens. La réponse du politique : déclasser certaines infractions qui seraient traitées selon une procédure de sanction administrative au niveau communale. Cela a entraîné la création de règlements communaux listant les infractions et prévoyant les sanctions corrélées. Les infractions sont constatées par des agents constatateurs qui vont de l’arrêt stationnement à des coups et blessures volontaires. Ces infractions sont relayées à un fonctionnaire sanctionnateur, qui est une sorte de juge. Fonctionnaire sanctionnateur, c’est moche quand même, eux-mêmes le disent. (Rires)

En tout cas, ce sont eux qui pensent ou non à la médiation pour régler les affaires et qui nous envoient les dossiers. Dans ce cas, la médiation concerne l’infraction, son contexte, les conséquences, les préjudices et la prévention de la récidive. Personnellement, je ne gère que les affaires qui relèvent du pénal. Par exemple, les injures sur les réseaux sociaux.

«  Le but est de créer une distance par rapport à leur situation, que les personnes la perçoivent comme celle du voisin et non plus la leur  »

Le Guide Social  : Pour revenir à la médiation familiale, à travers votre témoignage, on constate que les personnes se tournent vers cette procédure à un moment où leur vie bascule, se modifie profondément, entraînant du flou, des impasses… Pouvez-vous nous en dire plus, sur la «  technique  » principale que vous mettez en action afin que les parties y voient plus claire jusqu’à la prise de décision et la rédaction de la convention  ?

Cécile Chantraine : Le but est de créer une distance par rapport à leur situation, que les personnes la perçoivent comme celle du voisin et non plus la leur. Cela permet de prendre de la hauteur et donc de libérer l’imagination pour trouver des solutions. Pendant les séances, je propose de brainstormer et de ne pas hésiter à exprimer des idées qui paraissent absurdes et qui parfois ne se veulent pas si absurdes que ça. En tant que médiatrice, je leur propose de tester des nouvelles manières de fonctionner aussi, de se donner ce droit.

C’est vraiment ça qui me plaît et j’aimerais d’ailleurs creuser davantage au niveau de la place des enfants dans la médiation familiale, de les rendre plus inclusives. C’est devenu le cœur de mon travail, c’est ce qui me fait vibrer.

Le Guide Social  : Les rendre inclusives de quelle manière  ?

Cécile Chantraine : Ça serait d’avoir des entretiens seule avec les enfants pendant le processus de médiation. Cela n’est pas beaucoup pratiqué car quand on aborde le sujet des enfants, on pense tout de suite aux psychologues. J’ai suivi plusieurs formations concernant la place de l’enfant et de l’adolescent dans la médiation, l’impact de la séparation, de la vie séparée et aussi de comment bien accueillir par rapport aux stades dans lesquels ils se trouvent…

Le Guide Social  : Qu’est-ce que la médiation familiale a de positive sur les enfants  ?

Cécile Chantraine : Mon sentiment est que les parents sont de plus en plus sensibilisés à l’impact que peut avoir la séparation sur les enfants et tentent donc de les préserver. Dans les faits, la médiation peut permettre cette préservation grâce à l’espace sécure et confidentiel qu’elle propose et à la place qu’elle donne à l’enfant pour s’exprimer sur les impacts que produit la séparation sur sa vie, sans le côté thérapeutique. Plusieurs études ont été menées concernant le lien entre la parole de l’enfant et l’espace de médiation  : comment le médiateur encadre et recueille ce qu’il dit.

Le travail commence toujours avec les parents dans un premier temps, puis on introduit l’enfant au processus avec ses parents, puis dans un deuxième temps, le médiateur voit l’enfant seul pour finalement, à la séance suivante recevoir l’enfant et les parents. On reçoit toujours les parents en premier car ce sont eux les experts de leur enfant. Ils peuvent nous faire part de comment il est, des besoins qu’ils ont observés… A la fin de la séance en individuel, on voit avec l’enfant ce qu’il veut dire à ses parents, s’il veut leur dire lui-même, sinon il peut passer par moi ou par le dessin. Si c’est moi qui fais passer son message, je lui précise qu’il peut m’arrêter si j’aborde quelque chose qu’il n’a pas envie que je dise.

On est donc loin du thérapeutique mais bien plus dans la communication. On fait passer un message de la meilleure façon possible. Ce qui n’empêche d’être en partenariat avec d’autres professionnel.le.s qui peuvent intervenir si l’on observe quelque chose d’interpellant dans les dires de l’enfant.

Le Guide Social  : Vous pouvez donc rediriger les personnes vers d’autres professionnel.le.s  ?

Cécile Chantraine : Absolument et là est l’intérêt de travailler dans une équipe pluridisciplinaire. Si les parents reviennent avec une inquiétude ou veulent réaliser un travail particulier, on peut leur conseiller des pédo-psychiatres par exemple.

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«  Par manque de communication, le métier de médiateur familial est très difficile à exercer à temps-plein  »

Le Guide Social  : Le site de la formation à la médiation de Liège fait mention que les acteur.rice.s de la sphère judiciaire font de plus en plus la promotion des médiateur.rice.s.

Cécile Chantraine  : Tout à fait. Par exemple, Mons est à la pointe car la promotion de la médiation a fortement été portée par différents médiateurs, les magistrats y sont donc forts sensibilisés. Ce qui n’est malheureusement pas le cas dans toutes les juridictions car le système judiciaire est relativement fermé et fonctionne en réseaux. Ainsi, le métier de médiateur familial est très difficile à exercer à temp plein car il peut être difficile d’obtenir des dossiers. Par manque de communication autour de notre métier mais aussi, parce qu’on travaille avec de l’humain. Ainsi, il arrive souvent qu’une des deux parties nous contacte mais l’autre personne ne souhaite pas engager une médiation. Personnellement, mon activité de médiatrice familiale n’est que d’un jour par semaine. Ainsi, quand on va au bout du processus, c’est très gratifiant. Surtout quand on voit que les personnes ont apprécié les temps de médiation leur permettant d’avoir un réel échange plutôt que de devoir communiquer par des courriers de façon institutionnelle et donc impersonnelle.

Le Guide Social  : Vous devez faire face à des situations difficiles parfois. Comment faites-vous pour ne pas être impacter émotionnellement  ?

Cécile Chantraine  : Il faut une bonne hygiène de vie, pratiquer du sport (Rires). S’il y a des tensions dans ma vie personnelle, j’ai du mal à faire des médiations, je dois donc régler ces tensions-là d’abord. Il est très important aussi d’avoir des personnes autour de soi pour échanger sur les situations. Les psy dans l’équipe où je travaille possèdent différentes spécialisations, je peux ainsi aller les trouver pour leur exposer des cas qui peuvent me poser problème. Il est également possible de faire appel à un autre médiateur pour les gros dossiers.

Le Guide Social  : Travailler avec de l’humain c’est aussi gérer les abandons en cours de processus, les coups de canifs dans le contrat…

Cécile Chantraine  : On le sait et on fait avec. En effet, il peut arriver que des personnes commencent le processus de médiation et l’arrête en cours de route, mais parfois elles reviennent et on peut aller jusqu’au bout. J’ai également eu le cas du non-respect du cadre, précisé dès la première séance qui comporte entre autres de communiquer toutes les informations qui gravitent autour du conflit. Si les parties, ou l’une des parties ne respecte pas cela, la confiance est brisée et alors le processus s’arrête. Il est donc primordial de mettre et tenir ses limites et bien identifier la source du conflit également. Par exemple, il arrive parfois que les tensions apparaissent à cause d’un burn-out parental. A ce moment, la priorité est de traiter l’épuisement, ce qui n’est pas dans mes cordes. Alors, je redirige.

Le Guide Social  : Pour finir, pourquoi aimez-vous tant ce métier de médiatrice familiale  ?

Cécile Chantraine  : La posture d’observation me convient et j’aime écouter les gens. Je m’enrichis à leur contact. Plus jeune, quand on me posait la question de mon rêve, je répondais que je voulais un cabinet pour y recevoir des gens, avec une bibliothèque et un chat. (Rires) Et aujourd’hui c’est presque le cas, il ne manque plus que le chat, enfin il est à la maison (Rires).

A. Teyssandier

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