Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Quelles mesures en faveur des tout-petits dans le Décret Code ?

13/11/17
Quelles mesures en faveur des tout-petits dans le Décret Code ?

Le Décret Code de l’Aide à la Jeunesse fait actuellement l’objet d’auditions au Parlement entre députés et professionnels de terrain. Parmi les débats, celui de la prise en charge réelle et efficace des tout-petits. En effet, si l’on a parfois tendance à l’oublier, le Décret Code est d’application pour les 0-3 ans également. Secteur dit, de la petite enfance.

Prévenir vaut mieux que guérir, comme le dit l’adage. En ce qui concerne le secteur de l’Aide à la Jeunesse, le dicton prend tout son sens. Objet de nombreux débats au Parlement ces derniers temps, le Décret Code de l’Aide à la jeunesse proposé par le ministre Rachid Madrane tend à vouloir harmoniser un secteur jugé compliqué, même pour les représentants qui en ont la charge. Pour un secteur composé d’acteurs de terrain excessivement engagés, la question de la Petite Enfance y occupe une place primordiale. Le directeur de l’asbl Notre Abri, Dominique Simon, était entendu à ce sujet.

Une meilleure considération

Pour D. Simon, il est indéniable que le nouveau Décret Code accorde une meilleure place aux tout-petits, comparé à son prédécesseur de 1991. Ainsi, pour D. Simon, « des dispositions du Code sont des avancées réelles. Par exemple, le directeur reçoit l’enfant qui le demande, quel que soit l’âge. Ou encore, le « projet pour l’enfant » est tout à fait intéressant et demandera sans nul doute beaucoup d’attention pour en réaliser la mise en œuvre ». Néanmoins, il souhaiterait que le Décret aille plus loin en termes de prise en charge des bébés notamment, pour qui le langage est non-verbal exclusivement.

De l’importance des besoins

Pour Monsieur Simon, lorsqu’on travaille avec un public si jeune, certaines considérations sont à prendre en compte. En effet, plus que les droits des bambins à faire respecter, ce sont surtout d’une réelle prise en charge de leurs besoins qui est primordiale. Comme le souligne D. Simon, depuis l’avènement des sciences humaines et des neurosciences, « plusieurs études démontrent que le stress du nouveau-né, la maltraitance, la non-réponse à ses besoins laissent des séquelles pour toute la vie. »

Sur le terrain, ces situations se traduisent par plusieurs cas concrets. Par exemple, lorsqu’un parent souffre de psychose et croit que ses besoins sont ceux de son enfant (une maman qui, ayant faim, nourrit son enfant également), les réels besoins du tout-petit sont ignorés, niés, ce qui le plonge dans une réelle détresse, un stress, une confusion… qui laissent des séquelles psychologiques durables dans le développement du cerveau de l’enfant

Comme le précise D. Simon « A l’inverse d’un « jeune » de 8 ans, le tout-petit est dans un stade de développement infra-verbal, qui ne lui permet pas encore de métaboliser par la pensée, de se représenter, de symboliser, pur traverser cette épreuve… il est envahi par des perceptions sensorielles terrifiantes. »

Un projet de vie par tous les acteurs

La subtilité des professionnels de l’Aide à la jeunesse réside dans leur capacité à porter un projet de vie pour un enfant dont les parents n’ont pas su le porter pour lui. Pour D. Simon « Le point de ralliement entre les parents, le mandant et les intervenants de l’AJ ont au moins en commun la volonté et la responsabilité que l’enfant grandisse bien. Et pour cela, il faut que le jeune trouve réponse à ses besoins. Nous postulons que ce Code doit être le garant. La somme des droits – fort bien énoncés dans le Code – devrait garantir que les besoins de cet enfant là trouvent une réponse à travers les dispositifs de l’AJ et que les besoins spécifiques de cet enfant là sont écoutés et pris en compte. »

La place de l’avocat

Également sujet d’interrogation pour Monsieur Simon, celui de la place de l’avocat de l’Aide à la jeunesse. L’article 22 du Livre III stipule en effet que les personnes intéressées (= le bébé) peuvent mandater une personne de leur choix pour le représenter. Ainsi, si son état de santé ne lui permet pas d’être entendu, le bébé peut se faire accompagner d’un avocat ou une personne de son choix. Pas encore doué de parole, comment mesure est applicable pour les bébés ? Pour D. Simon, l’avocat se trouve dans l’impossibilité de représenter la parole du bébé seul et devrait pouvoir s’appuyer sur les informations régulières que lui fournirait une équipe multidisciplinaire en charge du tout-petit. Si ce type d’instance existe déjà, Monsieur Simon préconise cependant de les acter dans le Code, afin de garantir leur légitimité.

Plusieurs compétences en jeu

La complexité de la situation, concernant les tout-petits et leur place dans le Code, résulte aussi du fait que plusieurs ministres sont en charge. Ainsi, en matière d’Aide à la jeunesse, Rachid Madrane tient les rênes. En Petite Enfance cependant, c’est Alda Greoli. En 2016, Rachid Madrane avait obtenu un premier refinancement du secteur à hauteur de 11 millions d’euros, suivi par un second cette année. La ministre Alda Greoli avait sécurisé l’engagement de 2 temps plein pour les structures, ainsi que 2 millions d’euros pour la créations de places en CAU. L’attaché de presse de la ministre a été contacté afin d’avoir plus de détails quant à son implication dans le Code, mais n’a pas encore donné suite à notre demande.

A.S.E

[A lire]

 Un second refinancement pour l’Aide à la Jeunesse



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour