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Comment trouver un stage d’assistant social : les conseils d’Anaïque Dupont, Maitre de Formation Pratique

Comment trouver un stage d'assistant social : les conseils d'Anaïque Dupont, Maitre de Formation Pratique

Anaïque Dupont accompagne les étudiants inscrits au bachelier en Assistant social dans le cadre de leurs stages. Voici les conseils de cette travailleuse sociale pour trouver le stage de son choix et réussir sa première immersion dans l’univers professionnel.

Anaïque Dupont est Maitre de Formation Pratique à la Haute Ecole Condorcet (Charleroi), dans cette même école où, 23 ans plus tôt, elle était fraîchement diplômée en tant qu’assistante sociale. «  Au terme de ma 3e année, j’ai directement été engagée au sein de l’ASBL Comme Chez Nous, qui m’avait accueillie durant mes stages. J’étais particulièrement préoccupée par les questions liées au logement et je voulais travailler dans le secteur du sans-abrisme  », nous confie la travailleuse sociale.

«  J’étais AS hors les murs  : je faisais des maraudes dans les rues et les squats  »

Après huit années au sein de cette association qui accueille et accompagne les personnes sans-abri dans le quartier de la ville-basse de la cité carolorégienne, Anaïque Dupont rejoint le CPAS de Charleroi pour exercer la fonction d’assistante sociale hors les murs. « J’allais sur le terrain en binôme avec mon collègue à la rencontre des personnes sans-abri. C’était le temps des maraudes dans les rues et les squats pour apporter de l’aide aux personnes et les réorienter vers les services existants  ».

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C’est à cette époque que cette jeune passionnée par son métier – le réseau social carolo est particulièrement dynamique en matière de droits au logement – se voit proposer un poste de remplacement en tant que superviseur de stage.

Tentée par l’aventure, l’assistante sociale répond volontiers à l’appel d’un autre Maitre de Formation Pratique, un certain Charles Zampi qu’elle avait connu sur les bancs de l’IPSMA lors de ce qu’on appelait à l’époque «  un graduat  ».

L’expérience est concluante. Quelques années plus tard, suite à un départ à la pension, elle rejoint l’équipe de MFP à temps plein. «  J’en suis désormais à ma 7e année scolaire  », sourit la Maître de Formation Pratique.

«  Je visite le terrain autrement à présent  »

Guide Social  : Qu’est-ce qui vous a motivée à devenir MFP  ?

Anaïque Dupont  : Quand j’étais étudiante, j’admirais nos superviseurs de stage. Je trouvais qu’ils avaient un rôle vraiment important  : ils nous conseillaient, nous guidaient et nous apportaient un réel soutien. Il y avait un véritable échange. Ils ne nous laissaient pas partir en stage à l’aveuglette. Il y avait un côté familial que j’aimais beaucoup.

Quand, des années plus tard, j’ai vécu ma première expérience de l’autre côté de la barrière, c’était vraiment fluide. J’avais peur que le terrain me manque mais je le visite autrement à présent. Je revois d’anciens collègues et je retrouve des étudiants.

Guide Social  : Et le terrain vous a-t-il manqué  ?

Anaïque Dupont  : Oui durant les premières années, cela me manquait de ne plus apporter une aide concrète et directe aux bénéficiaires et de les voir avancer. Au fil des années, grâce à une certaine expérience acquise, j’étais devenue une personne de référence, je me sentais utile. Mais je le suis toujours aujourd’hui en aidant de jeunes étudiants à s’épanouir professionnellement en tant que futurs assistants sociaux.

Guide social  : Les stages constituent des moments essentiels durant le bachelier. Comment ces expériences sur le terrain sont-elles organisées durant les trois années d’études ?

Anaïque Dupont  : Les étudiants ont un stage dès la première année réparti en deux périodes de 15 jours  : l’une avant les congés d’Hiver, l’autre avant les congés de Printemps. Ils peuvent choisir leur lieu de stage mais on leur conseille de garder le secteur de leur choix de cœur pour leur stage de 2e et 3e année. Dans certaines structures comme les CPAS, il y a des possibilités d’engagement au terme de leur stage de 3e année.

En 2e année, les étudiants réalisent un stage de 9 semaines, de la mi-octobre à décembre. Le stage durant les 5 premières semaines se fait en alternance  : deux jours de cours et trois jours de stage. Durant les quatre dernières semaines, ils sont en stage à temps plein.

En 3e année, ils retournent dans leur stage de 2e année, pour 13 semaines consécutives de janvier à mai. Au terme de celui-ci, ils doivent se concentrer sur leur Travail de Fin d’Etudes avant l’obtention de leur diplôme. Les rapports de stage, eux, se remettent tout au long du stage, avec des supervisions individuelles et collectives qui s’en suivent et font partie intégrante du stage.

«  Nous déconseillons certains lieux de stage aux Premières années  »

Guide social  : Quels sont les secteurs qui rencontrent le plus de succès auprès des étudiants  ?

Anaïque Dupont  : Plusieurs secteurs ont la cote comme l’Aide à la jeunesse, le secteur du Handicap, le milieu Médical – Hospitalier, le secteur du Logement et du Sans-abrisme. Mais aussi l’Aide aux victimes, l’Immigration, les PMS ou encore le secteur de l’Insertion socio-professionnelle et les Mutuelles. Avec certains opérateurs comme le CPAS de Charleroi ou les hôpitaux, nous avons une convention qui prévoit qu’une personne ressource coordonne toutes les demandes de stages des étudiants.

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Guide social  : Combien d’opérateurs de stage accueillent et encadrent les étudiants du bachelier AS  ?

Anaïque Dupont  : Je dirais plusieurs centaines d’opérateurs, tous secteurs et régions confondus. Principalement à Charleroi pour des raisons de proximité géographique mais aussi en raison de la densité et de la qualité de son réseau associatif et institutionnel. Certains étudiants choisissent aussi des lieux de stage dans d’autres villes comme Thuin, Binche, Philippeville, Sambreville, Mons et parfois même Bruxelles.

Guide social  : Comment l’étudiant bachelier AS peut-il trouver un lieu de stage  ?

Anaïque Dupont  : A la fin du mois de septembre, nous organisons à destination des premières années, deux journées de rencontres en résidentiel avec les professeurs de méthodologie et les professeurs de supervision. Différentes activités sont organisées dont un tour de Charleroi à la rencontre de différents services sociaux, tous secteurs confondus, leur permettant de visualiser ce qui existe en termes de pistes pour des stages potentiels.

En parallèle, nous rencontrons nos étudiants pour leur expliquer comment va se dérouler leur premier stage et leur faire part des objectifs à atteindre. Nous leur demandons de trouver un stage par eux-mêmes et les guidons notamment en leur présentant les différents secteurs existants. Nous leur donnons des pistes pour effectuer leurs recherches de stage et leur expliquons quels mots-clés utiliser. En effet, ils ne vont pas penser à utiliser certains sigles ou abréviations tels que «  ASBL  », «  MRS  », «  MA  », «  SISP  », etc. propres au jargon professionnel car ils ne sont pas encore familiarisés avec le terrain. Nous leur recommandons également certains sites comme le Guide social.

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Nous avons aussi des listings de lieux de stage que nous pouvons parcourir avec l’étudiant pour l’aider dans sa recherche. Nous disposons également de listings reprenant des lieux de stage que nous déconseillons aux premières années dans des secteurs comme le sans-abrisme, la toxicomanie, la prostitution, les IPPJ… Ils ne sont pas encore suffisamment outillés pour se confronter à certains publics.

Guide social  : Tous les stages doivent être validés par le superviseur.

Anaïque Dupont  : Une fois en stage, l’accompagnement de l’étudiant se poursuit. Nous demandons aux premières années de rédiger un journalier durant les deux périodes de stage ainsi qu’un rapport global à la toute fin de stage. Nous rencontrons l’étudiant plusieurs fois  : en petits groupes avant le stage, sur le terrain en présence de son Maître de stage et après lecture du rapport global, en supervision individuelle.

Les bacheliers de 2e et 3e reviennent toutes les semaines voir leur MFP en supervision individuelle ou collective. Pour les trois années confondues, je supervise en moyenne une quarantaine d’étudiants.

Les clés pour réussir un entretien téléphonique

Guide social  : Quels trucs et astuces pouvez-vous donner à l’étudiant pour l’aider à décrocher le stage de son choix  ?

Anaïque Dupont  : Nous leur apprenons à se présenter par téléphone et par écrit et à envoyer un mail de façon professionnelle. Nous pouvons retravailler avec eux leur candidature de stage en leur apprenant notamment à évoquer leur intérêt pour le secteur ou la structure qu’ils sollicitent.

Nous faisons des mises en situation via des jeux de rôle pour leur apprendre à s’exprimer dans le cadre d’un entretien téléphonique. C’est arrivé qu’un maître de stage me recontacte en me disant qu’il avait reçu un message vocal d’une étudiante très motivée mais qu’elle n’avait pas laissé ses coordonnées et qu’il était donc impossible de la rappeler.

Nous insistons également énormément sur le savoir-être et la communication non verbale lors de leur présentation. Les plus timides, je les prends à part pour discuter et je constate que ça leur fait du bien. J’adore travailler la motivation avec les élèves.

Certains étudiants nous rapportent qu’ils ne savent pas toujours quelle attitude adopter, surtout au niveau des 3e année, car ils sont toujours stagiaires mais quasiment déjà des collègues des équipes en place.

Guide social  : Combien de temps à l’avance faut-il s’y prendre pour s’assurer de trouver un stage  ?

Anaïque Dupont  : Pour les BAC 1, il faut s’y prendre deux bons mois à l’avance. Pour les Bac 2, le plus tôt possible, dès la fin de leur première année.

Guide social  : Sur le terrain, qu’attendent les professionnels des étudiants  ?

Anaïque Dupont  : Il y a énormément de Maitres de stage sur le terrain qui sont hyper motivés d’accueillir des étudiants et d’être confrontés à leurs questions et réflexions. Ça leur apporte de la fraicheur et ça les replonge dans les savoirs théoriques. Leur présence donne aussi un sacré coup de main dans des services où les équipes sont en effectifs réduits. Quand l’étudiant retourne sur son lieu de stage en 3e année, généralement il a déjà été formé en 2e, il peut donc apporter une aide professionnelle précieuse.

Dans certains secteurs comme les CPAS, les stages servent aussi de lieu de formation dans l’optique d’engager l’étudiant une fois diplômé.

Le métier d’assistant social est porteur car malheureusement le nombre de bénéficiaires ne diminue pas, au contraire vu les crises successives que nous connaissons.

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Guide social  : Comment décrieriez-vous le métier d’assistant social  ?

Anaïque Dupont  : C’est un métier humainement très enrichissant fait de rencontres heureuses mais aussi de rencontres avec des personnes qui peuvent s’avérer difficiles à soutenir. Mais dans tous les cas, l’assistant social doit rester porteur d’espoir.

Lina Fiandaca

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