Les crèches francophones poussées à bout
Le personnel des crèches et les accueillants d’enfants opérant sous l’organisation flamande Kind & Gezin seront bientôt tenus de maîtriser le néerlandais. Pour 2017, plus de la moitié des familles accueillies devront être néerlandophones.
Alors que 75% des structures d’accueil bruxelloises sous contrôle de Kind & Gezin sont francophones, l’organisation durcit ses règles : si les accueillants ne maîtrisent pas le néerlandais et n’accueillent pas au moins 55% d’enfants néerlandophones d’ici 2017, ils se verront refuser l’agrément. Les professionnels, dépassés, ne trouvent aucune issue auprès de l’ONE dont les conditions d’accès sont pour beaucoup trop sévères.
Le conflit séparatiste dans les crèches belges ?
Les professionnels du secteur seront obligés de maîtriser le néerlandais dès le mois prochain, certificat à l’appui. D’ici deux ans, les crèches agréés par K&G seront décidément devenues flamandes. Outre les difficultés à appliquer ces mesures, les accueillants bruxellois grondent contre ce qu’ils considèrent être un nouveau coup de la politique séparatiste flamande. Résultat, beaucoup de crèches voudraient se transférer vers l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE). Mais ce n’est pas sans s’exposer à de lourdes contraintes financières qui mettraient en péril les places et le personnel disponibles.
L’ONE trop sévère
Pour le personnel du secteur et pour les parents, le problème se résume à ça : les conditions imposées aux crèches par l’ONE sont trop strictes et mettent en péril l’emploi et la sécurité des familles. Si l’on reconnaît une légitimité à devoir parler flamand sous K&G, le secteur n’admet pas de ne pouvoir se rapprocher de la structure francophone sans souffrir de lourdes pertes. Avec K&G, chaque accueillant peut se voir confier la charge de 9 enfants, alors que l’ONE leur impose un maximum de 4,5 enfants. Le salaire, lui aussi, fait le grand écart : un gardien d’enfant gagne 1.930 euros bruts par mois sous l’ONE, alors qu’il ne gagne que 1.450 euros bruts par mois en Flandre. Une bonne nouvelle à première vue, mais les directeurs n’ont souvent pas les moyens d’aligner les salaires sans supprimer des postes. En pratique, un enfant flamand peut donc bénéficier d’une vigilance partagée avec 8 autres enfants, alors qu’un enfant wallon partage sa gardienne avec 3 autres bambins. En clair, le système wallon serait plus cher et moins rentable qu’en Flandre.
Pas question de brader les conditions d’autorisation
Alors que les professionnels du secteur se mobilisent via une pétition pour un assouplissement des règles d’agrément de l’ONE, l’organisation se défend du bien-fondé de ses pratiques dans les colonnes de L’avenir. Selon elle, la réforme des crèches opérée en Flandre est légitime car, pour l’instant, "les conditions d’accueil de Kind & Gezin sont en dessous des standards wallons". Il n’est donc pas question pour l’ONE de brader les conditions d’autorisation pour les crèches, ce qui irait forcément de pair avec une détérioration des services d’accueil à l’enfance. Si les budgets seront aménagés pour l’insertion des structures d’accueil rescapées de K&G, l’ONE ne promet qu’une faible augmentation du nombre d’enfants par accueillant pour combler les pertes.
Quelques bonnes nouvelles
Dernièrement, le Plan Cigogne a validé la création de 5.400 nouvelles places en crèches d’ici 2018 à Wallonie et à Bruxelles. Début mars, la Région wallonne a accordé un subside de 175. 845 euros pour la création d’une crèche à Rebecq. D’ici fin mars 2016, la commune disposera de 18 places supplémentaires. Une initiative peut-être instigatrice d’un engagement régional pour remettre les provinces wallonnes, en retard sur les attentes du Plan Cigogne, sur les rails du projet.
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