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Accompagnement hors institution, les limites

07/09/17
Accompagnement hors institution, les limites

Est-ce que toutes les situations, toutes les pathologies, toutes les demandes peuvent se traiter également en cabinet privé ou est-ce que certains contextes plus aigus demandent de facto un environnement institutionnel pour les accueillir ?

Evaluer la pertinence de la prise en charge et réorienter les patients vers d’autres praticiens, voire vers une institution au besoin, est une responsabilité essentielle du psychologue. Chaque rencontre est unique et doit être régulièrement interrogée de ce point de vue. Le danger le plus important serait de se considérer comme « supposé tout savoir » et de ne pas mesurer l’indispensable nécessité d’évaluer régulièrement chaque situation particulière. Pour ce faire, supervision régulière et formation continue seront nos meilleures alliées.

Les outils institutionnels

L’institution possède, de par son organisation, des outils indéniables. Il y a tout d’abord le contrat, implicite ou explicite, qui lie le thérapeute, le patient et l’institution. Il y a aussi ce rôle de tiers, de contenant, d’enveloppe psychique que peut jouer l’institution elle-même. Ainsi, malgré les effets délétères portés par une organisation qui doit d’abord maintenir son propre fonctionnement, la structure institutionnelle peut offrir un cadre apaisant pour certains patients.

Le travail à plusieurs

Un des intérêts majeurs du travail institutionnel est de permettre de diffracter le transfert entre les divers intervenants. Ce faisant, il peut empêcher le surgissement d’un autre persécuteur et facilite la mise en place d’un rapport à l’autre réglé, limité et régi par des règles collectives plutôt que particulières. Une équipe, c’est une alternance de présences et d’absences, c’est une confrontation à différentes manières de travailler et d’envisager la rencontre avec le patient. Cela désamorce donc ce qu’une relation duelle peut susciter en termes d’exclusivité.

Le cabinet, spécificités

Plus proche du quotidien, de la vie de tous les jours, moins « médicalisé » et donc parfois moins « stigmatisant », un cadre privé peut constituer une alternative heureuse. Mais ici, la relation sera forcément duelle, pour le meilleur et pour le pire. Le transfert pourra malheureusement se construire de façon massive, ce qui le rendra difficile à gérer. Quant au psychologue, il devra assumer seul la responsabilité de chaque rencontre, de chaque séance.

Une alternative : le travail en réseau

Le psychologue qui travaille en privé devra donc parfois travailler en réseau. Un bon carnet d’adresses, des alternatives judicieuses ou des collaborations pertinentes seront indispensables pour pouvoir, le cas échéant, adresser le patient à un autre praticien, voire à une institution si le contexte ou la pathologie le requièrent. Se croire seul partenaire pourrait en effet mener à des impasses dommageables pour le patient qui nous consulte. Il s’agira de respecter ce que l’on sent et les limites de nos compétences, et surtout de ne pas hésiter à réorienter certains patients.

Des garde-fous indispensables

La supervision représente l’espace par excellence pour réfléchir à ces questions cruciales. La formation continue est également l’occasion de penser les choses, de cheminer avec nos patients et les prises en charge que nous leur offrons. Ces deux outils nous permettront de sortir d’un isolement qui peut se révéler délétère, et d’analyser chaque situation. Car toute rencontre sera toujours unique et appellera donc toujours une réponse radicalement particulière.

DB, psychologue clinicienne

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