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Conclaves budgétaires : "Ne désinvestissez pas dans nos secteurs", alerte l’UNIPSO

18/09/25
Conclaves budgétaires :

À l’approche des conclaves budgétaires, l’UNIPSO adresse un message clair aux gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles  : ne touchez pas aux budgets du secteur à profit social. L’organisation alerte sur les conséquences directes qu’auraient de nouvelles économies sur les professionnel·les du terrain. Derrière chaque ligne budgétaire, rappelle-t-elle, ce sont des soins, de l’accompagnement, de l’éducation, des services à la population qui risquent d’être fragilisés. Pour l’UNIPSO, désinvestir aujourd’hui dans ces métiers essentiels serait une erreur stratégique lourde de conséquences sociales.

Dans un contexte de fortes tensions budgétaires, l’UNIPSO, confédération intersectorielle des employeurs du secteur à profit social, met en garde contre une vision purement comptable du secteur non marchand. L’organisation insiste sur le fait que les entreprises à profit social ne peuvent être réduites à de simples postes de dépenses. Elles constituent, selon elle, un socle de solidarité, un pilier du système social et un investissement stratégique pour l’avenir collectif.

« Quand on parle de réduire les budgets du secteur à profit social, on parle en réalité de priver des milliers de personnes d’accompagnement, de soins, d’éducation à travers l’école ou l’accueil extra-scolaire, d’accès à une crèche, à un service d’aide à la jeunesse, à un service d’aide à domicile pour les personnes âgées ou en maison de repos et de soins, à un service d’accueil et d’hébergement pour les personnes en situation de handicap, à un service d’insertion socio-professionnelle, à une offre culturelle... », insiste Stéphane Emmanuelidis, Président de l’UNIPSO.

Le profit social, bien plus qu’un coût

« Il faut cesser de considérer que les entreprises à profit social, non marchandes, ne sont que des centres de coûts arrosés historiquement de subsides… et donc aujourd’hui une variable d’ajustement facile. Au contraire, ces entreprises, créées par l’action associative citoyenne, comptent aujourd’hui des dizaines de milliers d’emplois durables, non délocalisables, centrés sur l’humain qui répondent au quotidien à des besoins fondamentaux de la population… À tel point que les gouvernements et parlements successifs leur ont délégué des missions de services publics… considérant que tout ne peut relever de la seule loi du marché  », rappelle-t-il.

L’UNIPSO souligne également le rôle économique majeur joué par les entreprises à profit social. Selon l’Union, ces structures sont de véritables actrices économiques à part entière, partenaires des entreprises marchandes. Elles génèrent des milliers d’emplois durables qui soutiennent la consommation et la croissance locale, tout en jouant un rôle clé dans la réinsertion de publics fragilisés. Elles contribuent aussi à l’économie de proximité en achetant des biens et services à d’autres acteurs locaux. Par leurs activités, elles participeraient à créer un environnement favorable au développement économique, tout en assurant des fonctions de prévention essentielles, génératrices d’économies à long terme pour la société.

Lire aussi : Le travail social en CPAS sacrifié sur l’autel du management ? La tentation de la déqualification

Prévenir aujourd’hui pour éviter de payer demain

« Il est temps de considérer nos secteurs comme des acteurs de prévention majeure. Imaginer notre société sans crèche, sans culture, sans organismes de formation, sans hôpitaux, sans maisons de repos, sans service d’aide à domicile pour les personnes âgées… Cela amènerait très vite notre société à terriblement s’appauvrir et être excluante, en remettant toute la pression au sein des familles, sur les travailleur·euses, sur chacun et chacune, dans un contexte global où la santé mentale de notre population va mal. Autant dire qu’in fine, ce seront les acteur·ices économiques qui trinqueront », poursuit Monsieur Emmanuelidis. « Désinvestir dans nos secteurs reporterait sur la génération future, une addition bien plus salée. C’est donc une fausse économie. Une vision court-terme. Enfin, ça serait remettre en question, sans débat démocratique, des choix de société qui forment ’nos communs’. Ce n’est pas acceptable », conclut le Président de l’UNIPSO.

L’UNIPSO appelle les Gouvernements à être attentifs à garder une politique budgétaire qui place la solidarité et l’humain au cœur des priorités, autour de trois lignes de force  :

  • Garantir le financement stable et suffisant des services d’intérêt général face à des mesures régionales, fédérales voire européennes qui risquent de mettre à mal les entreprises ;
  • Soutenir les employeurs et les travailleur·euses face aux métiers en pénurie par un plan attractivité ambitieux ;
  • Maintenir des emplois qualifiés, locaux et durables, car ils sont la condition même pour répondre aux besoins essentiels de la société.

Ces trois lignes de force seront au cœur de l’analyse de l’UNIPSO qui, le cas échéant, se réservera le droit d’une réaction publique post conclaves. « Car couper dans le profit social, c’est scier la branche sur laquelle toute la société est assise », lance-t-elle. « Rendez-vous est pris… »



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