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La santé n'a pas de prix… Et pourtant…

24/04/17
La santé n'a pas de prix... Et pourtant...

On dit que la santé n’a pas de prix. Pourtant, parler d’argent avec la personne qui soigne est un des gros tabous, à l’heure actuelle. Les MC et Altéo ont mené une enquête sur la question du financement entre le patient et son soignant. Un article de Joëlle Delvaux.

Est-ce parce que la santé n’a pas de prix que nous éprouvons tant de difficultés à aborder le coût d’une consultation, d’une hospitalisation ou d’un traitement avec les soignants que nous consultons ? Pourtant, parler d’argent évite de s’inquiéter ou d’être désagréablement surpris. Cela permet aussi de prendre ses précautions et, au besoin, de demander conseil à sa mutualité.

Plus de quatre patients sur cinq ont une idée assez précise de ce qu’ils payeront lors de la consultation chez leur médecin généraliste. C’est une des bonnes nouvelles qui ressortent de la vaste enquête que la MC et son partenaire Altéo (mouvement social de personnes malades, valides et handicapées) ont menée récemment afin d’examiner comment les questions financières sont abordées par le patient et son prestataire. Plus de 5.530 membres ont répondu à un questionnaire en ligne. Preuve de l’intérêt que suscite ce sujet.

Le conventionnement connu, mais…

Autre aspect positif à relever des résultats de l’enquête : la plupart des répondants savent ce qu’est le conventionnement. "Cependant, parmi eux, à peine 55 % savent si leur médecin généraliste est conventionné ou pas, remarque Jean Hermesse, secrétaire général de la MC. Et lorsqu’ils abordent des questions financières avec lui, près de 60 % évoquent ce que pourrait coûter une consultation, un examen ou un traitement auprès d’un autre prestataire de soins. Et seulement 40 % abordent le prix de la consultation du généraliste lui-même".

Concernant les autres prestataires de soins, les affirmations sont très contrastées selon les spécialités. Ainsi, 87 % des patients disent avoir une idée du tarif de la consultation chez leur ostéopathe. Ils sont 75 % à savoir généralement ce qu’ils paieront chez le psychiatre, 68 % chez le logopède et 64 % chez le kinésithérapeute. À l’autre bout de l’échelle, seulement 33 % des patients ont une idée de ce que le dentiste ou leur médecin ORL leur demandera comme prix à l’issue de la consultation. Les pourcentages sont de 34 % chez l’orthopédiste et de 40 % chez le dermatologue.

"La grande majorité des patients ne savent généralement pas si les médecins spécialistes consultés appliquent ou non les tarifs de la convention, observe Hervé Avalosse, chargé d’études à la MC. La plupart du temps, les suppléments à payer chez un prestataire non conventionné ne sont pas non plus connus du patient. Ils peuvent pourtant faire grimper la somme à débourser".

Entre malaise et confiance

Spontanément, les patients abordent peu les questions d’argent lorsqu’ils sont en consultation. De même, les soignants prennent peu l’initiative d’informer leur patient sur leurs honoraires ou sur le coût d’un examen, d’un traitement. En fait, derrière cette tendance générale, se dégagent de grandes différences entre les spécialités. Ainsi, c’est avec les oncologues, neurologues, cardiologues, rhumatologues, pneumologues, ORL ou orthopédistes que les aspects financiers semblent le moins souvent abordés. Chez le dentiste, la moitié des patients disent n’être informés qu’au moment de payer, et plus d’un quart déclarent ne l’être à aucun moment. Les satisfactions les plus élevées des répondants en matière d’information, on les trouve du côté des ostéopathes, logopèdes, kinésithérapeutes et psychiatres.

"Sans doute la régularité des consultations et des soins joue-t-elle ici en faveur de ces prestataires, avance Jean Hermesse. On a quand même l’impression qu’au plus le problème de santé est grave, au moins on parle d’argent avec son médecin. Et c’est bien compréhensible, cette difficulté est si prégnante, si inquiétante qu’elle a tendance à prendre toute la place lors des discussions".

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