Dans les coulisses des gardes de Noël : les pros du social et de la santé racontent leurs fêtes
Quand les fêtes de fin d’année approchent, le travail ne s’interrompt pas pour les professionnel·le·s du social et de la santé. Garde, accompagnement, présence continue auprès des publics : Noël se vit aussi sur le terrain, loin des représentations idéalisées. À travers cette série de vidéos, le Guide Social donne la parole à quatre professionnel·le·s qui racontent leurs fêtes vécues au travail, leurs réalités quotidiennes, mais aussi leurs bilans, leurs inquiétudes et leurs espoirs pour la suite, à l’échelle de leur métier et de leur secteur.
Éducateur spécialisé, infirmière, sage-femme, responsable de centre de crise. Quatre métiers, quatre secteurs, quatre regards sur des fêtes vécues quand le travail continue. À travers leurs mots et leurs souvenirs de terrain, ces professionnel·le·s racontent ce que Noël change, et ce qu’il ne change pas, quand on accompagne, soigne ou protège, et livrent, en creux, une photographie très concrète du social et de la santé aujourd’hui.
Noël côté rue : le regard de Clément, éducateur spécialisé
Noël sur le terrain
Pour Clément, éducateur spécialisé à l’ASBL Jamais Sans Toit, les fêtes de fin d’année sont une période particulièrement sensible pour les personnes sans abri. Derrière le contraste entre l’ambiance extérieure et la réalité du terrain, l’équipe adapte le quotidien : un repas partagé, une grande table, un lieu transformé pour marquer le coup.
Un Noël où la chaleur humaine se construit autant par le travail des équipes que par l’énergie du public, entre solidarité, humour et moments suspendus.
Bilan de l’année et vœux pour 2026
À l’heure du bilan, Clément pose un regard lucide sur l’année écoulée et les incertitudes à venir. Budgets en baisse, contexte politique instable, publics toujours plus nombreux et fragilisés : le sans-abrisme fait face à des tensions croissantes.
Son vœu pour 2026 est à la fois radical et profondément social : « La meilleure chose, ce serait qu’un jour on me dise : ‘Clément, demain tu ne travailles plus. C’est fini. Pourquoi ? Parce qu’on n’a plus besoin de toi.’ » En attendant, il appelle à davantage de moyens, de reconnaissance et de considération pour les personnes accompagnées comme pour celles et ceux qui travaillent au quotidien à leurs côtés.
Noël à l’hôpital : le regard de Régine, infirmière
Noël sur le terrain
Pour Régine, infirmière au sein du centre hospitalier de revalidation gériatrique et neuro-locomoteur Valida, Noël à l’hôpital est une période à part. Les services se parent de décorations, la musique s’invite dans les couloirs, et les équipes multiplient les petites attentions pour rendre le quotidien plus chaleureux.
Mais derrière cette ambiance plus douce, certaines situations rappellent la réalité du soin : accompagner des patient·e·s fragilisé·e·s, soutenir les familles, et parfois tout mettre en œuvre pour permettre un dernier Noël digne, au plus près des souhaits exprimés.
Bilan de l’année et vœux pour 2026
À l’heure du bilan, Régine évoque un métier profondément humain, qu’elle décrit comme « le plus beau du monde », mais aussi physiquement et moralement exigeant. Le manque de reconnaissance, la charge de travail et le temps passé à l’hôpital au détriment de la vie privée pèsent sur la profession infirmière.
Dans ce contexte, elle le résume simplement : « On passe tellement de temps à l’hôpital… la reconnaissance changerait déjà beaucoup de choses. » Pour 2026, son souhait est clair : une reconnaissance accrue, pour redonner du sens, renforcer l’attractivité du métier et permettre aux équipes de continuer à exercer dans des conditions dignes.
Noël côté maternité : le regard d’Aline, sage-femme
Noël sur le terrain
Pour Aline Schoentjes, sage-femme et cofondatrice de la maison de naissance Amala, les fêtes de fin d’année peuvent rimer avec garde, accompagnement… et parfois naissance. Elle se souvient notamment d’un accouchement survenu le 24 décembre, dans une atmosphère à la fois tendue et douce, marquée par la neige, l’intimité du moment et la magie discrète de l’événement.
Au fil des années, l’équipe a aussi développé des rituels simples, entre collègues et partenaires, pour célébrer les fêtes, remercier les équipes et rappeler l’importance de prendre le temps de reconnaître les petites victoires du quotidien.
Bilan de l’année et vœux pour 2026
« On n’est pas des bonnes sœurs, on a des enfants à envoyer aux études, on a des impôts à payer et un frigo à remplir. » Dans son bilan, Aline pose un regard sans détour sur la réalité du métier de sage-femme. Déconventionnement massif, difficultés à vivre décemment de la profession, manque de reconnaissance publique et politique : les fragilités du secteur sont aujourd’hui bien visibles.
Pour 2026, elle appelle à une reconnaissance pleine et entière du rôle des sages-femmes, tant sur le plan symbolique que financier, et à une meilleure connaissance, par le grand public mais aussi les autorités politiques, de la plus-value du suivi global qu’elles proposent aux familles.
Noël côté addictions : le regard de Kris, directeur d’un centre de crise
Noël sur le terrain
Pour Kris Meurant, directeur du pôle psycho-social de Transit, un centre de crise ouvert 24h/24, les fêtes de fin d’année restent un moment particulièrement délicat. Pour certaines personnes accompagnées, cette période réactive des souvenirs douloureux, une solitude accrue ou une intensification des consommations.
Face à ces fragilités, les équipes renforcent leur présence et adaptent le cadre : repas de fête, espaces décorés, activités collectives. Un équilibre constant entre vigilance professionnelle, sécurité et volonté de maintenir un climat aussi humain que possible.
Bilan de l’année et vœux pour 2026
Dans son bilan, Kris Meurant élargit le regard aux enjeux structurels du secteur des addictions et de la grande précarité. Accès au logement, financement pérenne, stabilité politique : sans réponses durables à ces questions, l’accompagnement reste fragile.
« Les remerciements, c’est pas pour faire joli. Les remerciements, on en a besoin. Et dans une période comme celle-ci, c’est important d’avoir un peu de baume au cœur et de retrouver de quoi raviver la flamme. » Pour 2026, son vœu est clair : des moyens stables et une vision à long terme, pour permettre aux équipes de travailler dans des conditions sécurisantes et aux personnes accompagnées de retrouver des perspectives dignes.
Ces témoignages le rappellent avec force : pendant les fêtes, le social et la santé ne s’interrompent pas. Derrière chaque garde, il y a des équipes mobilisées, des responsabilités accrues et une attention constante portée aux bénéficiaires, souvent plus vulnérables en cette période.
À suivre : la série se poursuit sur Instagram, Facebook et LinkedIn la semaine prochaine avec une dernière interview en deux volets. Sylvain, neuropsychologue en maison de repos, partagera son regard sur les fêtes vécues au sein de la Résidence Christalain, entre accompagnement des résident·e·s, travail d’équipe et réflexion sur le sens du soin en fin d’année.
Joyeuses fêtes à vous !
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