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Communication entre le service social et le chirurgien : en évolution ?

25/09/17
Communication entre le service social et le chirurgien : en évolution ?

Certains assistants sociaux travaillent en collaboration avec des chirurgiens, en vue d’offrir une sortie digne et correcte aux bénéficiaires. Cependant, la communication entre les deux professions n’est pas toujours la plus optimale. J’ai travaillé quelques années avec des chirurgiens et il est clair que la communication entre nous n’a pas toujours été aisée. Entre pressions, menaces et exigences, j’ai dû me battre pour garder toujours comme ligne de conduite la demande de mes patients.

Souvent, la communication chirurgiens et assistants sociaux n’est pas la plus facile. En ce qui me concerne, elle ne se fait souvent que dans un sens. Quand le chirurgien me contacte, ce n’est pas pour me demander où j’en suis dans mon organisation des sorties, s’il peut m’aider dans quelque chose ou tout simplement me demander une information. Non, s’il me contacte c’est pour me mettre la pression sur la sortie de son patient. J’ai beau lui expliquer qu’il n’y a pas de place en revalidation, il ne m’écoute pas. Je peux envoyer le patient ailleurs et même à l’autre bout de la Belgique. « On ne devrait pas laisser le choix au patient et l’envoyer là où il y a de la place ». Si j’ai souvent entendu cette phrase, je n’ai cependant jamais organisé la sortie d’un patient loin de chez lui. Tout d’abord, le patient n’aurait aucune visite ou très peu. L’accident qui mène à l’hospitalisation et la diminution de l’autonomie rendent déjà la personne faible. L’éloignement l’empêcherait d’avoir du soutien de ses proches et entrainerait, certainement, une guérison beaucoup plus lente. Ensuite, il n’y a pas plus de place à l’autre bout de la Belgique que près du domicile du patient.

En ce qui me concerne, les seuls moments où c’est moi qui contacte un chirurgien, c’est que j’ai vraiment besoin de lui pour avancer dans mon travail. Là encore, la communication se fait selon certaines caractéristiques. Il vaut mieux être synthétique dans ce qu’on lui demande, car il faut savoir qu’on le dérange toujours. Par exemple, si je lui demande de signer un document afin de faire avancer la sortie de son patient, il va falloir que j’aille attendre devant sa consultation pour obtenir cette signature. Sans elle, je ne peux pas envoyer les documents de convalescence à la mutuelle ou faire la demande de prêt de matériel sanitaire. Même en lui évitant un maximum de perdre du temps en complétant moi-même le document médical, ce qui normalement est son travail, face à cette ‘paperasse’ administrative, il rétorque souvent « Tous ces documents à signer comme si on avait le temps pour ça. »

Quand je contacte un chirurgien c’est aussi pour lui demander quand la famille de son patient peut le rencontrer, mais il va me répondre qu’il n’a pas le temps. Je vais donc me prendre les foudres de la famille qui ne verra pas le chirurgien ainsi que les foudres de ce dernier car j’ai osé lui demander de la disponibilité.

La pire situation que j’ai eue avec un chirurgien est d’avoir eu à le contacter pour m’aider à faire comprendre à une famille que leur proche est sortant depuis plusieurs jours et qu’il est temps de faire un choix sur le lieu de sortie. Sauf qu’apparemment, annoncer la sortie au patient ce n’est pas son rôle, mais le mien. Première nouvelle !! Jusqu’à preuve du contraire, c’est normalement au chirurgien, après avoir marqué son accord sur la sortie d’un patient, d’aller le lui annoncer. J’ai eu le malheur de lui dire que c’était son rôle et que la famille accepterait mieux l’information si elle venait de lui. En réponse, il m’a menacée d’aller dire à la direction que j’étais incompétente.

Tout cela me fait penser que dans les études de médecine, on ne forme pas les chirurgiens au travail d’équipe, à l’aspect social du patient dont il faut tenir compte. C’est dommage car cela fait partie de la bonne prise en charge d’un patient. L’OMS ne dit-elle pas dans sa définition de la santé que « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ? »

Finalement, pour communiquer avec les chirurgiens, j’ai choisi le mail via leur programme médical. Très pratique et souvent la réponse est rapide. Pas toujours mise en forme, mais au moins je peux avancer dans mon travail.

J’ai toujours défendu les chirurgiens auprès des patients et des familles en excusant leur peu de temps, que ce n’est pas un métier facile, qu’ils ne peuvent pas répondre aux appels en salle d’opération. Je n’oublie pas qu’ils font un métier fantastique et que malgré cet aspect négatif, j’ai énormément de respect envers eux. Il faudrait juste que certains essayent de communiquer différemment. On est là pour les aider à respecter les délais de sortie et pas pour les prolonger.

La collaboration et la bonne communication sont les clés du succès. En effet, quand le chirurgien annonce lui-même au patient sa date de sortie, quand la famille a pu recevoir toutes les informations sur la prise en charge dont leur proche aura besoin, mon intervention est mieux acceptée et je peux plus facilement respecter les délais de sortie très courts imposés par l’INAMI. Heureusement, il y a des chirurgiens qui travaillent comme ça et avec lesquels j’ai eu beaucoup de plaisir à former une équipe.

CD, assistante sociale

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