La mise en autonomie des jeunes, l'indépendance à quel prix ?
On trouve, parmi les mesures d’aide aux mineurs en danger, la mise en autonomie des jeunes Í¢gés de 16 ans et plus, également connue sous le nom de « Code 9 ». Si cela leur apporte indépendance et les prépare à l’Í¢ge adulte, cette mesure n’est pas sans risque pour les jeunes.
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Chaque année, entre 400 et 600 jeunes relevant de l’aide à la jeunesse font l’objet d’une mise en autonomie dès l’âge de leurs 16-17 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela signifie qu’ils quittent, généralement à 17 ans, une institution d’hébergement de l’Aide à la jeunesse pour prendre leur autonomie, notamment en trouvant un logement.
La mise en autonomie est octroyée soit via un conseiller du Service de l’Aide à la jeunesse (SAJ), soit via un directeur du Service de la Protection judiciaire (SPJ), selon que la mesure est contrainte ou consentie.
Des risques
Cette étape, nécessaire pour préparer l’avenir du jeune à sa majorité, présente des difficultés. Tant le secteur professionnel que les responsables politiques ont plusieurs fois interrogé la Ministre Evelyne Huytebroeck à ce sujet. La première difficulté est d’ordre financier. Les jeunes mis en autonomie touchent environ 700 euros par mois, soit un petit peu moins que le Revenu d’intégration sociale octroyé par les CPAS aux personnes isolées de plus de 18 ans.
« On imagine aisément les difficultés financières du jeune, une fois le loyer, les différentes factures payées et les frais d’alimentation décomptés. Les parents peuvent évidemment contribuer financièrement mais tout dépend de leurs moyens. Dans les faits, le soutien familial est relativement rare », s’est ainsi inquiété le député Antoine Tanzilli (cdH) le 5 mars dernier au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais c’est aussi le bien-être social et mental de ces jeunes, confrontés très tôt à la solitude et à la débrouille, qui interroge. « Quels sont les encadrements mis en place en vue de le soutenir tant pédagogiquement que psychologiquement ? » se demandait ainsi Christie Morreale (PS) en séance plénière le 18 mars dernier.
Un logement décent, une priorité
Le jeune bénéficie d’un accompagnement pédagogique et social assuré par des services agréés de l’aide à la jeunesse. Des éducateurs l’aide ainsi dans ses démarches administratives, scolaires, etc. Si la question d’une augmentation du montant de l’allocation demeure bloquée, plusieurs aides ont en revanche été dégagées concernant le logement en ce début d’année 2014. La Ministre a mis en place un fonds pour couvrir la garantie locative et les frais liés à l’installation des jeunes. En outre, à Bruxelles (et un peu en Wallonie), un travail de collaboration est mené avec des agences immobilières sociales pour que les mineurs mis en autonomie soient prioritaires dans l’accès aux logements sociaux. Enfin, en vue d’aider le jeune à préparer sa transition vers majorité, un protocole de collaboration entre les Conseillers et Directeurs de l’aide à la jeunesse et les Centres publics d’action sociale a également été finalisé en 2012. Il vise à faciliter les collaborations entre les acteurs de terrain des deux secteurs amenés à prendre en charge une même situation.
Manon Legrand
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