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Unipso : bilan mitigé, mais confiant dans l'avenir !

27/10/15
Unipso : bilan mitigé, mais confiant dans l'avenir !

Le transfert des compétences, dans le cadre de la régionalisation, faisait partie des grosses craintes de l’Unipso. Un an après l’entrée en fonction des nouveaux gouvernements, nous avons désiré savoir si les revendications du secteur ont été entendues. La porte-parole de l’Unipso, Hélène Derbaudrenghien, répond à nos questions.

Un an après la publication de votre mémorandum, où en sont vos revendications ?

Pour l’UNIPSO, le dossier le plus important concernait le transfert des compétences vers les régions et communautés, prévu par la sixième réforme de l’Etat. A ce niveau et pour les matières liées à la santé au sens large, la grande nouveauté est la mise en place dès janvier 2016 d’un nouvel OIP : l’Agence wallonne de la santé, de la protection sociale, du handicap et des familles. Comme demandé, l’UNIPSO et les autres acteurs concernés ont été inclus dans le processus de construction de ce nouvel OIP, ce qui nous satisfaits. De plus et bien qu’il ne soit pas encore en état de fonctionnement, il semble que celui-ci- fera l’objet d’une gestion paritaire ce qui rejoint une autre de nos préoccupations. Un chantier parallèle est la réforme de la fonction consultative en Wallonie qui concerne une grande partie du secteur à profit social. Dans un objectif de simplification et de rationalisation, nous souhaitons “une place pour chaque acteur et chaque acteur à sa place” ; le processus étant toujours en cours, nous espérons que ce principe sera respecté afin d’obtenir une fonction consultative efficace, pertinente et complète.

Vous souhaitiez aussi plus de cohérence au niveau des politiques ?

Nous espérons en effet que cet OIP va permettre une plus grande cohérence entre les services et entre les politiques, et une meilleure adéquation avec les besoins des bénéficiaires, puisque les acteurs de terrain seront directement impliqués et pourront faire valoir leurs demandes. La question du financement est par contre plus problématique puisque certains besoins sociaux augmentent (accroissement de la pauvreté, vieillissement de la population, etc.). Si, dans la déclaration de politique régionale 2014-2019, l’importance du secteur associatif est reconnue, par contre dans la réalité, lors du conclave budgétaire, nous avons vu que de nombreux budgets liés au secteur avaient été coupés. Par exemple, on note une diminution de 15% des subventions facultatives, donc aujourd’hui on se rend compte que beaucoup d’associations se retrouvent dans des situations financières difficiles, alors que les besoins augmentent. Concernant le financement de certains OIP, on relève aussi une réduction de financement de 10% sur 3 ans. Cette diminution des budgets liés au secteur à profit social pose la question de l’implication et de l’investissement de l’Etat pour répondre à ces besoins de société !

Dans votre mémorandum vous défendiez en effet le maintien d’un état social fort, ici, il est quand même mis à mal ?

Oui, exactement. L’Etat providence permet à chacun d’avoir accès à des services de qualité abordables. La diminution des budgets pose donc question par rapport aux missions de l’Etat en 2015 et pour les années suivantes. Le risque de marchandisation des services est à épingler. Les politiques doivent faire un choix quant à notre modèle de société. Il ne faut pas que l’Etat et les citoyens oublient la raison d’être du secteur associatif par rapport à ces enjeux.

Les problèmes de financement ont du coup des répercussions sur l’emploi ?

Un des grands points de notre mémorandum concernait, à ce niveau, le transfert des postes APE dans les politiques fonctionnelles. Ce travail est en cours, mais rien n’est encore concrétisé pour l’instant. Des postes ont été créés sur base des politiques de remise à l’emploi et nous souhaiterions que ce soient les politiques sectorielles, qui en ont la charge, qui les financent directement. Car ils répondent à un besoin de secteurs précis et financent des politiques sociales au-delà des politiques de remise à l’emploi.

L’accessibilité et la qualité des services vient en filigrane par rapport aux points précédents ?

Oui, les points précédents permettent en effet de maintenir l’accessibilité et la qualité des services. C’est intrinsèquement lié au maintien du modèle social fort.

Par rapport à la formation, où en sont vos revendications ?

Nous participons aux travaux sur le Pacte d’Excellence lancés par la Ministre Milquet. Nous souhaitons travailler en amont des politiques pour que les réalités du secteur à profit social soient prises en compte. Mais par rapport aux demandes spécifiques pour le secteur, nous sommes encore à la traîne. Nous souhaiterions notamment pouvoir intégrer le Comité de gestion du Forem, car il met en lien l’emploi et la formation. Si nous pouvions y faire valoir nos intérêts, ce serait de bon augure.

L’innovation sociale faisait également partie des points repris dans votre mémorandum.

Quant on a lu la DPR, on a vu que cela faisait partie des priorités du gouvernement, mais il n’y a pas encore de politique mise en place à ce niveau-là. Et surtout, les asbl, de par leur statut juridique, ne sont pas reconnues comme entreprises porteuses d’innovation. Un réel décloisonnement de la stratégie publique régionale en la matière nous tient à coeur, nous avons donc développé un guide de l’innovation sociale afin de faire valoir notre propre vision à ce sujet. L’Unipso a également mis en place un Cluster de l’innovation sociale qui regroupe des chercheurs, des représentants des pouvoirs publics, des porteurs d’innovation sociale et des fédérations d’employeurs. Nous mettons ces différents acteurs en réseau afin de dynamiser l’émergence d’un écosystème favorisant le développement de l’innovation sociale, tout en tenant compte des réalités et préoccupations du terrain. Un prix de l’innovation sociale est également mis en place pour rendre visible le travail effectué dans ce domaine, le soutenir et accompagner les porteurs d’innovation.

La question de la simplification administrative a-t-elle évoluée ?

Nous travaillons depuis plusieurs années sur l’harmonisation de tous les modes de justification, de liquidation et de contrôle des subsides relevant des différents niveaux de pouvoir, mais aussi sur les modes d’évaluation, notamment le rapport d’activités. A ce titre, nous collaborons avec l’administration de l’action sociale et de la santé, pour un processus d’harmonisation des rapports d’activités qui est aujourd’hui quasiment finalisé. Mais il faudrait encore que les autres administrations s’inspirent de cette expérience pour lui emboîter le pas. Nous travaillons aussi sur la banque carrefour d’échange des données et sur le cadastre de l’emploi non-marchand.

Avez-vous d’autres revendications ?

Même si certaines ont déjà été en partie rencontrées, les priorités de notre Mémorandum sont toujours d’actualité. Citons par exemple, au niveau européen, la mise en place d’un lieu de concertation structuré entre la Région wallonne et les politiques européennes, dans lequel serait impliqué des représentants du secteur à profit social. La création d’une telle structure constitue un gros enjeux pour le secteur puisque l’Europe impacte sur beaucoup de décisions prises au niveau de la Wallonie, et qu’il n’existe pas actuellement de lieu de concertation pour faire remonter nos demandes et besoins.

Quelle conclusion globale tirez-vous un an après ?

Globalement, il y a un an, nous craignions le transfert de compétences et aujourd’hui, nous sommes relativement confiants vu la manière dont la nouvelle Agence a été construite. Toutefois, nous savons que le financement futur de ces compétences à 100% n’est pas acquis. Nous restons dès lors attentifs aux choix politiques effectués lors de chaque conclave budgétaire et aux messages qui sont envoyés par les gouvernements lorsqu’ils coupent dans les budgets de l’action sociale, de la santé, de la culture, etc. Nous sommes donc mitigés, mais nous restons optimistes, en espérant que nos priorités soient entendues.

Propos reccueillis par Sandra Evrard

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