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Les crèches francophones poussées à bout

10/03/15
Les crèches francophones poussées à bout

Le personnel des crèches et les accueillants d’enfants opérant sous l’organisation flamande Kind & Gezin seront bientôt tenus de maîtriser le néerlandais. Pour 2017, plus de la moitié des familles accueillies devront être néerlandophones.

Alors que 75% des structures d’accueil bruxelloises sous contrôle de Kind & Gezin sont francophones, l’organisation durcit ses règles : si les accueillants ne maîtrisent pas le néerlandais et n’accueillent pas au moins 55% d’enfants néerlandophones d’ici 2017, ils se verront refuser l’agrément. Les professionnels, dépassés, ne trouvent aucune issue auprès de l’ONE dont les conditions d’accès sont pour beaucoup trop sévères.

Le conflit séparatiste dans les crèches belges ?

Les professionnels du secteur seront obligés de maîtriser le néerlandais dès le mois prochain, certificat à l’appui. D’ici deux ans, les crèches agréés par K&G seront décidément devenues flamandes. Outre les difficultés à appliquer ces mesures, les accueillants bruxellois grondent contre ce qu’ils considèrent être un nouveau coup de la politique séparatiste flamande. Résultat, beaucoup de crèches voudraient se transférer vers l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE). Mais ce n’est pas sans s’exposer à de lourdes contraintes financières qui mettraient en péril les places et le personnel disponibles.

L’ONE trop sévère

Pour le personnel du secteur et pour les parents, le problème se résume à ça : les conditions imposées aux crèches par l’ONE sont trop strictes et mettent en péril l’emploi et la sécurité des familles. Si l’on reconnaît une légitimité à devoir parler flamand sous K&G, le secteur n’admet pas de ne pouvoir se rapprocher de la structure francophone sans souffrir de lourdes pertes. Avec K&G, chaque accueillant peut se voir confier la charge de 9 enfants, alors que l’ONE leur impose un maximum de 4,5 enfants. Le salaire, lui aussi, fait le grand écart : un gardien d’enfant gagne 1.930 euros bruts par mois sous l’ONE, alors qu’il ne gagne que 1.450 euros bruts par mois en Flandre. Une bonne nouvelle à première vue, mais les directeurs n’ont souvent pas les moyens d’aligner les salaires sans supprimer des postes. En pratique, un enfant flamand peut donc bénéficier d’une vigilance partagée avec 8 autres enfants, alors qu’un enfant wallon partage sa gardienne avec 3 autres bambins. En clair, le système wallon serait plus cher et moins rentable qu’en Flandre.

Pas question de brader les conditions d’autorisation

Alors que les professionnels du secteur se mobilisent via une pétition pour un assouplissement des règles d’agrément de l’ONE, l’organisation se défend du bien-fondé de ses pratiques dans les colonnes de L’avenir. Selon elle, la réforme des crèches opérée en Flandre est légitime car, pour l’instant, "les conditions d’accueil de Kind & Gezin sont en dessous des standards wallons". Il n’est donc pas question pour l’ONE de brader les conditions d’autorisation pour les crèches, ce qui irait forcément de pair avec une détérioration des services d’accueil à l’enfance. Si les budgets seront aménagés pour l’insertion des structures d’accueil rescapées de K&G, l’ONE ne promet qu’une faible augmentation du nombre d’enfants par accueillant pour combler les pertes.

Quelques bonnes nouvelles

Dernièrement, le Plan Cigogne a validé la création de 5.400 nouvelles places en crèches d’ici 2018 à Wallonie et à Bruxelles. Début mars, la Région wallonne a accordé un subside de 175. 845 euros pour la création d’une crèche à Rebecq. D’ici fin mars 2016, la commune disposera de 18 places supplémentaires. Une initiative peut-être instigatrice d’un engagement régional pour remettre les provinces wallonnes, en retard sur les attentes du Plan Cigogne, sur les rails du projet.



Commentaires - 7 messages
  • Kind & Gezin et O.N.E. deux organisations censées être au service du public et qui se croient sorties d'une dictature!

    jlo jeudi 12 mars 2015 08:13
  • Moins rentable ? C'est vraiment de cela dont il doit s'agir dans une crèche, être rentable ? Ce n'est pourtant pas une entreprise... rnLes puéricultrices qui ont la charge d'enfants toute la journée exercent un métier fatigant qui demande, entre autres, de la vigilance et une attention constante. Il me semble qu'il est justement important que le nombre d'enfants par puéricultrice ne soit pas trop élevé...rnEt si le système wallon est plus cher parce que, selon vous, les salaires des puéricultrices sont trop élevés, je ne suis pas d'accord non plus... 1900 euros bruts / mois, ce n'est pas excessif pour un métier tel que celui-là, surtout si on tient compte du fait que les contrats sont souvent ACS (difficile de trouver des subsides pour certaines crèches !) ou à temps partiel, sans oublier le bon nombre de contrats à durée déterminée ou de remplacement...

    Mda212 jeudi 12 mars 2015 12:25
  • Bonjour Mda212,

    Nous tenons à vous indiquer que le Guide Social ne se prononce pas en faveur d'une méthode de travail ou d'une autre. Nous exprimons les inquiétudes de certains professionnels du secteur, et notamment des crèches bruxelloises concernées, de voir leurs budgets et leurs postes diminués. Ce faisant, il est important d'expliciter la nature du problème. L'une de ces préoccupations est justement que des crèches soient contraintes à la fermeture, ou que ces services soient repris par des entreprises privées.

    Nous encourageons tous nos lecteurs à manifester leurs points de vue constructifs d'un débat éclairé sur ce sujet.

    L'équipe du Guide Social professionnel

    Modérateur jeudi 12 mars 2015 13:12
  • Bonjour,

    Qu'entendez-vous donc par "rentable" ? Un budget en équilibre ou un enrichissement ? Parce que faire du socila pour s'enrichir c'est une vaste blague !

    Moi ce qui me choque c'est qu'ils ne veulent pas apprendre le néerlandais mais ne voudraient pas être régis par l'One.. Faudrait savoir ce qu'on veut. Si ces crèches prennent les avantages d'être moins "sévèrement" contrôlés, qu'ils prennent aussi le petit inconvénient de devoir apprendre le néerlandais. Et ne venez donc pas me dire que c'est nouveau, ça fait des mois qu'on en parle de cette obligation qu'on veut faire passer pour un conflit communautaire.

    Et je sais de quoi je parle parce que moi les contraintes de l'One je les connais. Depuis 6 ans ma crèche fonctionne sur fonds propres (eh oui, les crèches privées ne sont pas subventionnées). Mais se plaindre c'est tellement plus facile.

    Maintenant une chose est certaine : en Belgique, rien n'est fait pour faciliter la vie des indépendants et si vous saviez le nombre de demandes d'emploi de puéricultrices que je reçois... mais impossible d'engager du personnel sans être subventionné. Maintenant je ne voudrais pas être contrainte de devoir gérer mon entreprise comme une crèche communale avec PFP etc...

    Ribarsouilles jeudi 12 mars 2015 14:11
  • Cet article est assez interpellant et pas très objectif selon moi. Je suis plutôt d'accord avec les commentaires précédents. N'importe qui peut ouvrir une crèche avec K&G. Trouvez-vous cela normal? Aucun diplôme n'est requis, et jusqu'il y a peu, il ne fallait pas parler le néerlandais. Les personnes qui se sont dirigées vers K&G l'ont fait précisément pour ces raisons-là. Aujourd'hui, les connaissances du monde de la petite enfance ont considérablement évolué. Et penser que n'importe qui peut ouvrir une crèche n'est plus acceptable. Les conditions de l'ONE ne sont pas sévères, elles sont justes et pour moi, la qualité de l'accueil pourrait encore être améliorée. Quant aux salaires, 1930euro brut semble être un minimum pour la nature du travail à fournir. Bien évidemment, si vous pensez encore que garder des enfants signifie donner à manger, changer les langes, mettre au lit... et bien vous avez tort. Ce travail nécessite intelligence, compétence et responsabilité, et peu de professionnels en font preuve. Ce sont probablement ceux-là même qui trouvent les conditions de l'ONE trop strictes. Si les personnes qui sont passées par K&G parce que les conditions étaient pratiquement inexistantes ne veulent pas se mettre au néerlandais, et bien, tant pis. En fait, K&G n'aurait jamais dû accepter d'autoriser des personnes francophones, tout simplement. Enfin pour corriger votre erreur, le taux d'encadrement pour l'ONE est de 7 enfants pour une personne. Il y a tout un tas de nouvelles normes depuis 2015... Normes qui ont pour but d'encourager l'ouverture de nouveaux milieux d'accueil...

    Csylvie vendredi 13 mars 2015 17:56
  • Petit arrêt pour laisser un commentaire, braves gens (j'en suis convaincue, éh oui, l'espoir subsiste bon gré ou malgré moi parfois :-p) Bref. Les petits indépendants ne sont pas aidés, on tente même de nous faire disparaître. En plus, c'est la classe moyenne (dont nous faisons partie) qui fait tourner l'économie mais peut-être que l'on cherche à faire "péter" tout ça, la question se pose en effet.
    Evidemment que nous devons gagner notre vie, nous avons aussi un loyer privé et nos propres enfants à élever, et même, il nous arrive aussi de devoir manger! (C'est dingue, n'est-ce pas?) Et il s'agit bien là de petites entreprises ! Personne n'a envie de travailler gratuitement. L'ONE impose de plus en plus de règles strictes, abusives et stupides, elle veut tout contrôler à un tel point que nous n'avons plus du statut d'indépendant que les inconvénients pour payer les cotisations sociales et les impôts. Si l'ONE veut à ce point tout contrôler, qu'elle assume aussi les cotisations sociales et les impôts ! Les parents se plaignent de la hausse des tarifs dans les maisons d'enfants, mais pour satisfaire l'ONE et subsister un tant soit peu, nous n'avons pas d'autre choix.
    On nous rabâche les oreilles avec la protection des enfants, ça me fait rire, alors qu'il ne s'agit là que de politique... En quoi cela protège les enfants que l'ONE demande un droit de regard et pire même, nous impose la rédaction de nos contrats avec les parents ? Il me semblait qu'en tant qu'indépendant, il s'agissait là de notre popote interne, mais soit ! Lorsque l'ONE aura fait fermer la plupart des maisons d'enfants, quelle sera sa solution comme moyen de garde pour tous ces enfants ? (On attend toujours que les crèches communales copulent... Hum!) A ce moment-là, quand les parents confieront leurs petits à n'importe qui en  «Â black », quelle sera leur idée pour «Â protéger » tous ces enfants qui seront «Â lâchés » dans la nature???

    Lorsque j'ai dit à l'inspectrice (que je continuerai à appeler ainsi tant qu'elle n'aura pas un réel rôle de «Â coordinatrice ») que je comptais diminuer ma capacité d'accueil, elle en a fait une tête ! Mais oui Madame, avec toutes les contraintes que vous nous imposez, je n'ai pas le choix. J'ai envie de pouvoir dormir la nuit, et de pouvoir nourrir mon enfant ! (Petit rappel mathématique: 1 puéricultrice à 3000€ par mois avec 7 enfants à 550€ ce qui fait un total de 3850€, moins les charges et environ 50% d'impôts, on y arrive pas! C'est pas moi qui le dis, c'est purement mathématique. Or, si je ne sais pas nourrir ma famille, ni payer un toit au-dessus de nos têtes, et par la même occasion becter un peu aussi, je ne peux plus faire tourner ma maison d'enfants non plus. Mais bon, ça on l'oublie souvent et c'est bien triste.)
    Lorsque je demande à l'inspectrice de l'ONE quelle solution elle me propose lorsqu'une de mes employées ne vient pas travailler parce qu'elle est malade : silence total ! Eh oui, que devons-nous faire dans ce cas ? Fermer ? Parce qu'alors nous nous retrouvons en insuffisance d'effectif ? Et financièrement, comment on s'arrange ? Je me vois bien prévenir tous les parents à 7h du matin pour leur dire que nous fermons une semaine parce que l'une d'entre nous a la grippe ! Parce que pendant ce temps, les cotisations sociales, les salaires, les loyers et toutes les autres charges, toutes ces factures ne sont pas mises sur pause... Et ce n'est là qu'un tout petit aperçu des problèmes que l'on rencontre... Il y a, hélas, beaucoup plus de problèmes que de solutions, et l'ONE n'aide en rien.
    Tous ces bureaucrates qui viennent imposer leurs règles à nous professionnels de la petite enfance qui sommes sur le terrain en permanence. «Â In medio virtus », et nous sommes en plein extrémisme.
    Les excès nuisent en tout. Sur ce, la bonne soirée bonnes gens ! ;-)

    Papillondenuit samedi 20 juin 2015 22:56
  • Dommage qu'on ne pense pas aussi a etre plus stricte quant aux maladies des enfants et quand est-ce qu'on doit /pas accepter un enfant malade en creche. Je suis toujours etonnee par le nombre de parents (en hiver) qu'arrivent pour deposer leur bebe en disant: "oui il/elle a eu de la fievre mais je l'ai donne du dafalgan et maintenant ça a l'air d'aller"... je me dis toujours que sans avoir un medecin sur place c'est difficile a juger si oui l'enfant peut rester ou non pcq c'est quelque chose plus grave et tres contagieuse et l'enfant ne peut pas rester. L'autre jour a l'hopital on m'a dit qu'il y a de plus en plus des cas d'enfants qu'attrapent la rugeole chez la creche. Í?a c'est pas gai....

    Smpm mercredi 30 mars 2016 21:29

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