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Burn-out : l'alarmante vulnérabilité du personnel médical face à l'intensification du travail

19/08/14
Burn-out: l'alarmante vulnérabilité du personnel médical face à l'intensification du travail

Diverses études ont montré que les médecins et le personnel infirmier sont davantage touchés par le phénomène du burn-out que d’autres secteurs.

Lire notre dossier : Bien-être au travail : les soignants en première ligne face au burn-out

Le SPF Santé en collaboration avec le SPF Emploi ont décidé d’évaluer l’étendue du burn-out au sein d’un échantillon représentatif de médecins et d’infirmiers, actifs dans les établissements hospitaliers en Belgique.

Des 196 hôpitaux invités à participer à l’étude, 37 (+/- 20%) ont décidé d’y prendre part, parmi lesquels 22 hôpitaux flamands, 10 hôpitaux wallons et 5 hôpitaux bruxellois. On retrouve notamment des enseignes connues telles que l’UCL Saint-Luc à Bruxelles, l’Hôpital universitaire des Enfants Reine Fabiola, le CHU de Charleroi ainsi que celui de Mont-Godinne. L’échantillon étudié comprenait 1.198 médecins et 4.635 infirmiers.

7% des infirmiers en burn-out

Il ressort de cette étude empirique que 6,6 % souffrent de burn-out et que 13,5 % appartiennent au groupe à risque. On ne constate aucune différence significative entre les médecins et les infirmiers, mais les cas de burn-out sont plus nombreux chez les infirmiers (6,9 % contre 5,4 %) et les médecins sont plus nombreux à figurer dans le groupe à risque (17,8 % contre 12,4 %).

Par ailleurs, environ 60 % de l’échantillon total a déclaré être enthousiaste, ce qui correspond au pendant positif du burn-out. L’enthousiasme est défini dans la littérature scientifique comme une « situation positive, affectivo-cognitive de satisfaction extrême qui se caractérise par de la vitalité, un dévouement et une absorption hors du commun ».

La charge de travail, source importante de stress

De cette étude, il ressort que les exigences du travail « charge de travail », « conflit de rôles » et « charge émotionnelle » ont montré une forte corrélation avec l’épuisement professionnel et la dépersonnalisation. Donc, plus la charge de travail est vécue comme élevée, plus l’épuisement émotionnel et la dépersonnalisation sont mentionnés. Une corrélation positive avec les conflits de rôles a également été constatée. Cela signifie que plus l’on ressent des conflits de rôles au travail, plus le score de l’épuisement professionnel et de la dépersonnalisation est élevé. Une charge émotionnelle plus fortement ressentie va également de pair avec une plus forte impression d’épuisement émotionnel et de dépersonnalisation. Au contraire, un sentiment d’autonomie et d’exploitation des compétences accru va de pair avec un niveau plus élevé d’accomplissement personnel et d’enthousiasme.

La charge de travail - déterminée par la quantité de travail à effectuer dans un laps de temps déterminé et qui dépend du personnel disponible - est donc un antécédent du burn-out chez le personnel infirmier. Il a d’ailleurs été clairement établi que la charge de travail, la pression temporelle et les obligations administratives ont une influence directe sur le stress et le burn-out. De même qu’une relation directe existe entre la présence de personnel en nombre suffisant et le burn-out.

Les émotions accentuent l’épuisement

En outre, un travail à charge émotionnelle élevée fait référence à un travail où l’on est fréquemment confronté à des situations poignantes. Ce type de travail est caractéristique du secteur des soins de santé. Il est souvent constaté chez les infirmiers et les médecins que la charge émotionnelle représente un important facteur de risque de burn-out. Aussi le décès des patients et l’incertitude par rapport au traitement peuvent favoriser l’épuisement du personnel.

Les conséquences négatives du burn-out sur la santé

Un épuisement émotionnel plus élevé est lié à une moins bonne santé psychique et physique et à des troubles psychosomatiques plus nombreux. Une corrélation positive modérée entre l’épuisement professionnel et des comportements tels que « la consommation de médicaments », « l’absentéisme » et la corrélation positive plus forte avec « le présentéisme » a également été observée. Les médecins et les infirmiers ne sont pas restés plus souvent à la maison, mais ils ont été aussi nombreux à avoir continué à travailler alors qu’ils étaient émotionnellement épuisés. L’intention de quitter le service, l’hôpital et la profession a une corrélation positive avec « l’épuisement émotionnel ». Plus l’on fait état d’un épuisement émotionnel, moins on se sent prêt à et capable de travailler jusqu’à 65 ans.

Enthousiasme et meilleure santé physique

À l’inverse, les médecins et les infirmiers enthousiastes présentent une meilleure santé physique et psychique. L’enthousiasme présente également une forte corrélation négative avec l’intention de quitter à tous les niveaux et positive avec un comportement extra-rôle. En d’autres termes, les médecins et les infirmiers enthousiastes sont prêts à accepter des tâches supplémentaires, qui ne font pas partie de leurs attributions. Les médecins et les infirmiers enthousiastes sont prêts à et se sentent capables de travailler jusqu’à 65 ans.

Ces observations permettent donc de conclure que tant l’épuisement professionnel que l’enthousiasme sont liés, indépendamment l’un de l’autre, aux mêmes conséquences, mais dans la direction inverse. Concrètement, cela signifie qu’il est important de mettre en œuvre simultanément des mesures de prévention du burn-out et des mesures visant à favoriser l’enthousiasme. Et le jeu en vaut la chandelle puisque ce faisant, le bien-être des travailleurs est favorisé et la qualité du travail est maintenue...

Delphine Hotua

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Commentaires - 1 message
  • vous ne parlez pas des aides soignants en maison de repos et de soins qui subissent la pression des familles qui n'ont pas de temps de parole parce que trop de travaille et d'absentéisme infirmier.Et que dire encore de perte de personnesque l'on àa soignez pendant des années.Emotionnellement,c'est trop dur pourtant on aime notre boulot!!!

    maman coqs samedi 15 novembre 2014 10:31

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