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Soins de santé : le gouvernement Michel sabre dans les budgets

29/10/14
Soins de santé : le gouvernement Michel sabre dans les budgets

Le gouvernement suédois est désormais sur les rails et avec lui, les sempiternelles nécessités d’économies. Le secteur des soins de santé n’y échappe malheureusement pas. Que du contraire, il est touché de plein fouet avec pour la seule année 2015, un budget amputé de 355 millions d’euros.

 L’accord de gouvernement fédéral : quelles conséquences sur les travailleurs ?

 Mécontentement social : faut-il avoir peur du gouvernement Michel ?

Maggie De Block (Open Vld), la nouvelle ministre en charge des Affaires sociales et de la Santé publique, a elle-même qualifié ces coupes budgétaires de drastiques. De là à dire que l’impact de ces mesures se fera sentir sur le secteur psycho-médico-social, il n’y a qu’un pas.

Des prestataires de soins en mode régime

Aussi, les infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes, logopèdes, médecins, etc. verront leur indexation supprimée. Aucune adaptation des honoraires ne se fera au 1er janvier 2015. Cela implique néanmoins pour les patients que les tickets modérateurs ne seront pas indexés non plus.

Par ailleurs, la ministre libérale flamande a estimé que les hôpitaux devaient davantage se spécialiser afin de maintenir le coût des soins des santé abordable à long terme, pour les patients mais également pour les finances publiques. Selon Maggie De block, médecin généraliste de formation, il est en effet possible d’épargner sans que les soins ne soient compromis pour les personnes soignées. Dès lors, selon la ministre toujours, le double usage des appareils médicaux peut être diminué et les hôpitaux pourraient se spécialiser dans certains traitements.

Cette volonté de spécialiser les établissements médicaux fait partie de la réforme plus globale du financement des hôpitaux. Dans l’accord de gouvernement fédéral, conclu le 9 octobre dernier, on peut lire que le nouveau système de financement des hôpitaux « doit couvrir les frais de fonctionnement des hôpitaux et suivre correctement l’évolution des besoins. Ce système devra être moins lié à la structure et aux prestations, et devra stimuler les institutions et les dispensateurs de soins pour adopter une attitude axée sur la qualité et les résultats dans tous les domaines significatifs tels que l’accessibilité, le respect des délais, la sécurité, l’efficience,... sans alourdir davantage l’obligation globale d’enregistrement. »

Réduction du séjour hospitalier pour les jeunes mamans

Autre mesure phare d’économie adoptée par Maggie De Block : le séjour à la maternité pour les jeunes mamans est raboté d’un demi-jour. Autrement dit, les femmes devront quitter la maternité 4 jours après l’accouchement. Cette mesure risque de chambouler les soins prodigués à la mère et à l’enfant, ainsi que le travail du personnel soignant puisque le turn-over des patientes sera plus important. Par contre, bonne nouvelle, les services des sages-femmes à domicile seront encouragés à prendre leur élan. D’autant plus que l’Inami - l’Institut national d’Assurance Maladie Invalidité - prévoit un remboursement de ces consultations jusqu’au sixième jour après l’accouchement

Par ailleurs, durant la législature, le gouvernement Michel entend (re)valoriser les professions d’infirmiers, de sages-femmes et des soins à domicile. Dans ce but, un plan d’attractivité pour les infirmiers sera exécuté.

Santé mentale : de bonnes intentions mais avec quel budget ?

Concernant la santé mentale, l’accord du gouvernement fédéral propose que l’offre de soins soit adapté aux besoins des patients avec double diagnostic. « En collaboration avec les entités fédérées concernées, l’offre en soins de santé mentale pour les enfants, les jeunes et les patients avec double diagnostic sera adaptée aux besoins. Dans ce cas également, il faut veiller à ce que l’offre soit correctement répartie sur le plan géographique. » Questionné à ce sujet par le guide social, le cabinet De Block ne donne pas plus de détails : « Il est prématuré de répondre concrètement à la question pour le moment », souligne Els Cleemput, la porte-parole de la ministre de la Santé.

Mais, au vu des mesures d’austérité imposées au secteur des soins de santé, on peut douter que des initiatives prennent forme à ce niveau. Preuve en est : le nouveau centre de psychiatrie médico-légale de Gand ouvert en mai dernier devrait être occupé à seulement 70% de ses capacités en 2015, son budget ayant été raboté.

Psychologue, pas de remboursement dans l’immédiat

La note gouvernementale précise également que la loi du 4 avril 2014 relatif à l’exercice des professions des soins de santé sera exécutée sans délai. Cette loi concerne la reconnaissance des titres et de l’exercice des psychologues cliniciens et des psychothérapeutes. La plateforme PsySM qui regroupe les professionnels de la Santé mentale, attend que la nouvelle ministre de la Santé établisse l’arrêté d’exécution qui permettra l’élection du Conseil Fédéral de la Santé Mentale. « La mise en place de ce Conseil est essentiel pour que la loi soit en vigueur à partir du 1er septembre 2016. Ce Conseil devra réaliser les arrêtés d’exécution concernant les critères de reconnaissance des psychothérapeutes, des instituts de formation et des mesures transitoires pour les psychothérapeutes déjà sur le terrain », explique Françoise Daune, présidente de la PsySM.

Le remboursement des consultations chez un psychologue n’est donc aujourd’hui pas d’actualité. Le cabinet De Block précise qu’il faut d’abord mettre sur papier la reconnaissance du statut des professionnels de la psychologie avant qu’un quelconque remboursement puisse être organisé. Lors de la précédente législature, Laurette Onkelinx, à l’époque ministre de la Santé, avait déjà spécifié qu’il n’y avait pas de budget pour cela. Vu les restrictions annoncées, ce remboursement ne sera sans doute pas discuté dans l’immédiat. Néanmoins, l’entrée en vigueur de la loi va reposer ce problème.

Notez que le budget total alloué aux soins de santé atteindra 23,8 milliards d’euros en 2015. Ce montant tient compte de l’impact de la 6e réforme de l’État.

Delphine Hotua



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