Aide à la jeunesse : " On travaille la peur au ventre "
Surcharge de travail, manque de moyens… Le secteur de l’aide à la jeunesse a crié sa colère à Bruxelles en décembre et janvier derniers. Mais ce que les travailleurs craignent le plus, c’est que leur responsabilité pénale soit engagée. Explications.
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Le 17 janvier, le personnel du secteur de l’aide à la jeunesse débrayait. La goutte qui a fait déborder le vase ? Une perquisition policière dans un SAJ de Charleroi, dont le but était vérifier si personnel des services d’aide à la jeunesse et de protection judiciaire a une éventuelle responsabilité en cas d’incident subi ou provoqué par les jeunes qu’ils encadrent. Les travailleurs ont en fait une responsabilité pénale. Autrement dit, un délégué peut être incriminé si le jeune qu’il suit commet un méfait.
Du bricolage
« On n’a pas de filet de protection. La question de notre responsabilité se pose si un jeune est en situation de danger par manque de prise en charge. On peut être accusé d’homicide involontaire », dénonce un délégué qui souhaite garder l’anonymat. Or, la situation actuelle ne leur permet pas de mener à bien leurs dossier. Actuellement, il est en charge de 76 dossiers, alors que la norme maximale est de 55 dossiers. « M’en occuper, cela pourrait être encore possible », explique-t-il , « mais le problème est qu’il n’y aura de toute façon pas assez de place… On doit donc bricoler. On travaille la peur au ventre ». Si des mesures ont été mises en place depuis les grèves, notamment les capacités réservées, qui réservent aux SAJ et SPJ de chaque arrondissement des places dans les services, la question reste cruciale. « Les délégués référents doivent moins ’ vendre’ les jeunes pour qu’ils obtiennent une place dans les services », constate le référent du SPJ, « les choix de prise en charge par les services sont grâce à cette mesure plus objectifs et moins orientés ». Mais il dénonce aussi un effet pervers de cette mesure : « On réfléchit moins en fonction des besoins du jeune et de sa situation qu’en fonction des places »… La situation reste donc assez menaçante. Et aucun perspective concrète ne se profile à l’horizon. Pour la question de responsabilité, un groupe de travail a étudié la création d’un Conseil supérieur de l’aide à la jeunesse. S’il n’aurait pas les compétences pour juger des responsabilités civiles des travailleurs du secteurs, il pourrait au moins favoriser les relations entre le monde judiciaire et l’aide à la jeunesse, d’aucune date de sa création n’est pour l’instant fixée.
Manon Legrand
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