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Comment gérer l'afflux des blessés en cas d'attentat ?

23/03/16
Comment gérer l'afflux des blessés en cas d'attentat ?

Peu après le 13 novembre, Florence Hut, nous expliquait comment gérer les blessés en cas d’attentat. Suite aux événements tragiques de Bruxelles, le Guide Social vous invite à vous replonger dans cet entretien.

Pourquoi un plan MASH pour gérer les blessés en cas d’attentat ?

C’est obligatoire, chaque hôpital belge a son plan MASH (mise en alerte des services hospitaliers) qui encadre, en cas d’attentat, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’hôpital, toute la cascade d’alertes et de rappel de l’organisation . Ce plan est conçu pour les éventuels attentats, mais aussi pour des catastrophes comme celles de Ghislenghien ou du Heysel. Pour les alertes internes, cela concerne les risques d’incendie, d’explosion à l’intérieur de l’hôpital, où il faut prendre toute une série de mesures pour secourir les patients et le personnel. La responsabilité du plan MASH est inscrite dans la loi comme étant sous la responsabilité du médecin chef, qui est chargé de réunir une cellule de coordination.

Quelles sont les premières mesures prises dès l’afflux des blessés dans les hôpitaux ?

En cas d’afflux, la première chose à faire, c’est le tri des blessés selon trois modes d’urgence. Une coordination régionale se met en place, car chaque hôpital est tenu de prendre en charge un certain nombre de patients en cas de problème. En cas d’attentat, ce ne sont pas donc pas Brugmann ou Saint-Pierre qui décident de prendre un tel nombre de blessés mais l’activation du plan et de la cellule de coordination qui le déterminent. Ce n’est pas l’hôpital qui décide ou non de sa participation, c’est une obligation ! Ces plans d’organisation ne datent pas de maintenant. Je suis dans le métier depuis 20 ans et le plan MASH existait déjà.

Quels sont les professionnels qui sont en première ligne en cas d’une catastrophe ?

Ce sont les soignants qui sont mobilisables au premier plan. Il y a bien entendu les urgentistes et les infirmiers, mais l’on rappelle aussi une série de professionnels tels que les médecins hygiénistes, (en cas d’attaque bactériologique), des chirurgiens, des experts en radiations, le radiophysicien. S’il y a beaucoup de brûlés, puisque tous les hôpitaux n’ont pas un département grands brûlés, ce sont alors les hôpitaux spécialisés qui seront davantage mobilisés. S’il y a une explosion dans une école par exemple, ce sera plutôt l’hôpital des enfants qui sera davantage en alerte. Le plan se décline en fonction de la nature de la catastrophe et des victimes. D’autres mesures peuvent être prises, par exemple de faire sortir des patients qui devaient sortir le lendemain et qui ne nécessitent plus de soins.
Tout le pays est-il logé à la même enseigne concernant l’organisation ?
Non, en cas de catastrophe à Bruxelles, prendre en charge les blessés est plus facile, car il y a beaucoup d’hôpitaux. Si cela se passe au fond des Ardennes, ce sera plus compliqué. Les attentats déjoués de Verviers auraient pu poser plus de problèmes, car le gros hôpital le plus proche est celui du CHU de Liège qui n’est pas si proche que cela.

D’après vous, la prise en charge de blessures hors-normes, comme les impacts de balles ou de métaux ou une attaque chimique, est-t-elle possible ?

Le corps médical s’adapte à la réalité, même lorsque les problèmes qui surviennent sont de véritables horreurs. Ce qui est plus spécifiquement lié à ces événements, ce sont les patients qui présentent de grandes hémorragies et nécessitent un besoin de sang important. Pour les attaques chimiques, les personnes qui y échapperaient risquent de présenter toute une série de syndromes d’ordre neurologique, par la suite. On ne peut pas tous les guérir, mais les neurologues peuvent les prendre en charge. Dans ces événements, les plus gros traumatismes sont d’ordre psychologique, et il faut les prendre en charge sur le long terme.

Propos recueillis par Sandra Evrard (novembre 2015)



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