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L'accompagnement des familles contre le radicalisme à Molenbeek

16/06/15
L'accompagnement des familles contre le radicalisme à Molenbeek

Pour notre dossier sur la lutte contre le radicalisme à Molenbeek, nous avons rencontré Olivier Vanderhaegen, fonctionnaire de prévention. Il nous parle du travail de la cellule anti-radicalisation de la commune, dont il s’occupe avec d’autres collaborateurs.

 Lutte contre le radicalisme à Molenbeek
 L’apprentissage quotidien des travailleurs sociaux contre le radicalisme à Molenbeek

Pouvez-vous nous parler de votre mission ?

Notre tâche principale est le suivi des familles. Elles nous contactent souvent pour des jeunes qui sont partis de la Belgique ou qui sont en voie de radicalisation. Quand un jeune est dans le deuxième cas, il nous est encore possible de faire quelque chose, d’essayer de comprendre avec ses proches le contexte familial, scolaire et autre. Dans l’autre cas, cela devient un dossier judiciaire. Nous ne pouvons alors qu’informer la famille sur cette procédure et l’accompagner pour garder contact avec la personne partie.

Qu’envisagez-vous pour un jeune revenu ?

Certains sont revenus, mais nous ne sommes pas encore confrontés à ce genre de situation. Si un jour nous devons nous en occuper, cela se ferait d’abord à l’initiative de la famille, et ensemble nous réfléchirions au logement, à l’insertion professionnelle, à la scolarité du jeune. Comme personne n’a de méthode « clé sur porte » contre la radicalisation, nous apprenons peu à peu. Chaque cas est différent et nécessite des solutions appropriées. Nous distinguons deux profils. Celui du jeune défavorisé, ayant abandonné l’école, victime de discrimination, tombé dans la délinquance, et qui à un moment trouve une identité positive dans la religion et se radicalise. Et celui de jeune diplômé, inséré en société, qui décide aussi de partir.

Et dans tout cela les histoires de chacun...

Bien entendu, chaque jeune a un parcours qui lui est propre. En général, nous constatons que dans la plupart des familles où le jeune a décidé de partir, il y a eu une rupture. Cela peut être un décès, un divorce des parents... Il est assez rare qu’un seul problème explique les motifs de la radicalisation. Nous en avons remarqué trois phrases : la jeune rompt avec son tissu associatif, ensuite il ne fréquente plus l’espace public, les endroits où se rassemblent les copains, et enfin il tend à s’isoler, est de moins en moins proche de la famille, il discute sur internet à des recruteurs ou les rencontre à l’extérieur.

Combien de familles suivez-vous ?

Actuellement, quinze familles. Quinze histoires différentes. Quand un parent vient nous signaler que son enfant est en voie de radicalisation, nous conseillons une première chose : n’essayez pas de lui dire que ce qu’il croit est faux, cela ne fonctionnera pas. On lui a mis dans la tête que ce qu’il croit est la vérité, et il estime que tous ceux qui vont essayer de le contredire sont dans l’erreur, cela va renforcer sa certitude.

Si vous conseillez à un parent de ne pas avoir un contre-discours avec son enfant, que lui conseillez-vous de dire ?

De savoir ce qui s’est passé pour tisser à nouveau les liens. Durant ces conversations, nous travaillons avec quelques psychologues et nous essayons de comprendre, dans le parcours de l’enfant, là où il y a eu une rupture.

Convoquez-vous le jeune ?

C’est assez rare. Si par exemple les parents disent à son enfant qu’ils sont venus nous trouver pour l’aider, il est clair qu’il va se sentir trahi. Il y a risque alors de rupture totale avec la famille.

Avez-vous empêché certains départs ?

Comme nous travaillons avec ce que les familles nous disent et leurs craintes, il arrive que le jeune ne soit pas forcément lié à un phénomène de radicalisation, plutôt à une crise d’adolescence, d’identité... Nous avons toutefois empêché certains départs grâce aux liens familiaux. Il arrive que nous travaillions avec des parents qui ne souhaitent pas donner leur nom. Si un jeune est parti, nous informons ses proches sur ce qu’ils peuvent faire, dont un signalement, par eux ou nous aux autorités policières qui transmettent ensuite aux aéroports.

Que prévoyez-vous comme alternative à la prison au retour du jeune ?

Certains jeunes qui reviennent ne sont pas des radicaux. Si on les met en prison, il est clair qu’ils vont se radicaliser là-bas. Aux niveaux préventif et curatif, nous devrions aller voir ce qui se fait ailleurs. Nous allons par exemple observer les solutions aux Pays-Bas qui ont une forte longueur d’avance sur la Belgique. Nous comptons aussi voir au Danemark les programmes intensifs de réinsertion sociale.

Skan Triki



Commentaires - 1 message
  • Bonjour, Pourriez-vous me transmettre le mail de Monsieur Olivier Vanderhaegen svp ? Merci à vous !

    Prevent samedi 28 novembre 2015 08:45

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