Dossier spécial Réforme APE : "Ce sont surtout les petites ASBL qui vont souffrir"
« L’agonie du non marchand » : c’est ainsi que se nomme le site internet où se trouve une lettre ouverte à destination du gouvernement wallon. La trentaine de structures qui l’ont signée évoque de nombreuses pertes d’emploi liées à la réforme APE portée par le ministre de l’emploi Pierre-Yves Jeholet. De son côté, ce dernier ne veut pas rebrousser chemin.[Un article de monasbl.be]
A entendre les ASBL signataires de la lettre ouverte, les associations sont passager d’un train lancé à toute vitesse nommé « Réforme APE ». La locomotive fonce à toute allure vers un horizon brumeux qui ne laisse présager rien de bon le secteur non-marchand.
Pour Vianney Favier, directeur de l’agence Culture Wapi, les ASBL de taille modeste voyagent dans les wagons de tête. « Ce sont surtout les petites structures qui vont souffrir de cette réforme », explique-t-il. « Sans aides à l’emploi, on ne peut pas envisager de développement. Nous ne devons pas être soumis aux mêmes contraintes des entreprises dont la finalité est de faire du pognon. »
Des subventions « à la tête du client »
A ses yeux, parler de zéro perte d’emploi est « un grand mensonge politique. Il y en aura, nous pourrons déjà tirer des conclusions dans un an », commente-t-il. « Chaque ministre aura le pouvoir de redistribuer à sa sauce les moyens disponibles. Ce sera un système opaque et peut objectif. »
Vianney Favier n’hésite pas à qualifier la manœuvre de clientélisme politique. « Les subventions, ce sera à la tête du client. Je ne dis pas qu’il n’y a jamais eu d’abus avec les APE actuels », nuance-t-il. « Mais on se demande vraiment quelle est la vision envisagée pour le secteur non-marchand. »
Sans APE, « on réduit nos activités de moitié »
Pour le Foyer Culturel de Beloeil, qui dit suppression de l’aide APE dit disparition de la moitié des projets de l’ASBL. « On perdrait de quoi engager un de nos deux animateurs », déplore Charline Vidts, directrice du foyer.
Grâce à la formule de calcul permettant de déterminer la subvention unique attribuée aux employeurs, elle constate une diminution de ses aides « car le calcul prend en compte les engagements en 2016. Or, on a eu l’occasion d’engager en 2018. Ce mi-temps là n’est pas pris en compte », étaye-t-elle. « Mais je ne sais pas comment les ministres redistribueront cet argent. »
Françoise Lesplingart, coordinatrice pédagogique à la Mire Wapi, estime perdre 1 ETP dans la première phase de la réforme, puis entre 10 et 11 pour la seconde phase. « En 2017, nous avons aidé 643 personnes dans leur recherche d’emploi », dit-elle. « Ces pertes vont laisser sur le carreau 220 bénéficiaires. Nous ne pourrons pas continuer notre travail de proximité correctement, car nous ne pourrons plus couvrir toutes les communes de la Wallonie Picardie. »
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