Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Lettre ouverte pour la légalisation de l'avortement en Espagne

23/12/13
Lettre ouverte pour la légalisation de l'avortement en Espagne

Les quatre fédérations de centres de planning familial en Belgique francophone et le Groupe d’Action des Centres Extra-Hospitaliers Pratiquant des Avortements (GACEHPA) se sont manifestés suite au projet de loi adopté en Espagne concernant l’avortement.

La Fédération Laïque de Centres de Planning Familial (FLCPF), la Fédération des Centres de Planning Familial des Femmes, les Prévoyantes Socialistes (FCPF-FPS), la Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial (FCPPF), la Fédération des Centres de Planning et de Consultations (FCPC), Groupe d’Action des Centres Extra-Hospitaliers pratiquant l’Avortement (GACEHPA) ont envoyé une lettre ouverte à l’attention de Mariano Rajoy Brey, Président du Gouvernement espagnol suite à la tentative de modification de la législation relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en Espagne.

Lettre ouverte à Mariano Rajoy Brey, Président du Gouvernement espagnol

Bruxelles, le 23 décembre 2013

Les fédérations de centres de planning familial actives en Belgique francophone ainsi que le Groupe d’Action des Centres Extra-Hospitaliers pratiquant l’Avortement (GACEHPA) s’insurgent contre le projet de modification de votre législation relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Votre gouvernement plonge ainsi l’Espagne et sa population dans une crise, non plus économique cette fois, mais éthique.

Votre état a modifié sa loi sur la dépénalisation de l’avortement à trois reprises depuis 1985. Avant cette date, l’avortement était purement et simplement interdit. Puis votre législation a ouvert trois exceptions : en cas de viol, en cas de malformation du fœtus et en cas de danger pour la santé physique ou psychologique de la mère. La malformation fœtale ne représentait que 3 % des 113.000 IVG réalisées à l’époque.

En interprétant très largement la définition du « danger psychologique », les médecins avaient rendu l’avortement légal de facto. En 2010, le parlement espagnol et par là même, le peuple espagnol a décidé de mettre fin à cette hypocrisie en libéralisant pleinement l’IVG sous certaines conditions et respecter ainsi les droits fondamentaux de la femme. Il est important de préciser que le nombre d’IVG réalisé avant et après cette réforme de 2010 est resté stable, soit quelque 100.000 par an.

Le projet de loi adopté ce vendredi par votre gouvernement ne prévoit une autorisation d’avortement que dans deux cas très précis : que l’interruption de grossesse soit « nécessaire en raison d’un grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme », ou que « la grossesse soit une conséquence d’un délit contre la liberté ou l’intégrité sexuelle de la femme ».

Cette réforme, si elle devait se traduire dans la législation, non seulement ramènerait votre pays près de 30 ans en arrière mais surtout violerait toute une série de droits de la femme et porterait une atteinte grave à l’essence même de ses libertés fondamentales :
 son droit à la vie, à la santé et à l’intégrité physique ;
 sa liberté de conscience, son autonomie morale et son droit à prendre librement ses décisions ;
 son droit à une maternité librement choisie, droit fondamental reconnu à l’échelle mondiale.

Mais que souhaitez-vous Monsieur le Président pour votre pays ?

Le retour aux avortements clandestins, le retour de voyages « organisés » vers la plupart des pays européens qui pratiquent légalement les IVG (24 sur 28 en Europe), l’augmentation des inégalités sociales et tout ceci bien sûr en augmentant la douleur et les souffrances psychologiques des femmes. Nous ne pouvons que déplorer cette vision que vous voulez donner de l’Espagne, cette vision que nous pensions révolue depuis le départ de Franco.

Monsieur le Président, si vous devez prendre des mesures, mettez en œuvre, dans son intégralité, la loi sur la santé sexuelle et reproductive de 2010. Celle-ci prévoyait également l’instauration de l’éducation sexuelle à l’école primaire et secondaire, l’accès universel au contrôle des naissances y compris la pilule du lendemain. Ces deux éléments, tels que démontrés par les données scientifiques disponibles et contrairement aux lois restrictives sur l’avortement, sont les seuls qui amènent à réduire le nombre d’IVG.

Monsieur le Président, faites preuve d’humanisme et de courage politique et abandonnez cette réforme.



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour